GRAMMAIRE CONTRE AGLANMIN JAZZ : Réplique de Constantin Amoussou à l’audio de NDSS

Chronique

Je fais abstraction des attaques et injures proférées à mon égard, dans l’espoir, a-t-on dû convenir, d’humilier. Le métier d’un imposteur, par nature, est de péter plus haut que son cul.

 

Qu’une telle vocation fasse des émules, la mienne s’en veut bien distante, et j’ai, ce soir, plutôt que d’une compétition de pets, l’humble envie de ne vous parler que de grammaire.

 

Je veux le faire en français écrit; dans ce choix de canal qui ne vous offre pas le loisir de dissimuler vos tares, et  de vous camoufler derrière  l’ondoiement des décibels.

 

 

*I- FAITS ET POSTURES AUTOUR DU SUJET*

 

À l’entame, intéressons-nous aux faits!

 

*A- LES FAITS*

 

Le 23 mai 2020, il est posté sur la page officielle du maire Luc ATROKPO ce bref texte: Père, pardonne-les!

 

Cela venait à la suite de plusieurs tentatives de déstabilisation dont la dernière, en date du 21 mai, présentait Luc Atrokpo presque comme un délinquant qui, nuitamment, s’employait à vider la mairie.

 

Après 48h de silence, le maire avait donc dû penser nécessaire de placer un mot.

 

M.Nourou Dine Saka Saley commente: *Ce n’est pas « pardonne Leur » par hasard? En tout cas, l’essentiel est que le message parvienne au Père. Dictée questions n’a qu’à revenir dans les écoles en tout cas »*

 

Chacun peut observer dans ces formulations une prétention à corriger en public; et plus encore, à travers l’allusion à « dictée-questions » l’intention de tourner en dérision.

 

Il se trouve que la forme inscrite par M.Saka Saley est fausse ; parce qu’il manque le trait d’union entre « pardonne » et « leur »; mais en plus; l’usage  » pardonne-les », bien que rare, est aussi correct et usité  en français.

 

N’ayant pas vocation à répondre à tout, j’ai observé silence sur le sujet.

 

Mais hier, 7 juin, un média en ligne a repris les propos, et à la suite de  M.NDSS, a amplifié l’intention et l’action de dérision.

 

J’ai alors jugé utile de mettre les points sur les « i » en publiant un texte-réplique.

 

M.Saka Saley, qui sait être prudent,  n’ignorant pas ses propres insuffisances à l’écrit, a préféré faire un audio au détour duquel il tente malicieusement de dissimuler l’intention affichée de tourner en dérision; essaie de faire croire que la grammaire lui donne raison; et par la même occasion, s’est répandu en injures et allusions dévalorisantes à mon sujet.

 

*B- POSTURES AUTOUR DU SUJET*

 

-M.Saka Saley soutient que dans la Bible, il est écrit: pardonne-leur; et laisse entendre que cette formule est consacrée et que toute grammaire autre autour du sujet est une faute.

 

Il appuie son propos en disant que des linguistes et grammairiens l’auraient soutenu et que même l’ancien séminariste Geraldo Gomez ( une excellente référence sans doute) pensant de même ; il aurait donc raison.

 

Il soutient, dans un français renversé, que je ne connais ni la grammaire, ni les Saintes Écritures.

 

Enfin, il me traite de personne « en détresse professionnelle »; de « spécialiste de revirement et de reniement de la parole devant l’Éternel »; de « piètre connaisseur de la langue française », d’auteur d’un article « poison »…

 

Face à ces déclarations, ma posture n’a pas varié: je n’entre pas dans les injures.

 

Ma posture ne consiste  pas à dire que la forme  » pardonne-leur » n’existe pas; ni que la Bible ne l’a usitée.

 

Ma posture indique que ces deux faits existent ; mais que la forme « Pardonne-les », transitif direct, avec  » les » mis pour les « pécheurs », existe en français et est correcte.

 

Passons aux leçons et illustrations !

 

 

*II- LEÇONS ET ILLUSTRATIONS*

 

Sans devoir revenir sur la leçon introductive que j’ai donnée précédemment sur les usages intransitifs ainsi que transitifs direct et indirect du verbe  » pardonner », il sera indiqué de se référer à quelques uns des grammairiens dont l’œuvre fait encore autorité ; et ensuite, illustrer leur propos par des exemples tirés d’œuvres littéraires.

 

*A- DU BON USAGE DE LA LANGUE FRANÇAISE, DU SEIGNEUR DE VAUGELAS À MAURICE GREVISSE*

 

Il convient de lever les équivoques dès l’entame, et entendre, que dès l’instant que M.Atrokpo n’aura pas cité un passage, il n’aura jamais été lié par un usage, que ce ne soit par la langue.

 

Or, la « Grammaire des Grammaires » du Seigneur du Vaugelas, avec le temps, en beaucoup d’usage, était devenue un recueil de caprices de cour; tant et si bien que La Mothe de Vayer et Scipion Dupleix, ont battu en brèche les « Remarques de Vaugelas », et dès 1936, ont restitué « l’usitabilité » de l’adjectif « pardonnable, et conséquemment, rendu au goût du jour, la forme  » pardonner quelqu’un » en même temps, et concurremment avec « pardonner à quelqu’un ».

 

On aurait pu s’en tenir à eux et penser à une œuvre  de grammairiens contestataires, si les volumes successifs de Maurice Grevisse et André Goose, n’avaient réhabilité et admis, quoi qu’il soit traité de rare, archaïque et littéraire, l’usage » pardonner quelqu’un » et donc; pardonnez-le ou pardonnez-les.

 

Pour s’en convaincre, il suffit de se référer au volume du Bon Usage de la langue, éditions 1955 et 1964.

 

Allons à présent aux illustrations

 

*B- ILLUSTRATIONS DE L’USAGE SUIVI DE L’ACCUSATIF DÉSIGNANT LE FAUTIF

 

Quatre  exemples seront cités pour illustrer mon propos:

1-<<Qu’on n’eût point pardonné Labédoyère , parce qu’on eût vu dans la clémence qu’une prédilection en faveur de la vieille aristocratie, cela se concevait.>>

 

Cet extrait est tiré du Mémorial de Sainte-Hélène du Comte Emmanuel de Las Cases, racontant la vie de Bonaparte dans un récit si enlevé que depuis 1823, il a été réédité plusieurs dizaines de fois sans que cet usage ne change.

 

2- << Tous l’avaient pardonnée ( remarquer le « e » muet qui indique l’accusatif)..>>, comme a pu écrire Pierre Loti au sujet de Franchita, la mère de Ramuntcho, dans le roman éponyme publié en 1892, et réédité plus de vingt fois, à ce jour.

 

3- « Vous m’avez pardonnée », Dumas, dans La femme de Claude;

 

4- Et enfin, <<Je vous ai pardonnées>>, in Le Soleil de minuit de P. Benoît, à la page 291.

 

Chacun de ces usages est répertorié et validé par le Grevisse du Bon Usage de la Langue française; bien qu’il soit indiqué que cette forme donnant à l’impératif: « Pardonne-le »; « Pardonne-les », soit plutôt littéraire et rare.

 

En définitive, il faut remarquer que celui qui recourt à l’usage  » pardonne-leur » sépare le pécheur de la faute, et indexe singulièrement cette dernière, la faute ( c’est le choix du Christ); tandis que celui qui écrit « pardonne-les »  indexe, spécifiquement, les auteurs de la faute.

 

 

*EN GUISE DE CONCLUSION*

 

Demain, on devra pouvoir ranger d’un côté, les populistes gueulards, sans science et sans consistance, experts dans l’art de l’Aglamin Jazz; et distinguer d’eux, les hommes et femmes qui savent tenir une plume et en faire jaillir de la lumière; en démontrant logiquement leur propos, et en citant à l’appui de leurs démonstrations les scientifiques qui font autorité dans le domaine.

 

De Vaugelas à Grevisse en passant par La Mothe Le Vayer, tout ce que j’ai dit et soutenu est de la science et est vérifiable; contrairement à la littérature orale d’Aglanmin Jazz dans laquelle opère le triste imposteur.

 

J’ai écrit en français simple, expliqué et démontré; afin qu’il vous soit donné, lecteur, de *faire la différence entre la grammaire et l’aglanmin jazz*.

 

 

CONSTANTIN AMOUSSOU

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