Perspectives 2026 à l’Up le Renouveau : Joseph Djogbénou, candidat au dauphinat !

Politique

Une tribune intitulée « Osons l’Evoquer » a fait le tour des réseaux sociaux. Elle présente l’Upr comme « la seule formation politique crédible capable d’assurer la continuité et la succession des acquis de développement réalisés sous la rupture » et invite « le numéro un de la majorité présidentielle, le Président Talon » à organiser dans ce parti « des primaires inclusives pour que soit désigné naturellement un dauphin accepté de tous ». Mais sans manquer de menacer : « si un dauphin est imposé à la majorité présidentielle, le risque d’implosion serait la bienvenue peu importe les marges de manœuvre mises en place ».

Alors que le débat sur les élus habilités à parrainer en 2026 n’a pas encore livré son verdict à l’hémicycle, la tribune « Osons l’Evoquer » laisse apercevoir les non-dits de certaines prises de positions. Après la tentative de retrait du droit de parrainage aux députés et aux maires pour le “sécuriser” entre les mains de leurs partis respectifs, on assiste à des suscitations détournées indiquant que c’est au sein de l’Upr que le président Talon devrait choisir son dauphin. On se souvient que pour la

présidentielle de 2021, sa candidature pour un second mandat était en duo Mariam Chabi Talata, ex-première vice-Présidente de l’Assemblée nationale et militante de l’Up du président Bruno Amoussou lorsque Joseph Djogbénou, son successeur, présidait encore la Cour constitutionnelle.

Aujourd’hui le contexte a changé. La fusion de ce parti avec l’ex-Prd et sa participation aux législatives de janvier 2023, semblent lui avoir donné un “Renouveau” suffisant pour renoncer au même gentlemen agreement gagnant avec le Br et les autres partis de la majorité.

Ils ont évité la ruse

Le chasseur n’aime pas qu’on pointe un canon de fusil sur lui. En juillet 2022, des « élections inclusives » n’ont pas été organisées au sein de l’Upr pour désigner le successeur « naturel » de Bruno Amoussou afin qu’il soit « accepté de tous ». La manœuvre d’imposition du fraîchement président démissionnaire de la Cour constitutionnelle à la tête de ce parti n’a pas entraîné l’implosion de ce dernier.

Pourtant aujourd’hui, il se développe déjà dans ses mêmes rangs, à deux ans des élections générales de 2026, l’idée que la logique de consensus de 2021 qui a permis son intronisation serait inapplicable à la majorité présidentielle qui comprend outre le BR représenté au Parlement, les partis ex-Udbn de Claudine Prudencio désormais Renaissance nationale (Rn) et Moele-Bénin de Jacques Ayadji ainsi que d’autres personnalités telles que Olivier Boko en électrons libres. D’où vient-il d’ailleurs que le parti de Djogbénou est le garant de l’existence de la majorité présidentielle et

des réalisations économiques des Pag-1 et Pag-2 quand on connait le caractère très diversifié de la galaxie autour du chef de l’Etat ?

On comprend pourquoi les ministres Wadagni et Hounkpatin avaient refusé le plus clairement et le plus officiellement du monde que leurs noms figurent parmi les militants et les dirigeants des instances du parti de Djogbénou, avant même qu’il ne convole en juste noces avec l’ex-Prd qui

annonce déjà qu’il partira s’il le faut, avec son alliance au doigt.

Ces deux ministres dont l’action a été constante et déterminante aux côtés du chef de l’Etat depuis le Pag-1 avaient été donc bien inspirés de flairer la ruse qui visait à les lier par anticipation aux décisions de ce parti, alors même qu’il n’a en rien contribué à leur présence au gouvernement et qu’ils ne la doivent qu’au seul président Talon.

Effet boomerang au sein de l’Upr

Bien plus qu’à ces ministres prudents qui ont vu le mal de la ruse venir de loin, c’est à d’autres personnalités de ce parti que cette campagne active et anticipée pour la désignation d’un dauphin fera injure. Car elles n’ont pas fini de digérer l’humiliation de leur cuisant échec aux législatives de janvier 2023 sous la houlette du président de l’Upr. Or curieusement, en inaugurant ce débat, la tribune “Osons l’Evoquer” a affirmé sans vergogne qu’au terme « des élections législatives passées, malgré les velléités de l’opposition, l’UP le Renouveau ne s’est pas ébranlée. Bien au contraire,

elle a su tirer son épingle du jeu. ». Cette épingle, est-ce uniquement Djogbénou, seul rescapé sur une liste de cinq face à l’opposition LD qui, sans financement public, a raflé tous les quatre autres sièges ?

Outre ceux qui ont échoué malgré eux et leur popularité, il faudrait s’attendre à une réprobation de la gestion administrative, politique et financière de l’Upr dont les instances dirigeantes sont engagées dans une campagne anticipée pour les élections générales de 2026.

La proposition Aké Natondé vient d’en donner le ton : ceux qui ambitionnent de figurer sur les listes du parti aux prochaines communales et au législatives pour parrainer les candidats à la présidentielle de 2026, devraient savoir de quel côté se ranger.

Enragé par certaines critiques dont il fait l’objet relativement à la gestion du parti, Joseph Djogbénou a déjà réagi sur les canaux digitaux de l’Upr : « Les commentaires que les responsables font sur les foras, en forme de nuances, en forme de remise en cause des décisions

dont certaines même sont présumées, d’autres sont réelles ; cette manière de procéder, ces commentaires traduisent un déficit de fidélité, de loyauté et de confiance à l’égard du parti. »

La campagne anticipée pour la désignation du dauphin de Talon au sein de l’Upr, si elle vise à préparer les élus actuels à la position que défendra ce parti lors des débats au parlement en vue de préciser qui d’entre eux et leurs successeurs de 2026 parraineront les candidats à la présidentielle prochaine, elle réunit par la même occasion tous les ingrédients de l’implosion redoutée. Mais elle pourrait arriver plus tôt qu’on ne pourrait l’imaginer.

Benjamin AKOWANOU (Collaboration)