Qui est Papa Wemba de son vrai nom Shungu Wembadio Pene Kikumba ?

Santé & Culture

Dans les années 1950, la célèbre rumba congolaise dominait le continent. Un demi-siècle plus tard, elle n’a rien perdu de sa jeunesse, même si elle a subi entre-temps de nombreux et radicaux liftings. Parmi ses chirurgiens les plus inspirés, Papa Wemba. L’homme a tout ce qu’on aime chez les Congolais : vivacité, humour, intelligence, talent. Et Kinshasa est un temple de l’intelligence, où la langue française est la plus imagée du monde francophone.

C’est au sud du Congo (Zaïre de 1971 à 1997, puis République démocratique du Congo), dans la région du fleuve Kasaï, que naît Papa Wemba en 1949. De son vrai nom Shungu Wembadio Pene Kikumba, l’enfant est nommé Papa parce qu’il est le fils aîné de sa mère. Alors que Papa est encore un bébé, la famille s’installe à Léopoldville, capitale du pays, alors colonie belge.
Son père, ancien soldat qui a combattu dans l’armée belge pendant la seconde Guerre mondiale, est devenu chasseur et part souvent en forêt. Sa mère est pleureuse professionnelle, élément traditionnel essentiel de toutes soirées funéraires ou veillées mortuaires. En entraînant régulièrement son fils avec elle, elle l’initie à la musique et au chant, ce qui très tôt passionne l’enfant. Néanmoins, son père est totalement opposé à ce que son fils devienne musicien et rêve pour lui, d’une carrière de journaliste ou d’avocat.

Jules Presley
En 1966, disparaît le père de Papa. Le jeune homme ne perd alors pas une minute pour enfin assouvir ses ambitions musicales. Il devient chantre de sa paroisse à l’église St Joseph et se forge une voix très haute, qui sera une des caractéristiques de son style. A la fin des années 60, il joue et chante avec différents groupes de la capitale, devenue Kinshasa depuis l’indépendance en 1960. Comme tous les jeunes d’alors, Papa Wemba est profondément inspiré par la chanson anglo-saxonne et se fait appeler alors Jules Presley.
C’est en 1969, qu’il participe à la naissance d’un des principaux groupes zaïrois des années 70, Zaïko Langa Langa. La formation devient très vite la figure de proue d’une génération de jeunes zaïrois qui trouve la rumba traditionnelle un peu trop lente et un peu désuète. Depuis les années 50, toute l’Afrique danse sur cette rumba afro-cubaine popularisée par Joseph Kabasele, star de l’époque, puis par Franco dans les années 60. Mais avec l’arrivée du rock, les rythmes se sont accélérés. Zaïko Langa Langa cherche alors à dynamiter la rumba nonchalante en vogue. Ils remplacent les instruments à vent par une batterie, et électrisent une musique qui avait besoin de renouvellement. Le succès est immédiat. Très vite, Papa Wemba devient une vedette et domine son groupe.
En 1975, fort d’une notoriété déjà solide, Papa Wemba quitte Zaïko et monte son propre ensemble, plus folklorique, Isifi Lokolé. Isifi est l’abréviation de Institut de Savoir Idéologique pour la Formation des Idoles et Lokolé est le nom de percussions de la région du Kasaï. L’année suivante, ce groupe est remplacé par un nouveau, Yoka Lokolé, mais dont la durée de vie est aussi éphémère.

Viva la Musica
Papa Wemba crée enfin en 1977 Viva la Musica, groupe d’une quinzaine de musiciens, qui après de multiples transformations, existe toujours vingt ans plus tard. A ce moment-là, le jeune homme est une star dans tout le Zaïre et au- delà des fleuves qui encerclent le pays. Son impact dépasse de loin le cadre de la musique. Dans les faubourgs de Kinshasa, étendu sur toute une parcelle d’habitation, le chanteur recrée un village, « Le Village de Molokaï » dont il s’intronise chef coutumier. Au sein du « village », il impose une vraie mode dont l’élément central est le béret. On doit parler d’une certaine façon, marcher d’une certaine façon. C’est une ville dans la ville avec ses propres codes et ses propres règles.
Vers 1979, il chante quelques mois dans l’orchestre Afrisa International de Tabu Ley, autre star zaïroise, avec laquelle Papa Wemba a déjà travaillé à la fin des années 60. Puis en 1980, il fait le tour de l’Afrique avec son tube « Analengo » qui se vend à 60.000 exemplaires.
Au début des années 80, Papa Wemba vient de plus en plus souvent en France où la communauté zaïroise est très importante. En dépit de nombreux studios d’enregistrement à Kinshasa, les moyens et la qualité du matériel sont, en Europe, infiniment supérieurs. C’est donc pour ces raisons qu’en 82, son producteur l’envoie en France. Mais au bout de plusieurs mois d’absence chez lui, des rumeurs commencent à circuler sur un éventuel assassinat. Véritable prophète en son pays, presqu’un mythe, Papa Wemba est reçu comme un chef d’état lorsqu’enfin, il rentre.
Dès ces années-là, les producteurs européens s’intéressent au cas Papa Wemba, fort prometteur dans des pays où la musique africaine commence petit à petit à exploser. Dépendant d’un contrat exclusif avec le label Visa 80 de Luambo Makiadi, alias Franco, il faut attendre quelques temps avant que le Zaïrois collabore avec les européens.

La Sape
Mais en Europe, Papa Wemba n’est pas qu’un chanteur. C’est aussi le prince, le « pape » de la SAPE, la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes. Né au Congo à la fin des années 70, ce mouvement prend toute son ampleur au Zaïre, mais surtout auprès de la diaspora zaïro-congolaise à l’étranger et en particulier en France. La SAPE est un phénomène d’abord vestimentaire fondé sur une élégance flamboyante et exagérée.
Fou de fringues, Papa Wemba est à la pointe de la mode et les grands couturiers européens et japonais n’ont pas de secret pour le chanteur. Les jeunes hommes s’empressent de se transformer en coquets dandys, et de suivre très précisément les codes particuliers de la SAPE, du choix de leurs chaussures à celui de la coupe de cheveux. Forme de rebellion anti-pauvreté et anti-déprime, la SAPE est aussi une façon de lutter contre la dictature de l’abacost, version locale du costume trois-pièces, et uniforme quasi officiel des hommes sous le régime de Mobutu.
En 1983, Papa Wemba enregistre un album avec le musicien français Hector Zazou. Les deux artistes mettent en commun leurs cultures et l’album « Malimba » est un exemple précoce de fusion entre rumba africaine et sons synthétiques. Ce principe est en pleine voie d’épanouissement à cette époque, et de nombreux artistes africains se lancent les uns après les autres dans ce mélange culturellement riche et commercialement prolifique que l’on nomme de plus en plus la world music.
Si les allers et retours se multiplient entre le Zaïre et la France, Papa Wemba ne néglige pas les longues tournées africaines comme celle qu’il entreprend en avril 83 dans tout l’est du pays jusqu’au Rwanda et au Burundi. A ce moment-là de sa carrière, Papa Wemba a déjà enregistré une soixantaine de 45 tours et plusieurs albums. Travailleur infatigable, il est un des piliers de la musique africaine en qualité et en notoriété. C’est donc un tournant essentiel pour lui que de se lancer à l’assaut de l’Europe et du monde occidental.

Soukouss New Wave
Dès la fin 83, il retourne en Europe et y reste huit mois. Son groupe Viva la Musica reste au Zaïre, repris en main par son épouse Amazone. Dans un pays en crise, ses musiciens continuent les concerts, mais le matériel est aussi peu renouvelé que les salaires des artistes.
A son retour en juillet 84, Papa Wemba est de nouveau attendu impatiemment par la population et par son entourage. Il reprend immédiatement les tournées et les concerts avec le groupe, et plusieurs fois par semaine enflamme les clubs de Kinshasa avec son « soukouss-new wave ». L’euphorie que véhicule Papa Wemba et sa musique est un véritable remède anti-crise pour une jeunesse en difficulté. Cependant, le chanteur se refusera toujours à jouer un rôle politique à travers ses chansons même s’il le fait malgré lui.
Mais le phénomène cette année-là, c’est la nuée de touristes japonais qui débarque à Kinshasa et qui s’emballe immédiatement pour la rumba, le soukouss et pour ces artistes qui s’habillent en Yamamoto, célèbre couturier nippon. C’est le démarrage pour Papa Wemba d’une brillante carrière japonaise.
L’œil rivé sur l’Europe, Papa Wemba finit par s’y installer en 1986. L’Afrique est à la mode, les « sapeurs » envahissent la capitale, et le chanteur zaïrois s’impose très vite comme une star de la world music.
En 1987, Papa Wemba devient comédien. Il tient le rôle principal dans le film franco-zaïrois « la Vie est belle » dont il compose également la bande orginale.
Après deux albums entre 86 et 88, « Siku Ya Mungu » et « L’Esclave », Papa Wemba sort en 1988 un album entièrement produit en France par Martin Meissonier (King Sunny Adé, Ray Lema). Sélection de tubes rumba-rock made in Kinshasa et mariés subtilement à des sonorités digitales, le disque séduit largement un public de profanes. On y entend son groupe, Viva La Musica, fort remanié depuis dix ans d’existence.
C’est du haut de sa voix perchée et légèrement éraillée, que Papa Wemba entame une tournée internationale du Japon aux Etats-Unis, en passant par l’Europe par le biais de nombreux festivals. Le 9 décembre, c’est à la Cigale à Paris qu’il termine une partie de sa tournée en organisant un concours de SAPE en première partie de son concert.

Le voyageur
Début 89, il sillonne les Etats-Unis de part en part avec la revue africaine « Africa Oyé ». Puis entre le printemps et l’été, il est présent sur de nombreuses scènes de festival, dont celle du Printemps de Bourges en avril. Du 10 au 12 février 90, il s’installe trois jours au Théâtre de la Ville à Paris, puis il termine l’année 90 à Brazzaville, capitale du Congo, où est organisé pour lui une soirée de gala.
Retour au pays du Soleil Levant dans les premiers mois de 1991, mais cette fois, pour enregistrer un album produit par un japonais. Papa Wemba revient d’Asie avec en fait deux disques en poche, « le Voyageur » qui réunit de nouvelles versions de titres vieux de 10 à 15 ans, et d’un album live. La promotion du nouvel album, « le Voyageur » le mène une nouvelle fois à travers le monde à commencer par l’Afrique à partir de juin. La tournée s’achève l’année suivante par l’Europe.
En 93, il passe beaucoup de temps avec l’Anglais Peter Gabriel, musicien et créateur du fameux label de world music, Realworld. Déjà, « Le Voyageur » était sorti sur ce label, mais les deux hommes projettent de travailler sur un nouvel album ensemble. En attendant, Peter Gabriel propose à Papa Wemba d’assurer ses premières parties, lors d’une tournée américaine et européenne. Si l’Africain a déjà de nombreuses fois joué dans ces pays, l’Anglais lui donne cette fois, l’occasion de jouer devant des salles de plusieurs milliers de spectateurs, voire dans des stades. En France, c’est dans l’immense salle parisienne de Bercy (16.000 places) que les deux artistes se produisent en novembre.
Après un retour à la rumba et au soukouss sur l’album « For Idoles », destiné à son public de fans africains, Papa Wemba s’installe quelques temps dans les studios de Peter Gabriel en Angleterre, à Bath, pour enregistrer l’album, « Emotion »‘. L’album sort en France en 95 et les visées commerciales sont très nettement occidentales. Papa Wemba s’est entouré pour l’occasion de son compatriote chanteur et musicien Lokua Kanza pour mettre en valeur son timbre de voix particulier; du Français spécialiste de musique africaine et magicien des claviers Jean-Philippe Rykiel et du producteur anglais Stephen Hague (Pet Shop Boys, New Order). Le succès est énorme en Europe, en particulier grâce à la reprise du tube « Fa Fa Fa Fa (sad song) » de l’idole de Papa Wemba depuis toujours, Otis Redding.

Koffi
A partir du 20 mai, retour sur scène à la Cigale, point de départ d’une tournée française. En septembre, il reçoit avec le Sénégalais Youssou N’dour le premier Trophée de la Musique africaine en tant que meilleur artiste. Puis, à la fin de l’année, Papa Wemba renoue avec son groupe légendaire Viva la Musica pour un nouvel album « Pôle Position » qui sort début 96. Depuis ces dernières années de tournées internationales, Papa Wemba était entouré d’un autre groupe beaucoup plus métissé et aux expériences musicalement plus variées. Mais, il choisit désormais de renouer avec son public africain. A la fin de l’année, il sort l’album « Wake up » en duo avec une autre star du soukouss, Koffi Olomidé. Enorme coup musical et commercial, l’album est un événement jusqu’en Europe.
Il retrouve Dakar et Youssou N’Dour dès les premiers jours de janvier 97 pour un duo enregistré dans les studios du sénégalais, Xipii. En effet, le CICR (Comité International de la Croix Rouge) a commandé aux deux hommes un titre créé au profit de l’organisation.
En août, nouvel acte purement zaïrois pour Papa Wemba et Viva la Musica avec « Nouvelle écriture », produit par Maïka Munan. L’album porte bien son nom puisqu’au soukouss, le musicien injecte une dose de rap (« Saï Saï »), de salsa (« Jeancy ») et de funk (« Ba Diamants »).
Le 9 octobre 97 à la Cigale (Paris), il remonte sur scène au profit de la Croix-Rouge. Les bénéfices du spectacle doivent financer des projets sur le continent africain et en particulier, les programmes de lutte contre les mines antipersonnel. Ce concert marque également le lancement de la campagne « So-Why » destinée à encourager la tolérance interethnique. Cette campagne se traduit entre autres par la parution du disque enregistré par Papa Wemba et Youssou N’dour quelques mois plus tôt.

Dernier enregistrement chez Realworld
« Molokaï », qui sort en juin 98, est le troisième album de Papa Wemba sur le label Realworld. L’artiste a bien compris que les goûts musicaux des occidentaux différaient de ceux des Africains. La production, laissée à John Leckie, est donc différente. On retrouve sur cet album des chansons anciennes, datant parfois d’une vingtaine d’années, mais rendues intemporelles par la voix si particulière de l’artiste qui applique ici la technique de chant que lui a apprise sa mère. Très autobiographique, « Molokai » (qui est aussi le nom de son groupe), est un bilan de sa carrière déjà longue.
En 99, Papa Wemba voit deux de ses titres (« Maria Valencia », « Le Voyageur ») choisis par le réalisateur italien Bernardo Bertolucci pour illustrer son dernier film, « Paradiso e inferno ». Il apparaît aussi sur l’album du collectif de Passi, Bisso Na Bisso.
Son contrat avec Realworld ayant pris fin, Papa Wemba est désormais libre de faire les choix artistiques qu’il veut. C’est ainsi qu’en cette année 99, sort l’album « M’zée fulangenge » (« le sage qui souffle le bonheur ») chez Musisoft. Ce disque est un savant mélange de soukouss évidemment, version pistes de danse et d’autres genres comme le zouk (« Martina B. »), la salsa (Tito Puente est un des invités du CD), etc. Papa Wemba s’essaie avec « Nzé » à un nouveau type de production qui permettrait d’allier le goût des Africains à celui des Occidentaux.

Trente ans de carrière
L’année suivante est essentiellement consacrée à une série de concerts qui le mènent dans toutes les régions du monde. Juste avant d’enregistrer un nouvel album : « Bakala Dia Kuba » (« Un homme averti ») qui sort en décembre 2001. Alors qu’il fête ses trente ans de carrière, Papa Wemba concocte un album entre soukouss et musique latino, rumba congolaise et soul avec deux invités de marque que sont ses compatriotes Lokua Kanza et Ray Lema. Le disque est mis sur le marché français alors que l’artiste prépare un grand concert le 31 décembre au Palais Omnisports de Bercy à Paris. Il sera suivi d’un autre grand concert devant 12.000 personnes au stade des Martyrs de Kinshasa en juillet 2002.

La chute du Rossignol du Kasaï
Papa Wemba entreprend une grande tournée africaine à la fin de l’année 2002 qui s’achève au Gabon en janvier 2003. Un concert était prévu à Paris le 8 février au Zénith de Paris avec son compatriote Koffi Olomidé mais sera finalement annulé.
Le 17 février, Papa Wemba est interpellé à son domicile dans la banlieue parisienne par la police dans le cadre d’une enquête concernant son rôle présumé dans une filière d’immigration clandestine entre son pays, la RDC, et la France et la Belgique.
La police de l’air et des frontières avait constaté en décembre 2001 que pour son grand concert de Bercy, 200 personnes s’étaient présentées à Roissy prétendant faire partie de ses musiciens et bénéficiant ainsi des facilités de visas accordées aux musiciens participant à des tournées internationales. Depuis lors, la police enquêtait sur les activités parallèles de Papa Wemba.
Après trois mois et demi de détention, le chanteur est enfin libéré. De son aveu même, son expérience carcérale a transformé sa conception de la vie, s’attachant ainsi beaucoup plus à la spiritualité. Dans le nouvel opus intitulé « Somo trop » qu’il sort en octobre, Papa Wemba raconte d’ailleurs dans la chanson « Numéro d’écrou » comment « Dieu est venu (lui) rendre visite » dans sa cellule.
Le Papa Wemba nouveau est donc lancé. Il en profite pour renouer avec ses fans puisque le 25 octobre il se produit sur la scène du Zénith à Paris avec l’orchestre Tendance.

Juin 2004, Papa Wemba foule de nouveau le sol de Kinshasa après un an et demi d’absence. Le chanteur en a profité pour remercier la population congolaise pour son soutien durant ses problèmes judiciaires, en donnant 5 concerts à travers le pays.
« Vieux Bokul », comme l’appellent parfois ses compatriotes, enregistre un duo avec le chanteur de r’n’b, Français d’origine congolaise, Singuila, sur la compilation « Dis l’heure 2 afro zouk » qui sort en juin 2005. Le mois suivant, il participe au Fespam à Brazzaville avant de donner au Trianon à Paris un concert intitulé « Papa Wemba intime ». Cette idée fonctionne si bien qu’il la développe en se produisant sous une forme totalement acoustique le 15 février 2006 au New Morning. L’enregistrement donne lieu à un album live qui porte le nom de la salle parisienne dans laquelle s’est déroulée cette soirée spéciale

En studio, il termine aussi « Nkunzi Nlele ». Paru en décembre 2006, ce disque passe relativement inaperçu mais le chanteur se remet aussitôt à la tache. Accompagné par Viva la Musica, dont les effectifs ont été remaniés en profondeur, il enregistre à Kinshasa des titres pour un prochain album qu’il part mixer à Paris. Il se produit aussi sur scène en Angola, en Tanzanie ou en Tunisie. Entre temps, le roi de la rumba est nommé ambassadeur de la lutte contre les mines anti-personnel, une cause qu’il avait commencé à défendre dix ans plus tôt.

2008 : « Kaka Yo »
Papa Wemba sort au printemps 2008, « Kaka Yo » avec Viva la musica. Il a regroupé autour de lui une quinzaine de jeunes artistes à qui il donne leur chance en les invitant à chanter sur cet opus collectif, rajeunissant par là même, les effectifs de Viva la Musica.
La jeune génération est aussi mise en avant sur l’album « Notre père », commercialisé en 2010, puisque la chanteuse congolaise Nathalie Makoma et la rappeuse ivoirienne Nash ont été invitées, tout comme la Française Ophélie Winter. Papa Wemba s’inspire aussi des anciens comme Leon Bukasa et Franco sur ce disque destiné d’abord au marché local sur le plan musical.
En parallèle, il choisit d’enregistrer un autre disque qui cible davantage son public international, mais la parution de ce second volet intitulé « Notre Père World » ou « Wembadio », auquel ont participé notamment le chanteur guinéen Sekouba Bambino et le guitariste Simon Diaz, est sans cesse repoussée.
Il faut dire que les projets se télescopent, car en 2011 le chanteur, passé en mai par le festival Mawazine au Maroc, se fait entendre sur un mini-album baptisé « Trait d’union », réalisé en toute discrétion, tandis qu’il donne une série de concerts dans son pays en compagnie de Nathalie Makoma et Nash, ou alors revient au mode acoustique qu’il affectionne particulièrement.
Lors de la visite du pape au Bénin en novembre, il est invité à jouer à Cotonou et termine l’année par des concerts au Togo et en Guinée équatoriale, avant de se rendre en 2012 au Gabon puis en Côte d’Ivoire. Peu de temps après avoir célébré les 35 ans de son groupe Viva la Musica à Kinshasa, il réagit aux troubles que connait l’est de son pays avec la chanson « Mode d’emploi », qui dit « non à la balkanisation du Congo ». Et lorsque l’Union africaine fête ses 50 ans quelques mois plus tard, Papa Wemba prend part aux célébrations avec un concert à Addis-Abeba. L’année 2013 s’achève par un live au stade de Niamey, au Niger.

2014 : « Maître d’école »
En juin 2014, sort le double album « Maître d’école » pour lequel le chanteur sexagénaire explique avoir voulu endosser le costume de défenseur de la rumba, conviant pour des duos sa compatriote Barbara Kanam, la Malienne Nana Kouyaté ou encore JB Mpiana, valeur sûre de la scène congolaise.
Septembre 2014