Sous Talon, la lutte contre la corruption n’épargne personne

Politique

La suspension pour deux mois de ses fonctions municipales pour « fautes lourdes » de Lehady Soglo est une preuve qu’au Bénin, nulle n’épargne à la lutte contre la corruption sous la Rupture. A écouter Soglo père, pourtant adepte de la transparence, on se demande s’il s’oppose à la manifestation de la vérité dans ce dossier pour lequel il devrait plutôt laisser la justice faire son travail après l’audition de son fils à la préfecture

Le maire de la ville de Cotonou, Léhady Soglo, a été convoqué par le préfet vendredi 28 juillet dans la matinée. Plus tard dans la soirée, sa demeure a été encerclée par des policiers. Mais, des personnes insoupçonnées, dont Soglo père, ont fait obstruction à la procédure judiciaire. Sur Canal 3 ce dimanche, le conseiller spécial aux questions sécuritaires du président de la République, le général Nazaire Hounnonkpè a été on ne peut plus clair. Il s’est demandé est ce parce qu’on est président de la République ou une personnalité du pays et que votre fils tombe sous le coup de la loi, il faut faire obstruction à la procédure judiciaire. « Ce n’est pas normal que dans un pays, on crée une classe de privilégiée…Ce n’est pas normal pour l’efficacité du système judiciaire », a-t-il dénoncé

Nicéphore Soglo a toujours prôné la transparence. A le voir s’opposer aujourd’hui à la manifestation de la vérité car son fils est en cause et sous prétexte qu’il y a la présomption d’innocence il fallait pas enclencher une procédure judiciaire contre lui, là quelque chose ne va pas. Dire que les événements de ce vendredi riment avec la dictature et constituent une négation de la démocratie locale, n’est que pure diversion.

En effet, selon des experts en décentralisation, deux lois (la loi sur la Décentralisation et la loi portant organisation des communes), et plusieurs décrets permettent d’appliquer la procédure enclenchée contre Lehady Soglo. Il est vrai, c’est pour la première fois que cette procédure est utilisée au Bénin. C’est pourquoi certains pensent que c’est un acharnement du pouvoir et de son chef, Patrice Talon. Il existe trois procédures pour enlever le maire de son poste. La plus intéressante, est la procédure pour fautes lourdes. Celle qui est actuellement en cours à la mairie de Cotonou. Cette procédure permet aux collectivités locales de récupérer les fonds de ces dernières au cas où ils auraient été détournés par un maire. Ce qui n’est pas le cas lors de la destitution du maire car la destitution ne permet pas de faire la lumière sur la gestion du maire et il ne peut plus avoir de poursuite.
A analyser les reproches et soupçons qui pèsent sur le maire de Cotonou, Nicéphore SOGLO devrait plutôt œuvrer pour la manifestation de la vérité et éviter de déplacer ce sujet de gestion publique sur le terrain politique. Ceux qui gèrent les affaires publiques au Bénin devraient désormais savoir que sous la rupture, la lutte contre la corruption n’épargnera personne. Ceux qui gèrent les affaires publiques devraient donc se préparer à tout moment pour la reddition des comptes et surtout lorsqu’il y a des reproches et des soupçons contre eux, ils devraient se mettre à la disposition de la justice pour la manifestation de la vérité. C’est plutôt cela un état de droit. La démocratie ne saurait permettre alors une gestion peu orthodoxe de deniers publics pour se cacher sous des prétextes fallacieuses et refuser de se mettre à la disposition de la justice.