Niger : La Cédéao se réunit à Accra pour discuter d’un éventuel plan d’action militaire

Afrique

Après avoir été reportée le 12 août, la réunion des chefs d’état-major des armées des pays de la  Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se tient finalement ce jeudi 17 août à Accra, au Ghana. Ils sont réunis pour deux jours et devront finaliser le plan d’une éventuelle intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Mais cette option présente plusieurs fragilités.

La conférence va se tenir au camp Burma à Accra, siège du ministère de la Défense et des forces armées ghanéennes. En plus des chefs d’état-major, le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Cédéao, le Ghanéen Abdel Fatau Moussa, va y prendre part. Il était présent à la réunion qui a dessiné les contours de la force d’attente, début août à Abuja. Selon nos informations, la réunion sera essentiellement consacrée à la finalisation du plan d’intervention militaire au Niger, révèle Jean-Luc Aplogan depuis Cotonou.

Au sujet du regroupement et du déploiement des unités, les effectifs des pays contributeurs comme le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Nigeria sont maintenant connus avec précision. Il reste à organiser leur déplacement vers les zones où elles seront positionnées et valider définitivement l’itinéraire que vont emprunter les soldats des pays qui n’ont de frontière avec le Niger.

Même si l’option diplomatique reste possible et même encouragée par certaines voix ces derniers jours, un haut gradé de la force d’attente informe que le commandement n’a pas reçu de contre-ordre de la Cédéao. En clair, « la réactivation et le déploiement » sont toujours d’actualité.

De nombreux obstacles à une intervention militaire

Si l’option d’une intervention armée reste possible, ses partisans paraissent de plus en plus isolés. Ils font face à trois difficultés, explique François Hume-Ferkatadji, envoyé spécial à Accra. D’abord, une certaine fragilité politique, avec des divisions internes : le Cap-Vert, État membre, a fait part de son opposition à une intervention. Ailleurs, de vifs débats nationaux agitent les 15 de la Cédéao. Le Sénat du Nigeria a, par exemple, marqué son opposition.

L’Union africaine pourrait également condamner l’usage de la force, même si aucun communiqué officielle n’a été publié à ce stade. La Cédéao est certes autonome, mais cela n’en reste pas moins une prise de distance nette avec l’organisation ouest-africaine. Enfin, les États-Unis, par la voix du département de la Défense, ont également répété vouloir favoriser un règlement pacifique de la crise, « par la voie diplomatique ».

Une fragilité juridique également, car une telle opération se ferait sur des bases incertaines pour intervenir. La Cédéao doit, en théorie, obtenir un mandat des Nations unies (ONU). Enfin, une fragilité opérationnelle : un déploiement serait extrêmement complexe à mener au vue des résistances des différents acteurs. Et c’est justement ce sur quoi les discussions devraient porter à Accra : l’élaboration d’une stratégie militaire et d’un plan d’action.

Si l’option militaire reste sur la table, la voie du dialogue et de la diplomatie avec le régime au pouvoir à Niamey est privilégiée, avec un risque majeur pour la Cédéao en cas d’échec : observer, impuissante et pour la quatrième fois de rang, un régime militaire prendre ses quartiers au palais présidentiel.

Niger

La Ceeac envoie une délégation auprès de la Cédéao

Le coup d’État du 26 juillet au Niger inquiète aussi en Afrique centrale. Le président du Gabon, Ali Bongo Odimba, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac), a dépêché mardi 15 août un émissaire auprès du président nigérian, Bola Tinubu, qui préside aussi la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Le même émissaire s’est rendu mercredi à Niamey, où il a été reçu par le général Abdourahamane Tiani.

Abuja était la première étape du mini-périple de l’émissaire de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale. Le ministre des Affaires étrangères du Gabon était porteur d’un message de soutien au président nigérian, Bola Tinubu, président de la (Cédéao).

Le diplomate gabonais a félicité l’institution sous-régionale pour les mesures prises afin de restaurer la démocratie au Niger, avant d’ajouter que « toute crise en Afrique de l’ouest affecte l’Afrique centrale, raison pour laquelle il faut un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Niger ».

Après la capitale du Nigeria, l’émissaire de la Ceeac s’est rendu à Niamey. Il a été reçu par le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani, à qui il a remis un message du président Ali Bongo : la Cédéao et la Ceeac ont le même objectif, à savoir faire en sorte que les militaires à Niamey retournent le plus vite dans les casernes. Pour les deux organisations, l’ingérence militaire dans la gouvernance démocratique est inacceptable.