Electorat flexible

Chronique

Les ambitions des Béninois sont difficiles à canaliser. Surtout en période électorale, leurs comportements sont à craindre. Le Béninois est de nature, imprévisible. C’est ce qui explique d’ailleurs la multiplicité des partis politiques où parce que personne ne fait confiance à son prochain, ces formations naissent et poussent dans tous les coins de rue, comme des champignons.

Pour ce caractère imprévisible, le Béninois le démontrera encore lors de cette élection présidentielle, surtout entre les deux tours.
Hier partisan de X, il n’est pas exclu qu’il se retrouvât avec Y, autrefois adversaire politique. A preuve, les jeux interminables d’alliance et de dés-alliance, sont illustratifs de l’insatisfaction éternelle et du climat de suspicion qui domine surtout la période électorale chez nous. La fidélité parait l’exception en cette matière.

Hier au cours de notre petite promenade, nous avons tenté quelque sondage malgré notre méconnaissance des règles qui régissent la science. Qu’est-ce que nous n’avions pas entendu ? Tout ! Les qualificatifs fusèrent avec facilité et fertilité d’esprit. Certains se passeraient de virtuoses. Ceux qui constituaient hier, le bastion voire la citadelle imprenable de X, sont aujourd’hui et contre toute attente, favorables à Y qu’ils ont pourtant combattu au cours du premier round de cette bataille électorale.
Les raisons divergent. Et l’on perd raisonnement et se perd en conjectures. Qu’est-ce qui a pu bien se passer ? Seule réponse, les alliances. « J’ai voté Ajavon au premier tour mais son choix et son report sur Talon constitue ma difficulté. », se justifie Lord Yao, partisan de la vague bleue. Les reports tous azimuts de voix et les consignes constituent l’autre revers de cette méticuleuse et magique médaille. L’attachement n’étant malheureusement pas transmissible, il est difficile à parier en cette veille du vote du dimanche 20 mars prochain, que l’avantage qu’offre le multiple report de voix constitue un supplément de confiance pour conclure à la victoire hâtive de quelqu’un. Ce n’est pas évident que tous ceux qui ont voté et qui ont vu leurs voix reportées sur quelqu’un qui, peut-être ne leur inspire pas confiance, peuvent toujours respecter la direction du vent ou la nouvelle attitude qu’on a bien voulu leur imprimer. Le vote au Bénin, est malheureusement intuitu personae. Il ne se confine pas dans une discipline partisane. S’il est plus facile de jouer aux alliances sans crier gare, il est aussi aisé de jouer à volte-face si les conditions changent de même que les intérêts et les aspirations. C’est le cas du MOZEBE qui désobéit aux FCBE au premier tour en s’adjuvant l’habit bleu et qui, miraculeusement se rallie en ravalant ses vomissures. Entre les deux tours de cette élection, le reste très ouvert avec des électeurs toujours imprévisibles.

L’électorat, au Bénin, est flexible et il ne faut jurer de sa fidélité.
Il change de camp à loisir, selon qu’il estime que ses intérêts peuvent changer aussi de camp dans ce jeu interminable d’alliances, et de démariage. La flexibilité de l’électorat est un vecteur important dont il faut tenir compte, nécessairement.