Et si les frondeurs faisaient des propositions concrètes d’amendement du texte ?

Politique

Le chef de l’Etat, Patrice Talon, est favorable à un débat autour du projet de révision de la constitution qui est en passe d’être étudié à l’Assemblée nationale par les députés. La plénière de demain mardi en décidera. Et pour l’étude de ce projet de révision de la constitution, les frondeurs ne peuvent-ils pas changer de fusil d’épaule et faire des propositions concrètes d’amendement du texte ? Les critiques constructives devraient faire avancer le débat.

Deux camps s’affrontent autour du projet de révision de la constitution. Il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Ceux qui sont pour sont favorables aux amendements du texte déposé à l’Assemblée nationale tandis que ceux qui sont contre imposent le retrait du texte déposé à l’Assemblée nationale, sans chercher à voir la pertinence ou non du fond, des options faites. Au-delà de tout cela, tous s’accordent pour la révision de la constitution du 11 décembre 1990. Seulement, c’est le texte actuellement déposé sur la table des députés qui divise.

Ce samedi, le Président de la commission ayant eu à charge d’analyser les réformes politiques et institutionnelles proposées par le Chef de l’Etat a au cours d’un échange à Cotonou expliqué qu’il est important pour chaque béninois aujourd’hui de participer qualitativement aux débats qui vont bientôt démarrer à l’Assemblée nationale en apportant des amendements aux députés qui ont le pouvoir d’améliorer le projet soumis par le Président de la République et son gouvernement. Il a précisé que si le projet échouait à l’Assemblée nationale et que l’on devrait aller au référendum, ce serait le projet originel sans aucune modification qui serait porté à l’appréciation du peuple pour un vote.

Lors d’une sortie sur Canal 3, ce week-end, le bâtonnier Jacques Migan a appelé à des critiques constructives. Il a expliqué le bien fondé de la révision de la constitution et exhorté les frondeurs à participer au débat avec des critiques constructives. Pour le Président du Front des Républicains pour le Développement de la ville de Porto-Novo (Frd), le débat passionnant autour du projet n’entache en rien la qualité du contenu mais participe plutôt de la vitalité de la démocratie béninoise. « C’est bien que nous ayons ce débat autour du projet. Certains ont choisi des moyens de marche pour se faire entendre. C’est leur droit. Les magistrats se battent par rapport à l’inamovibilité. Tout le monde est pour la révision, mais chacun défend sa chapelle. Cependant, il faut que les critiques soient suivies de propositions », a-t-il dit. L’ouverture du Chef de l’État et de son gouvernement par rapport à la perfectibilité du texte qui faut-il le rappeler est un projet qui peut être amendé et amélioré par la représentation nationale est déjà un atout. C’est dire qu’il faudra donc des propositions concrètes des frondeurs pour améliorer le texte tel qu’ils le souhaitent pour le bien du peuple béninois. Les frondeurs ne devraient-ils pas abandonner les marches et autres tintamarres pour se pencher sur le texte proprement dit et présenter aux députés des propositions d’amendement du texte ?

La révision de la constitution du 11 décembre n’entraîne pas une nouvelle république. Le projet en étude contient d’autres avantages. Pour les médias, s’agissant de la Haac, les médias auront désormais trois représentants tandis que l’Assemblée nationale et le gouvernement désigneront chacun un représentant. Le président de l’institution de régulation des médias sera désigné par les conseillers de la Haac. Le chef de l’Etat a un mandat unique de six ans. Il y a aussi la création de la cour des comptes. Le Bénin étant le seul pays de la région ouest africaine qui n’est pas doté de cette institution. Autre avantage du projet de révision déposé sur la table des députés, l’option parlementaire présente l’avantage de faire gagner du temps et de l’argent au contribuable. Si l’on doit passer au référendum, il faudra débourser des caisses de l’Etat une dizaine de milliards à la Cena pour son organisation. Une somme qui pourrait servir à bien de choses dans un contexte de morosité économique. Le président Talon a promis lors de la campagne électorale de procéder à la révision de la constitution. Il a joint l’acte à la parole. Reste donc aux autres acteurs politiques d’apporter leur partition grâce aux propositions concrètes d’amendement au texte initial pour que l’on obtienne un texte final consensuel comme le souhaite la plupart des acteurs politiques et ceux de la société civile.