Guinée : Un comité de normalisation pour y recadrer le foot

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La Fédération internationale de football (FIFA) a ordonné le 29 novembre la mise en place d’un Comité de normalisation (Conor) à la Fédération guinéenne (Féguifoot) jusqu’en juin 2022, pour remettre de l’ordre dans le foot guinéen. Ses défis seront de conduire la Féguifoot vers de nouvelles élections, d’accompagner l’équipe nationale masculine à la Coupe d’Afrique des nations au Cameroun et d’aider à l’avancée des préparatifs pour la CAN 2025 à domicile.

La Fédération guinéenne de football (Féguifoot ou FGF) connaîtra-t-elle enfin une vraie longue période de calme ? La Fédération internationale de football (FIFA) a décidé d’y mettre en place un Comité de normalisation (Conor), cinq ans après avoir déjà eu recours à cet outil en Guinée.

En février 2017, Antonio Souaré avait pourtant été élu président de la Féguifoot, suite aux travaux du Conor de 2016. Il succédait ainsi à Aboubacar Bruno Bangoura (2003-2011) et à Salifou Camara dit « Super V » (2000-2001, puis 2011-2016), deux présidents aux mandats également agités. Mais, après une période de relative accalmie en 2017 et 2018, les tensions ont refait surface à la FGF. Après la Coupe d’Afrique des nations 2019, le premier vice-président Amadou Diaby avait en effet été écarté suite à des allégations de racket au sein de l’équipe nationale A, avant d’être rétabli suite à une procédure au Tribunal arbitral du sport. L’homme d’affaires a depuis pris ses distances avec la Féguifoot. Quant à Antonio Souaré, en avril dernier, il a finalement renoncé à briguer un second mandat, afin de ramener un semblant de calme dans la maison.

Le premier a donc officiellement pris fin en mars 2021. Depuis, les tensions sont toutefois restées vives dans le monde du ballon rond guinéen. En cause, la guerre que se livre les prétendants à la succession d’Antonio Souaré. En mai 2021, la FIFA a empêché de justesse la tenue d’une Assemblée générale élective. Elle a invoqué des dysfonctionnements dans le processus électoral. En juin 2021, une mission conjointe avec la Confédération africaine de football (CAF) est venue constater l’ampleur du problème à Conakry.

Plusieurs dossiers chauds, dont la CAN 2021 au Cameroun

Après cinq mois d’attente, la FIFA a donc opté pour un nouveau Comité de normalisation. Sa mission est censée s’achever au 30 juin 2022. Il compte quatre membres, dont Mariama Diallo Sy (présidente) et Sega Diallo (vice-président). Sa principale tâche sera bien sûr de « s’assurer que la FGF puisse organiser des élections justes et transparentes ainsi que de regagner la confiance de toutes les parties prenantes du football guinéen » (FIFA).

Mais les membres du Conor ont d’autres dossiers chauds sur la table. Ils doivent notamment tenter de régler le « dossier Didier Six ». Le désormais ex-sélectionneur du Sily National et la Féguifoot doivent encore se mettre d’accord sur les conditions financières de départ du Français, écarté faute de résultats durant les qualifications pour la Coupe du monde 2022. Sa mise à l’écart anticipée risque de coûter cher à la Guinée.

En parallèle, le Conor devra trancher sur le sort du successeur de Six. L’ex-attaquant Kaba Diawara, qui a dirigé le Sily en novembre, poursuivra-t-il son intérim durant la prochaine Coupe d’Afrique des nations (9 janvier-6 février au Cameroun) avec un staff renforcé ? Ou un nouvel entraîneur sera-t-il nommé à quelques semaines d’une CAN 2021 durant laquelle les Guinéens affronteront les Sénégalais, les Zimbabwéens et les Malawiens (groupe B).

Rester attentif aux préparatifs de la CAN 2025

Sur le plus long terme, le Conor devra garder un œil sur les préparatifs de la Coupe d’Afrique des nations attribuée à la Guinée en août 2014. Celle-ci devait y avoir lieu en 2023. Mais elle a été repoussée à 2025.

Le Comité d’organisation (COCAN) de la CAN 2025 étudie actuellement les résultats d’un appel d’offre pour la construction des différents stades de compétition et d’entraînement. Pour l’heure, la Guinée compte une seule enceinte aux normes internationales : le Stade du Général Lansana Conté de Nongo. Le mythique Stade du 28-Septembre, lui, doit être réhabilité. Les stades de Boké, Kankan, Kindia, Labé et N’zérékoré ne sont pas encore là.

Or, il reste trois ans et demi à la Guinée pour être prête à accueillir une phase finale à 24 équipes. Peut-être même moins de temps si le Cocan et la CAF s’accordent pour avancer le tournoi à janvier-février 2025, afin d’éviter la saison des pluies qui prévaut généralement en juin-juillet… Le Conor pourra difficilement se montrer aussi discret que ne l’a été la Féguifoot sur ce sujet hautement important.

RFI