Un tribunal en Algérie a condamné en appel, mardi 1er juillet, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal à cinq ans prison, soit la même peine qu’en première instance. L’auteur, en détention depuis novembre, est au cœur d’un bras de fer entre Paris et Alger, alors que les relations diplomatiques entre les deux capitales sont au plus bas. Paris dit espérer « des mesures de grâce ».
La cour d’appel d’Alger a confirmé ce mardi le verdict de première instance en condamnant l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal à cinq ans de prison ferme. Cela notamment pour « atteinte à l’unité nationale », selon un correspondant de l’AFP présent dans la salle.
Boualem Sansal avait été condamné le 27 mars à cinq ans de réclusion par le tribunal de Dar El Beida, près d’Alger, notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d’extrême droite Frontières, où il estimait que l’Algérie avait hérité, sous la colonisation française, de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Mardi 24 juin, le parquet avait requis une peine de dix ans de prison.
Réagissant quelques minutes après l’annonce, le Premier ministre français François Bayrou a dit espérer « des mesures de grâce » du président algérien Abdelmadjid Tebboune sur ce dossier. « La situation que Boualem Sansal subit est une situation que tous les Français et le gouvernement français trouvent insupportable, à juste titre. Maintenant qu’il y a eu condamnation, on peut imaginer que des mesures de grâce, notamment en fonction de la santé de notre compatriote, soient prises », a déclaré le chef du gouvernement français en marge d’un déplacement.
« Je sais que toutes les instances exécutives, depuis le président de la République jusqu’au gouvernement, agissent en ce sens de manière à ce que l’humanité triomphe », a ajouté François Bayrou. Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a affirmé aux côtés de M. Bayrou qu’il ne voulait « gâcher aucune chance, d’ici notamment la fin de la semaine, pour que Boualem Sansal puisse être libéré ». Le premier flic de France avait défendu une « riposte graduée » à l’égard de l’Algérie dans cette affaire.
Le geste de clémence attendu par Paris et par les proches de Boualem Sansal pourrait intervenir à l’occasion des célébrations de l’indépendance algérienne, soit le 5 juillet prochain.
Cancer de la prostate et brouille diplomatique
L’écrivain, âgé de 80 ans et atteint d’un cancer de la prostate, selon ses proches, fait l’objet d’une âpre lutte diplomatique entre l’Algérie et la France depuis son arrestation à Alger le 16 novembre 2024. Cette affaire a été l’élément déclencheur de sept mois de passe d’armes et de querelles entre les deux capitales, dont les relations diplomatiques sont « gelées », selon l’expression du ministre français des Affaires étrangères.
Cette affaire a envenimé une brouille entre Paris et Alger, déclenchée en juillet 2024 par la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental. Ce territoire est disputé depuis cinquante ans entre le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.
Pour le Arnaud Benedetti, fondateur du comité de soutien international de Boualem Ssansal, il n’y aurait « pas d’autre sortie de crise qu’une grâce présidentielle à l’issue de la fête nationale algérienne ».