17 directeurs d’écoles primaires déchargés

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L’un des dossiers les plus importants du conseil des ministres de ce mercredi 18 avril 2018 porte sur de graves malversations observées dans la gestion du programme de cantines scolaires. Ce programme couvre actuellement 1579 écoles primaires publiques dans 11 départements du pays et court jusqu’en 2021 avec à la fin, plus de 350 000 écoliers impactés. Selon le compte rendu du conseil des ministres, des directeurs d’écoles, dans le but de soutirer des sacs de riz ou d’haricot déclarent plus d’écoliers qu’il en existe au sein de leur établissement.

Le Gouvernement, préoccupé par le relèvement du niveau de fréquentation dans nos écoles, a relancé dès la rentrée 2017-2018 les cantines scolaires, en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial (P AM). Un nouveau mode de gouvernance a donc été mis en place et un comité de suivi en assure le contrôle.

Des séances de sensibilisation de tous les acteurs impliqués dans la gestion des cantines ont été organisées, conjointement par le comité de suivi, le PAM et le ministère des Enseignements Maternel et Primaire, à l’endroit de plus de 2500 acteurs de l’école, pour les habiliter audit mode de gestion.
Malgré ces dispositions, les missions de contrôle du comité, organisées en octobre et novembre 2017, ont révélé des cas de malversations, notamment des détournements de vivres impliquant plusieurs directeurs d’écoles.
Leur mode opératoire consiste généralement à majorer l’effectif des enfants inscrits à la cantine pour justifier d’une sortie plus importante de vivres (riz, haricot, huile).
Les auteurs de ces fraudes se chargent ensuite de récupérer la différence pour leur propre compte ou en partage avec leurs complices.

La liste des mis en cause et les quantités de vivres détournées se présentent comme suit :

Emmanuel GNANSOUNOU, de l’Ecole primaire publique (EPP) TOKOLI dans la commune de Tori-Bossito. L’intéressé a déclaré 347 écoliers au lieu de 312, et a détourné 9 sacs et 24 kg de riz;
– Charlemagne AKPADJAN, de l’EPP LOTO-DENOU dans la commune d’ Allada. Ayant déclaré 294 écoliers au lieu de 205, il a réussi à détourner 187 kg de riz, soit 6,23 sacs;
– Xavier HOUNSA de l’EPP YOKPO-CENTRE dans la commune de Zè. En majorant l’effectif de son école, il a opéré la sortie frauduleuse de 6,5 sacs de riz, 1,5 de haricot et 3 bidons de 4,5litres d’huile. Il a reconnu avoir déjà distribué une partie du butin à deux de ses collaborateurs, et le reste des vivres était soigneusement caché dans son placard pour être emporté ultérieurement;
– William KPONOUKON, de l’EPP COVE-KAGBAHOUE dans la commune de Houéyogbé. En mentionnant 120 écoliers au lieu de 48, il a sorti frauduleusement 6 sacs de riz partagés selon ses dires, entre les membres du bureau de l’Association des parents d’élèves (2), du bureau du Comité de gestion (1), ses collaborateurs (1) et lui-même (1)
– Comlan Irénée SA VI de l’EPP KPOHOUNGONOU dans la commune de Comè. Déclarant 202 écoliers pour un effectif réel de 160, il a réussi à détourner 86,4kg de riz soit environ 3 sacs;
– Y. Michel AKPO de l’EPP ADIHINLIDJI dans la commune de Dassa Zoumè.
L’intéressé a présenté une situation qui a révélé un manquant de deux sacs de riz et d’un bidon d’huile qu’il a ramenés à la Direction départementale des Enseignements Maternel et Primaire/Collines avant leur retour dans le magasin de l’école ;
– Arthur GNANGUESSY de l’EPP KAODJI-GBATEZOUME dans la commune de Zangnanado. En majorant l’effectif de son école, il a détourné 4 sacs de riz et un bidon d’huile ;
– D. Y. Edouard HOUN GA de l’EPP GBAGLA-NOUNAGNON dans la commune de Sakété. Suivant la même méthode de majoration d’effectif, il a détourné 110 kg de riz en faisant inscrire dans le cahier de gestion, 27kg prélevés quotidiennement au lieu de 20. De plus, le contrôle physique du magasin a révélé un manquant de 4 sacs de riz;
– Jean GBETOME de l’EPP de DJOHOUN KOLLE/A dans la commune de Sakété. Suivant le même procédé, il a détourné 4,5 sacs de riz. En outre, en déclarant quotidiennement 90 kg prélevés alors qu’il ne remettait que 30 aux cuisinières, il sortait frauduleusement 2 sacs chaque jour, entraînant un épuisement précoce du stock;
– Christian E. HOUNDETONDJI de l’EPP SAHORO dans la commune de Sakété. Le cahier de gestion mentionne une sortie totale au bout de 20 jours de préparation, de 1293 kg de riz, 258,6 kg de haricot et 77,5litres d’huile au lieu de 993 kg de riz, 198,6 kg de haricot et 59,5litres d’huile, soit une sortie frauduleuse de 300 kg de riz, 60 kg de haricot et 18litres d’huile;
– Gbètogo Anicet HOUNKONNOU de l’EPP IGBO-EDE-CHAFFOU dans la commune de Pobè. Il a majoré son effectif de 74 et procédait ainsi à la sortie frauduleuse de 74 rations par jour. Par ailleurs, le contrôle des cahiers de gestion a révélé que la sortie des vivres s’opérait depuis le 18 septembre 2017 alors que l’école a été livrée le 22 septembre, ce qui lui a permis de détourner en sus 5 sacs de riz, 1 sac de haricot et 10 litres d’huile rien qu’en une semaine;
– J. Serge ANIANNOU de l’EPP MOWODANI dans la commune de Kétou. La majoration de l’effectif de 240 à 305 voire 316 a permis de détourner plus de 3 sacs de riz en un mois ;
– Augustin ADJAHLIN de l’EPP TOLLI dans la commune de Comè. Il a majoré son effecti( le portant de 92 à 145. Cette pratique a occasionné un manque de 4 sacs de riz retrouvés cachés. Pour couvrir son forfait, il a ordonné à ses collaborateurs d’inscrire des noms d’écoliers fictifs dans les registres du CE1 et du CE2;
– Ali Maroufou BOURAIMA de l’EPP DJEGBEMEGNON dans la commune de Bohicon. Il a déstocké dans la première semaine de la rentrée, 150 kg (soit 3 sacs) de riz, 25 kg de haricot et 8,25litres d’huile;
– Dorothée VIGNIGBE et Amos KPOMALEGNI, respectivement de l’EPP ADJOKO/ A et de l’EPP ADJOKO/B dans la commune de ZaKpota. Ils ont majoré les effectifs de leurs écoles (250 écoliers au lieu de 193 pour le premier, et 240 au lieu de 196 pour le second) et ont ainsi sorti frauduleusement 12,5 sacs de riz. En outre, un contrôle au magasin a révélé un manquant supplémentaire de 2 sacs de riz et de 4 bidons d’huile.

Sur l’ensemble des dix-sept (17) cas mis en évidence, les directeurs d’écoles ont été déchargés de leurs fonctions par le Ministre de tutelle au titre de mesures conservatoires.
En prenant acte de ce compte rendu, le Conseil déplore un tel comportement de la part d’éducateurs. Il en appelle au sens du devoir d’exemplarité vis-à-vis des apprenants, au sens de responsabilité qui leur incombe dans leurs communautés de vie.
Pour prévenir à l’avenir de telles dérives, le Conseil a donné des instructions aux Ministres concernés pour que des mesures disciplinaires soient prises à l’encontre des intéressés conformément aux textes en vigueur