Madagascar : Deux découvertes majeures sur les infections bactériennes néonatales

Afrique

Pendant 10 ans, plusieurs équipes de l’Institut Pasteur de Madagascar ont étudié les infections bactériennes qui touchent les nouveaux nés durant leur premier mois de vie. Et les résultats sont pour le moins préoccupants.

Les scientifiques viennent de faire deux découvertes majeures sur les infections bactériennes néonatales à Madagascar. La première, c’est que ces infections, qui peuvent conduire à des pathologies mortelles comme la méningite ou la septicémie, représentent un phénomène très répandu. « Les chiffres sont très élevés par rapport aux autres pays du monde. On est à 104 enfants infectés pour 1 000 naissances vivantes », relève le docteur Aina Harimanana, chargée de recherche au niveau de l’unité d’épidémiologie et de recherches cliniques de l’institut Pasteur. Aux États-Unis, par exemple, c’est 1 pour 1000.

« Cela signifie qu’un dixième des enfants vont présenter une infection néonatale. C’est très grave. Surtout, on s’est rendu compte que dans 85% des cas, cela survenait la première semaine de vie, rapporte encore Aina Harimanana. Notre deuxième constatation, c’est l’antibiorésistance. C’est-à-dire les agents pathogènes qu’on a identifiés ne répondent pas aux antibiotiques. Pas seulement à un antibiotique. Ça peut être 2 ou 3 antibiotiques. Ce qui est catastrophique dans un pays comme Madagascar où la capacité d’acquérir un antibiotique haut de gamme n’est pas donnée à tout le monde. »

« Clean birth’s kit »

Des résultats qui devraient alerter les autorités sanitaires de l’île. « Si l’on veut mettre en place une intervention de santé publique pour diminuer cette incidence, cette fréquence d’infection néonatales, il faut cibler cette période clé qu’est la première semaine de vie, observe Bich-Tram Huynh, médecin épidémiologiste, qui a piloté toute l’étude. Mais également tout ce qui se passe autour de l’accouchement, et notamment l’hygiène. Que la mère ait accouché dans les structures de santé ou à domicile avec des matrones. »

Une solution concrète pourrait donc être la généralisation de la distribution aux matrones des « clean birth’s kit », ces kits de naissance qui contiennent tout le nécessaire – un champ stérile, des gants, de quoi couper le cordon ombilical – pour accoucher une femme dans des conditions hygiéniques.

Questions en suspens

Bich-Tram Huynh rappelle également l’importance de la sensibilisation des jeunes parents aux signes annonciateurs d’une infection bactérienne. « Ces signes peuvent être très subtils. Bien sûr, il y a la fièvre. Mais aussi les pleurs longs, les geignements. Ça doit alerter la famille et la pousser à consulter très rapidement parce que l’infection néonatale, le premier mois de vie, peut dégénérer très vite et causer le décès du nourrisson. »

Cette étude soulève aussi d’autres questions non résolues. Quels sont les mécanismes de transmissions des bactéries à l’enfant ? À quel moment et par qui le nourrisson est-il contaminé ? Autant d’interrogations qui font d’ores et déjà l’objet d’une autre étude menée par l’institut Pasteur de Madagascar, et dont les résultats devraient être connus d’ici deux ans.

RFI