Interdiction de l’exportation du pétrole nigérien au Bénin : Le président Talon confirme et donne les raisons

Actualités

(« On ne peut pas nous voir comme des ennemis et vouloir notre collaboration et nos moyens», s’indigne le président béninois qui fait savoir que « Si demain Niamey décide de collaborer, les bateaux pourront embarquer le pétrole nigérien dans les eaux béninoises »)

Le peuple attendait sa réaction après la décision d’interdiction prise lundi 6 mai. Le président de la République du Bénin, Patrice Talon, a donc confirmé, mercredi 8 mai,  l’interdiction de l’exportation du pétrole nigérien . Le chef de l’Etat accuse les nouvelles autorités du Niger. Cette situation, dit-il,  est due à la pratique de l’informel du côté des Nigériens. C’est Rfi qui a rendu publique la réaction du président béninois.

Depuis quelques mois, les relations entre le Bénin et le Niger se dégradent considérablement. Dans le souci d’apaiser et de normaliser les relations entre les deux pays frères, le président Patrice Talon dit avoir mené plusieurs démarches : «  »ouverture des frontières côté Bénin, envoi de messages et même de son ministre des affaires étrangères à Niamey comme émissaire… » ». Mais le président béninois se plaint de n’avoir eu aucune réponse des autorités nigériennes.

A lire aussi

Selon le président béninois, les échanges entre le Bénin et le Niger doivent se faire de façon formelle et structurée. « Ce sont les Chinois qui m’ont informé de l’arrivée d’officiels nigériens au Bénin pour l’inauguration du pipeline », déclare Patrice Talon, selon les informations de notre confrère Jean-Luc Akplogan sur  Rfi. Ce comportement selon le président béninois, est de l’informel.

Le président béninois fait savoir aussi que d’importantes quantités de céréales du Bénin empruntent le chemin de l’informel pour entrer au Niger.

Dans de telles conditions, le président Patrice Talon affirme « On ne peut pas nous voir comme des ennemis et vouloir notre collaboration et nos moyens ».

RFI rapporte que pour lever la mesure, Patrice Talon est clair.  « Si demain Niamey décide de collaborer, les bateaux pourront embarquer le pétrole nigérien dans les eaux béninoises », a déclaré le président béninois.

Il demande au Général Tiani d’ouvrir les frontières terrestres et de rétablir les relations. « Je suis peiné par les relations tendues entre entre le Niger et le Bénin, deux pays amis et deux pays frères », regrette Patrice Talon.  « Prendre le Bénin comme pays ennemi et répandre qu’il a amassé des troupes étrangères à ses frontières pour attaquer le Niger est totalement ridicule », selon le Chef de l’État béninois.

Niamey va t-elle accepter la main tendue de Cotonou et renouer avec les relations qui existaient entre les deux pays frères dans le passé et surtout ouvrir les frontières? Wait and see !

 

F KOUWAFIN

————————————————————————————

Voici la transcription des propos du Président Patrice TALON

« Mais il suffit que les autorités nigériennes le veuillent. S’ils le veulent, ce soir, ça sera le cas. On ne peut pas dire que les échanges avec le Bénin sont interdits. Que le Niger ne veut aucun échange avec le Bénin et demande que les bateaux du Niger viennent accorer dans nos eaux. Nous, nous n’avons pas de condition. Nous sommes ouverts, nous le voulons bien. Ça dépend d’eux. Ce sont eux qui refusent, ce n’est pas le Bénin qui refuse. Ils refusent que le Bénin et le Niger échangent. Ils refusent que les camions traversent le Bénin. Ils refusent que le port de Cotonou serve le Niger. Moi, je le veux bien. Je considère qu’ils refusent ainsi que la plateforme de Sèmè serve le Niger. Le Niger ne nous a pas saisi officiellement d’une raison particulière pour laquelle ils ont gardé leurs frontières fermées. Ils ne nous ont pas saisi officiellement non plus de leur volonté d’envoyer les bateaux chargés. Ils ne l’ont pas dit. Ce sont des entreprises chinoises qui nous informent des intentions des autorités nigériennes et même cette formule n’est pas convenable. Les États n’échangent pas entre eux via des prestataires privés. Nous, nous sommes ouverts, nous attendons. Nous avons seulement dit aux Chinois attention, il ne peut pas y avoir de bateau chinois dans nos eaux pour charger des produits nigériens que les Nigériens eux-mêmes ont interdit de traverser le Bénin. Ce sont les Nigériens qui interdisent cela. Vous fermez vos frontières pour les produits allant chez vous, pareil pour les produits venant de chez vous vers nous. Donc, nous avons dit aux Chinois, attention, ce n’est pas nous. Nous, nous prenons acte des dispositions que les Nigériens ont mises en place actuellement dans le cadre des échanges entre le Bénin et le Niger. C’est pour prévenir les Chinois afin que les bateaux ne viennent pas rester dans nos eaux indéfiniment. Il faut leur faire comprendre qu’attention, vous ne pouvez pas venir charger les produits alors que les Nigériens refusent. J’ai personnellement envoyé des émissaires du Ministère des Affaires étrangères. Nous tentons de parler avec eux, nous sommes même actifs dans le rétablissement de la coopération avec le Niger. Et là-bas, on n’a pas de réponse. Je vous le dis, je suis malheureux et il n’y a pas de raison que le Bénin ne veuille entretenir avec le Niger des relations d’amitié, de confraternité et de bon voisinage ».

A lire aussi

Réaction du Niger à l’annonce du blocage de l’exportation de son pétrole au Bénin