Des travailleurs disent non à la grève

Politique

Les travailleurs de l’administration publique, dans leur majorité, n’ont pas observé la grève générale de 48 heures déclenchée par les centrales syndicales. Si la grève est suivie par endroits, dans le secteur de l’éducation et dans plusieurs ministères, les travailleurs n’ont pas respecté l’appel des secrétaires généraux des centrales syndicales. En témoigne le constat fait dans plusieurs établissements du secteur de l’éducation et dans l’administration publique ce mardi.

Les confédérations et centrales syndicales du Bénin, à savoir la CSTB, la CSA-Bénin, la CGTB, la COSI-Bénin, la CSPIB et la FESYNTRA-Finances ont appelé à une grève générale d’avertissement de 48 heures les 07 et 08 janvier 2014. Elles exigent notamment du gouvernement de Boni YAYI sept points de revendications dont le relèvement de leurs fonctions de Placide AZANDE, préfet des départements de l’Atlantique-Littoral et de Pierre AGOSSADOU, commissaire central de Cotonou, qu’ils accusent d’avoir réprimé de manière violente la marche des travailleurs le 27 décembre 2013, une marche autorisée par le maire de Cotonou et interdite par le Préfet de l’Atlantique-Littoral.
Ce mardi 07 janvier, ce mouvement de grève de 48h lancé par les centrales syndicales n’a pas été suivi partout. Dans le secteur de l’éducation, dans certains collèges d’enseignement général à Cotonou, les vacataires étaient au cours. C’est le cas au Ceg Gbégamey et au Ceg Kouhounou Vèdoko. Au Ceg Houéyiho, si dans la matinée, il y a eu cours dans certaines classes, dans l’après-midi, les cours se sont normalement déroulés, a expliqué le directeur.
A Porto-Novo, c’est le même constat. Si dans certaines écoles de base, les enfants erraient faute d’enseignants (certains seraient sous la menace de leurs collègues), dans certains Ceg, les cours ont eu lieu.
Au Ceg Lokossa 1 et 3, seuls des vacataires ont dispensé les cours. A Parakou, que ce soit dans les écoles maternelles et primaires ainsi que dans les Collèges, élèves et enseignants étaient au cours. A Djougou, Malanville, etc, la grève n’a pas été suivie. La grève n’est donc pas la solution aux yeux des travailleurs.

La grève de 48 h devait bloquer l’administration publique

Le constat est tout autre ce mardi. Dans les ministères, entre autres le Ministère de l’Enseignement Secondaire, de la Formation Technique et Professionnelle, de la Reconversion et de l’Insertion des Jeunes, au Ministère de la Fonction Publique, sans oublier le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, les agents vaquaient à leurs occupations. « Le mouvement de débrayage est un échec dans les départements ministériels », indique le Directeur de cabinet du ministère de l’enseignement secondaire. Au ministère des Finances et de l’économie, le Synatracef n’observe pas la grève, selon les secrétaires généraux de ce syndicat. Le Syntracef quant à lui est en grève.
L’échec de ce mouvement de débrayage s’explique par son caractère politique. « Les responsables syndicaux s’éloignent de leur mission de défense des intérêts des travailleurs. Cette grève n’a aucun fondement professionnel et vise simplement à instaurer un désordre national. On ne saurait être du monde syndical et se cacher derrière des intérêts inavoués et motions politiques. La liberté de grève est un droit constitutionnel, mais elle doit se baser sur des fondements objectifs et sincères », disent certains travailleurs. Certains syndicats de travailleurs indiquent n’avoir pas été saisis par une circulaire comme d’usage.
La motion de grève lancée par les organisation et centrales syndicales est donc dénuée de tout caractère professionnel et s’attache aux réalités qui relèvent du système mondial. Les responsables syndicaux, eux, évoquent la violation des droits de l’homme.
Les quelques rares endroits où la grève semble être suivi , certains travailleurs affirment avoir cédé face aux menaces de certains responsables syndicaux. Dans plusieurs localités des personnes sans scrupules auraient violenté des travailleurs en les forçant à suivre le mouvement de débrayage.
Face à ce mouvement de débrayage, le Gouvernement a pris des mesures répressives en informant tous les fonctionnaires que, l’Etat procèdera à la défalcation systématique du nombre de jours non travaillés de leur salaire pour compter de ce mois de janvier 2014, et ce, de façon continue jusqu’à nouvel ordre. Les intéressés devront s’adresser aux syndicats initiateurs des mouvements de débrayage pour se faire rembourser le nombre de jours ainsi défalqués.
En prélude à ce mouvement de grève, les Ministres en charge de l’Education ont, dans un communiqué, invité tous les travailleurs en général et les enseignants et les personnels de l’administration scolaire en particulier à vaquer normalement à leurs occupations professionnelles. La motion en question se justifierait par les cas récurrents de violation des droits de l’Homme et des libertés. Ces motifs ne sont pas spécifiques à l’éducation et ne sauraient être un motif de blocage des activités académiques. Selon ce communiqué, la motion de grève n’est signée ni par le Front d’action des trois ordres d’enseignement ni par tout autre regroupement syndical du secteur de l’éducation. « L’ensemble des organisations syndicales du MESFTPRIJ ont, suite à une session solennelle, introduit un recours gracieux au Président de la République en ce qui concerne la rétrocession des défalcations opérées. Cette requête étant en examen, ce motif ne saurait être un prétexte de grève », indique le communiqué.