Bénin : Un coiffeur de 22 ans écope de 30 ans de prison pour viol sur une fillette de 3 ans

Société
( Le père de la fillette de trois ans est l’oncle du violeur ; « La petite a subi une pénétration annale avec une violence effroyable et en gardera les séquelles tout le long de sa vie »)
Une nouvelle condamnation pour viol sur mineure  à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Coiffeur de profession et âgé aujourd’hui de 22 ans, Parfait Honfo, aîné d’une fratrie de onze enfants,  été écopé ce mercredi 14 février, de  30 ans de réclusion criminelle pour viol sur une fillette de trois ans au moment des faits en mai 2020 à Sô Ava.

Parfait Honfo, coiffeur de profession et âgé aujourd’hui de 22 ans, a été condamné par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), statuant en matière criminelle et en premier ressort, sur des infractions commises à raison du sexe des personnes et protection de la femme.

Accusé du 8e dossier de la première session criminelle au titre de l’année judiciaire 2023-2024 de la Criet, Parfait Honfo n’a pas reconnu sa tentative d’abus sexuel sur une fillette de trois ans au moment des faits en 2020 dans la commune de Sô Ava.

L’inculpé a rejeté en bloc les faits mis à sa charge. Pourtant, il avait reconnu ces mêmes faits, depuis le début de la procédure pénale. Parfait Honfo avait, en effet,  avoué avoir commis l’infraction qu’on lui reproche, d’abord devant l’Officier de policier judiciaire (Opj) lors de sa garde à vue ; ensuite devant le procureur de la République puis le juge des libertés et de la détention (Jld) du tribunal de première instance d’Abomey-Calavi.

A toutes ces étapes, rapporte La Nation, Parfait Honfo avait raconté les faits avec détail et euphémisme. L’accusé avait dit que la fillette dont le père est de la même collectivité que lui, passait au moment où il faisait sa lessive. Il l’a tenue par ses bras et a voulu la violer quand la petite s’est mise à crier. Les cris de la fillette l’ont amené à la laisser.

Mais à la barre mercredi, Parfait Honfo a remis en cause toute cette déclaration qu’il a soutenue durant l’enquête préliminaire jusqu’à l’interrogatoire de première comparution devant le juge. Il dit n’avoir jamais vu la fillette ce jour du crime jusqu’à ce que le père de la petite ne débarque chez lui avec elle pour l’accuser de tentative de viol.

Parfait Honfo déclare à la cour, avoir avoué les faits au début de la procédure sous contrainte et pour faire plaisir à son oncle, le père de la fille, qui lui a promis de tout laisser tomber et de retirer sa plainte s’il les reconnaissait.

Cette version de l’inculpé n’a pas trop convaincu la cour. Car, ne voyant pas se tenir la promesse de retrait de plainte, l’accusé n’avait plus intérêt à avouer ce qu’il n’a pas fait aux autres étapes de la procédure notamment devant le Jld qui a confirmé son mandat de dépôt si tant est qu’il ne se reprochait rien. Il est resté constant dans son récit à tous les niveaux avant de se rétracter devant le juge d’instruction qui l’a interrogé au fond, après quatre mois en prison.

Passe d’armes

Yélinest Ahouéya, 2e substitut du procureur spécial près la Criet, dans ses réquisitions, condamne cette attitude de dénégation systématique de l’accusé. Une dénégation qui a commencé quand Parfait Honfo a franchi le portail de la prison civile. Cette ligne de défense ne saurait prospérer en l’espèce, relève le ministère public. Pour Yélinest Ahouéya, les faits sont constitués et sans équivoque. Le représentant du ministère public en veut pour preuve les résultats de l’examen médical de la fillette. Lesquels résultats révèlent une fissuration au niveau de l’anus de la petite suite à une pénétration annale. « Peine perdue pour l’accusé qui, face à l’évidence, a préféré adopter une attitude de dénégation systématique », souligne l’accusation. Yélinest Ahouéya requiert à la cour de céans de requalifier les faits de tentative de viol sur mineure de moins de 13 ans en viol sur mineure de moins de 13 ans. Il s’agit bien d’un cas de viol et non de tentative, démontre le ministère public, qui se fonde sur le certificat médical de la fille révélant une fissuration au niveau de l’anus de la petite suite à une pénétration annale. « C’est un viol parce qu’il y a eu pénétration annale et non une tentative de viol même si les peines s’équivalent», démontre le ministère public. Pout tout cela, le 2e substitut du procureur spécial près la Criet requiert la condamnation de l’accusé à 20 ans de réclusion criminelle. Yélinest Ahouéya propose à la cour de faire une juste évaluation des préjudices subis par la victime, absente à la barre, et par l’Institut national de la Femme, tous deux parties civiles.

Pierre Mèhoué, avocat de la partie civile, a aussi condamné cette version évolutive et en dents de scie des déclarations de l’accusé. Il a fait observer à la cour que la pénétration annale est déjà durement supportable même par les femmes adultes, qui plus est une fillette, âme innocente de 3 ans. « C’est une violence effroyable qu’a subie la petite qui en gardera les séquelles tout le long de sa vie», assène l’avocat au barreau de Cotonou. Me Pierre Mèhoué demande à la cour d’infliger une sanction pénale lourde à l’accusé pour rendre justice non seulement à la victime mais à toutes ces filles agressées dans le silence et qui sont dans l’incapacité de pouvoir dénoncer leurs bourreaux. Il réclame 20 millions F Cfa et 500 mille Francs Cfa à titre de dommages-intérêts au profit respectivement de la victime et de l’Inf.

Requalification des faits

Me Boris Glèlè, substituant Me Jeffrey Gouhizoun, commis d’office pour assurer la défense de l’inculpé, a plaidé le doute. Pour lui, rien ne prouve au dossier que c’est Parfait Honfo qui est l’auteur de la fissuration annale constatée au niveau de la victime. D’autant qu’il n’a pas été arrêté en flagrant délit et en plein ébats sexuels avec la fille. La défense se demande par quelle alchimie le père de la fille a identifié son client comme l’agresseur de la petite qui n’avait que trois ans et ne parlait même pas encore. Il y a un doute épais dans ce dossier qui ne peut que profiter à l’accusé, observe la défense. Au regard de ses observations, Me Boris Glèlè plaide pour que la cour acquitte Parfait Honfo au bénéfice du doute. Cette plaidoirie de la défense a suscité des répliques tant de la part de la partie civile que du ministère public. Ils ont réagi pour tenter de battre en brèche ce doute soulevé par Me Boris Glèlè qui cherche à tirer son client d’affaire.

Délibérant, la cour suit les réquisitions du ministère public en requalifiant les faits de tentative de viol sur mineure de moins de 13 ans en viol sur mineure de moins de 13 ans. Elle condamne l’inculpé à 30 ans de réclusion criminelle. Parfait Honfo a été condamné, au plan civil, à payer 10 millions F Cfa à la petite et le franc symbolique à l’Inf. Il dispose de quinze jours pour relever appel s’il n’est pas satisfait de ce verdict. Pour l’instant, Parfait Honfo, incarcéré le 14 mai 2020, est maintenu en prison pour purger le reste de sa peine jusqu’en 2050.

Les faits

Courant mai 2020 à Dékanmey, dans la commune de Sô-Ava, la mineure dont nous taisons le nom, âgée de trois ans, était à la recherche de nourriture à acheter lorsqu’elle a été interpellée par le nommé Parfait Honfo qui, après l’avoir amenée dans son lit, a commencé par lui imposer une conjoncture sexuelle lorsque les cris de la petite l’ont obligé à y renoncer.

Composition de la cour

Président : Lionel Dossou-Nouatin

Assesseurs : Bienvenu Sohou et Nicodème Vigan

Ministère public : Yélinest Ahouéya, 2e substitut du procureur spécial près la Criet

Greffier : Finalo Amagnidé

(Avec La nation)

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