Asie : Xi Jinping s’assure un troisième mandat à la tête de la Chine

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Xi Jinping a été reconduit pour cinq ans comme secrétaire général du Parti communiste chinois, dimanche 23 octobre, lors d’un vote à huis clos à l’issue du XXe congrès du PCC, selon l’agence officielle. Il devrait donc être officiellement confirmé à la présidence du pays en mars 2023.

C’est la fin d’un faux suspense. Le président chinois Xi Jinping a été reconduit ce dimanche à la tête du Parti communiste. L’homme fort de Pékin a été désigné pour un troisième mandat de cinq ans par un Comité central largement remanié du Parti communiste chinois (PCC). Il devient ainsi le dirigeant le plus puissant depuis Mao Zedong, fondateur du régime.

Point d’orgue de ce XXe congrès, la présentation du nouveau comité permanent du PCC ce dimanche matin, soit les sept hommes qui vont diriger la deuxième économie du monde. Et comme le veut la tradition, c’est le président qui est arrivé en premier sur le tapis rouge, emmenant ses camarades, notamment Li Qiang, futur Premier ministre, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde. Derrière lui et les autres, six costumes sombres et cravates rouges sur les strates du salon d’or, au troisième étage du Palais du peuple. Le visage fermé, bras le long du corps, presque au garde à vous, les six silhouettes ont écouté le secrétaire général et numéro un du Parti faire son discours.

On savait avec le départ à la retraite du Premier ministre Li Keqiang et celui, de l’ancien président Hu Jintao, poussé vers la sortie samedi, qu’il n’y aurait que des hommes du président dans ce comité. Ce sont des figures familières, explique Xi Jinping en les présentant. Il les a connus en partie quand il était secrétaire du Parti communiste du Zhejiang, une province de la côte orientale chinoise, et puis à Shanghai.

Son futur Premier ministre, Li Qiang, est le patron du PCC de Shanghai qui a la terrible réputation d’avoir confiné sa ville et ses habitants pendant 3 mois l’année dernière. Au Parti communiste, la fidélité prime en tout cas sur la popularité. Cette nomination est un signe « d’une fuite en avant toujours plus avérée dans l’idéologie, dans l’entêtement de Xi Jinping », observe Chloé Froissart, sinologue et professeure de sciences politiques des universités à l’Inalco. « La politique zéro covid ne sera pas remise en cause ».

Le secrétaire général du PCC de Pékin, Cai Qi, s’occupera du bureau des affaires générales du parti. Li Xi, secrétaire général du PCC de la province du Guangdong (sud), a été nommé au comité de discipline du parti. C’est un poste clé qui supervise la campagne anti-corruption lancée en 2012 par Xi Jinping pour faire tomber les corrompus et ses adversaires politiques.

Pour le jeune Zhao Leji, 65 ans, Ding Xuexiang, qui était assistant politique du président, et Wang Huning, l’idéologue en chef du régime depuis trois générations de dirigeants, ils sont tous considérés comme des proches du secrétaire général du PCC. Les deux grands partants, Li Keqiang, Premier ministre sortant, et Wang Yang, donné un moment comme nouveau chef du gouvernement, étaient tous les deux proches de l’ancien président Hu Jintao et de la faction de Jeunesses communistes. Le saint des saints du Parti communiste chinois, l’instance suprême, ne compte plus aucun opposant potentiel au numéro un chinois Xi Jinping, indique Joris Zylberman, du service international de RFI.

Pas plus que le comité permanent, le bureau politique, instance de décision du Parti communiste chinois, ne compte de femme. Une première en 25 ans. L’unique femme qui faisait partie de ce groupe de 25 personnes a pris sa retraite et aucun des nouveaux membres dévoilés ce dimanche n’est une femme.

« La Chine ne peut pas se développer sans le monde, et le monde a aussi besoin de la Chine »

Au cours de son discours, Xi Jinping a déclaré souhaiter « remercier sincèrement l’ensemble du Parti pour la confiance qu’il a placé en nous », l’équipe dirigeante, promettant de « travailler dur dans l’accomplissement des tâches ». Xi Jinping devra notamment faire face à une économie en fort ralentissement, conséquence notamment de la politique « zéro Covid » pratiquée depuis près de trois ans.

Lors d’une allocution devant la presse après avoir obtenu un troisième mandat à la tête du Parti communiste et donc du pays, Xi Jinping a assuré : « La Chine ne peut pas se développer sans le monde, et le monde a aussi besoin de la Chine ». Le président a salué les « deux miracles » réalisés dans le pays : « un développement économique rapide et une stabilité sociale sur le long terme ». En une décennie à la tête du pays, Xi Jinping a réussi le pari de faire de la Chine la deuxième économie mondiale, dotée d’une des armées les plus puissantes au monde. Le chef de l’État a d’ailleurs été reconduit également à la tête de la Commission militaire centrale. Au sein de celle-ci, plusieurs des généraux nouvellement promus font partie de la clique du détroit de Taïwan et sont très belliqueux et poussent pour une invasion de l’île. Cela confirme que Taïwan est une priorité absolue de la Chine de Xi Jinping, note Joris Zylberman, du service international de RFI.

Xi Jinping mène le navire Chine et il a redonné sur l’estrade du salon d’or du Grand Palais du peuple les objectifs : « La construction d’un pays socialiste moderne et la marche vers la grande renaissance de la nation correspond à un souhait et une longue attente, la modernisation de la Chine est le résultat des efforts conjugués du Parti communiste chinois et du peuple chinois ».

La modernisation du pays est donc pour 2035, la Grande renaissance de la nation est pour 2049. Désormais, plus rien n’empêche Xi Jinping de se prolonger au pouvoir. Et si la Chine doit devenir un pays socialiste moderne avec une économie ouverte, c’est le peuple, et surtout le Parti, qui prime sur tout le reste dans cette modernisation.

(Et avec AFP)