Législatives 2022 : Pourquoi la Nupes conteste les résultats et dénonce une « manipulation »

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Dimanche 12 juin, dans la soirée, le ministère de l’Intérieur a publié les résultats du premier tour des législatives. La Nupes dénonce une « manipulation » des résultats pour favoriser le parti de la majorité, Ensemble !. On essaye d’y voir plus clair.

Qui est réellement arrivé en tête du premier tour des élections législatives, dimanche 12 juin 2022 ? Le ministère de l’Intérieur a annoncé qu’Ensemble ! avait pris la tête du scrutin avec 21 359 voix de plus que la Nupes. Ce lundi 13 juin, plusieurs membres de la Nouvelle union populaire contestent l’avance d’Ensemble ! et dénoncent même une « manipulation » des chiffres. Voyons d’où viennent ces différences comptables.

Des résultats contestés

Manuel Bompard, candidat de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) à Marseille, a accusé le ministère de l’Intérieur de n’avoir pas intégré les résultats de plusieurs candidats de gauche sous la bannière Nupes, permettant à Ensemble ! de prendre la tête du premier tour de l’élection. Il a dénoncé une « manipulation » des résultats.

Au cœur des critiques de la Nupes, certains candidats soutenus par l’Union mais étiquetés « Divers gauche » ou « LFI ».

Rapidement, d’autres candidats et soutiens de la Nupes se sont joints à cette contestation. Karine Lebon, candidate à La Réunion étiquetée LFI a interpellé le gouvernement à ce sujet, sur Twitter : « Allô [Gérald] Darmanin, merci de me compter parmi les possibles sièges à la Nupes pour la prochaine législature ! »

La liste de la Nupes en cause

Le ministère de l’Intérieur a réagi ce matin auprès de Franceinfo. :« C’est la direction de campagne de Nupes qui, par un mail adressé au ministère de l’Intérieur le 8 juin 2022, a listé l’ensemble des candidats à qui il conviendra d’attribuer la nuance Nupes. Dans cette liste pourtant très complète ne figurait aucun candidat d’Outre-mer. Ces candidats ne figurent pas non plus sur leur site officiel », relève-t-on place Beauvau.

Effectivement, sur le site de la Nupes, des candidats comme Karine Lebon, qui se revendiquent aujourd’hui de la Nupes, n’apparaissent pas sur la liste.

Le ministère a également annoncé que « trois candidats initialement investis par la Nupes mais qui avaient déclaré vouloir renoncer à cette investiture ont été comptabilisés en divers gauche. » Il s’agit d’Hervé Saulignac (1re circonscription de l’Ardèche), Dominique Potier (5e circonscription de Meurthe-et-Moselle) et Joël Aviragnet (8e circonscription de Haute-Garonne).

La place Beauvau a précisé à Franceinfo que le même traitement avait été appliqué à la majorité présidentielle. « Damien Abad, dont on peut légitimement penser qu’il est soutenu par Ensemble !, est comptabilisé en “divers droite”. C’est aussi le cas de Dominica Michel-Revert, candidate “divers” à Saint-Pierre et Miquelon, et Marie-Luce Penchard en Martinique, soutenue par la majorité mais nuancée “divers centre” », précise-t-on place Beauvau.

Les données ajustées

Le journal Le Monde a annoncé des chiffres plus proches de ceux revendiqués par l’union de Jean-Luc Mélenchon. « Le Monde, estimant que les choix effectués par la Place Beauvau étaient problématiques, a alors procédé à sa propre classification », peut-on lire sur son site.

Nos confrères se sont affranchis des données officielles du ministère de l’Intérieur pour ajuster les nuances politiques des candidats selon leurs prises de position. Les résultats affichés sont donc les suivants : 26,10 % pour la Nupes contre 25,81 % pour Ensemble !, alors que le site du ministère crédite Ensemble ! de 25,75 % contre 25,66 % pour la Nupes.

« Ainsi, à la Réunion, par exemple, nous avons placé sous l’étiquette Nupes certains candidats de gauche, ce qui n’est pas le cas du ministère », est-il écrit sur le site du Monde. La candidate communiste Karine Lebon est par exemple intégrée au groupe Nupes.

Chacun tire la couverture à soi

Rappelons que l’étiquette « Nupes » n’était d’abord pas considérée par le ministère de l’Intérieur dans les inscriptions. Le Conseil d’État a tranché quelques jours avant le scrutin pour « prendre en considération la Nupes comme une nuance politique à part entière dans la présentation des résultats ». Mais le dépôt des candidatures était quasiment terminé, sous les diverses étiquettes à gauche.

La Nouvelle union accuse le gouvernement d’avoir transféré à la hâte les candidatures sous l’étiquette Nupes, en en omettant certaines. Le gouvernement assure s’être appuyé sur les données fournies par la Nupes.

Au final, les Insoumis estiment que la Nupes obtiendrait 6 101 968 voix (soit 26,8 %) et non les 5 836 202 voix (soit 25,7 %) que lui attribue le ministère de l’Intérieur et passerait en tête du scrutin.

Au final, la différence d’étiquetage ne change pas les résultats du vote. La Nupes en tête ne signifie pas que l’union à gauche parviendra à rassembler une majorité à l’Assemblée. Seul le second tour, dimanche 19 juin prochain, permettra d’être fixé.

Avec Ouest France