Pratique médicale au Bénin : L’ANSALB s’investit dans l’intégration de la phytothérapie dans le système sanitaire

Société

Remettre les grands sujets d’intérêt communautaire pour le bien-être de la population, poser les diagnostics avec des réflexions scientifiques. Telle est la dynamique, de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Benin (ANSALB), à travers plusieurs initiatives de rencontres d’échanges et de partages entre académiciens, les sociétés savantes, les curieux, les apprenants, les praticiens et acteurs d’un domaine donné. En effet, le « vendredi de l’Académie » tenu vendredi dernier à l’institut des sciences biomédicales appliquées (ISBA), a permis d’initier une réflexion sur l’intégration de la phytothérapie dans le système sanitaire au côté de la médecine conventionnelle au Bénin, et ceci de façon scientifiquement formelle. Les réflexions ont été menées en présence des académiciens Professeur François ABIOLA, du Professeur Nazaire PADONOU, Président de l’Ansalb, du président de la commission permanente Santé, Professeur Achille MASSOUGBODJI, etc. et du Professeur Latifou LAGNIKA, membre de la commission permanente santé de l’ANSALB. Quatre communications suivies des questions et des réponses pertinentes ont marqué ce numéro du « vendredi de l’Académie ».

De riches communications

L’objectif étant de mettre en place des outils nécessaires pour une intégration ou introduction intelligente et efficace de la phytothérapie dans le système de santé, puisqu’on estime aujourd’hui qu’environ 80 % à 90 % des populations, pour répondre à leurs besoins de soins de santé, ont recours à la phytothérapie, une ressource importante dont l’utilisation devra être validée et rationalisée. Conscient de la nécessité de garantir aux populations une santé de qualité, l’Académie nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB) a décidé de s’investir dans la problématique de l’introduction de la phytothérapie dans les soins de santé dans notre pays. « Il s’agit pour nous de voir comment faire pour que demain à côté des autres pratiques médicales, la pratique de la phytothérapie (la pratique de la médecine traditionnelle) entre dans les habitudes et ait droit de cité dans le système de soin de notre pays » a fait savoir le Professeur Achille Massougbodji. Selon ce dernier, la phytothérapie est une médecine non conventionnelle, une médecine douce qui utilise les plantes médicinales ou des produits fabriqués à partir de plantes afin de contribuer, de manière naturelle, à rétablir l’équilibre de l’organisme et du métabolisme. Elle s’appuie sur les vertus des plantes et des herbes médicinales, des extraits de plantes et des principes actifs naturels comme soin support dans le traitement de diverses maladies. Elle est subdivisée en deux branches à savoir la phytothérapie traditionnelle et la phytothérapie rationnelle. Dr Willis Géolive Sèdjro Allawenon, dans sa communication sur l’expérience de l’Hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta dans l’usage de la phytothérapie a indiqué : « Bien que nous connaissions plusieurs plantes utilisées dans la médecine traditionnelle, seules celles dont la non-toxicité a été préalablement prouvée sont proposées aux malades ». Il sera appuyé par Dr Henri Charles Aïnadou, pharmacien chercheur et responsables du laboratoire S3P qui soutient que des plantes médicinales traitent même les maladies déclarées incurables. À son tour, l’Abbé Fulbert Amoussou du Centre Seyon de l’Archidiocèse de Cotonou a rassuré l’auditoire que la phytothérapie est un vaste chantier à explorer. Des propos basés sur les résultats et les nombreuses expériences de ce centre.

Une réponse collective

La santé est une préoccupation pour tous. Dans ce contexte, il faut fédérer les énergies. C’est le cas, s’agissant ici de la phytothérapie. Ceci s’est manifesté par la qualité des interventions, la pluralité des intervenants et des propositions de pistes. Il faut retenir que, l’ANSALB s’investit dans cette problématique pour que les différents acteurs, phytothérapeutes, praticiens de la médecine traditionnelle et de la médecine moderne comprennent la nécessité de se parler, de dialoguer, de trouver des termes de travail en commun pour approfondir leur collaboration de façon à être efficace et éviter la guerre des camps (Médecine traditionnelle et médecine moderne). Cette guerre n’a eu que des effets extériorisant par rapport à l’évolution de notre système sanitaire à en croire le professeur Achille Massougbodji. En effet, il est nécessaire de nous intéresser à la phytothérapie parce qu’elle est d’abord un trésor ancestral transmis par les générations passées. Ce précieux trésor risque de se perdre si l’on n’y prend pas garde, si on n’entretient pas et si ce n’est pas nourri, a expliqué le président de la commission santé de ANSALB. Pour l’atteinte de ces objectifs, le Professeur Latifou LAGNIKA a quant à lui, insisté sur la nécessité de fédérer les énergies et favoriser la collaboration entre les chercheurs, médecins, pharmaciens et praticiens de la phytothérapie et de la médecine traditionnelle. En clair, les enjeux consistent à amorcer de nouvelles perspectives et la possibilité de fédérer les différentes médecines et de valoriser le potentiel en termes de santé.

Défis et perspectives

L’intégration de la phytothérapie dans le système de santé nécessite une forte mobilisation des acteurs et contribution de la science. L’ANSALB s’investit dans ce rôle en posant le diagnostic avec les acteurs. Cette rencontre établit un cadre d’écoute et d’échange avec quelques acteurs majeurs qui s’investissent déjà dans l’utilisation de la phytothérapie dans le système de santé au Bénin. « L’objectif étant d’aider à l’élaboration d’une feuille de route pour un atelier plus ouvert sur la thématique de la phytothérapie et son intégration dans le système sanitaire. Atelier prévu pour l’année 2024 » précise Nazaire Padonou président de ANSALB.

Avec La Primeur