Conférence publique de l’Ansalb sur la problématique  du FCFA et de l’Eco mercredi : Voici les clarifications du Professeur Victor Topanou

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Après la grande conférence qui a permis d’éclairer le grand public sur «monnaie et crypto-monnaie en Afrique», l ’Académie nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin ( ANSALB) organise, ce mercredi 6 décembre 2023 au Palais des congrès à Cotonou, une Conférence publique sur la problématique  du franc CFA et de l’Eco. «Le franc CFA peut-il être indépendant et s’intégrer à l’Eco ?», tel est le thème de la dite conférence publique qui a pour conférencier le Professeur Mamadou Koulibaly.Invité de l’émission 5/7 de l’ORTB, mercredi 29 novembre 2023, le Professeur Victor Topanou a donné des clarifications sur la conférence publique de ce jou

Professeur Topanou, pourquoi avoir choisi de faire une conférence publique sur un sujet si clivant ?

Professeur Victor Topanou: « C’est précisément parce que la mission ou l’objectif de l’Académie nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin est de porter, vers le grand public, les débats qui d’ordinaire sont enfermés dans les sphères politiques ou universitaires. Et donc, l’Académie béninoise a décidé depuis quelques années, d’un grand programme de conférences publiques qu’on appelle le programme des grandes conférences et qui permet de redescendre,  faire   redescendre autant que  faire se peut le débat auprès du grand public. Le professeur  Ezin qui est l’un des  animateurs de ce groupe a souvent l’habitude de dire « je souhaiterais qu’à la fin de ces conférences là, la dame du marché Dantokpa puisse comprendre exactement le fond du problème». Cela s’est déjà passé avec des thèmes comme le développement qui, d’ordinaire est un concept galvaudé. Il a fallu faire appel à des universitaires techniciens de leur domaine pour essayer de démystifier le concept et de le faire comprendre à beaucoup de gens. Nous avons eu beaucoup de retours très  positifs dans ce sens. L’ANSALB a également organisé un débat sur la Covid 19 tout récemment pour essayer de tirer quelques enseignements de cette expérience douloureuse pour beaucoup de pays, et pour nous aussi. Puisque tout le monde se souvient du nombre de décès qu’il y a eu au cours de cette période là. Donc la question du CFA fait parti de ces questions qui animent souvent les réseaux sociaux, la presse et les débats politiques. Et l’ANSALB s’est dit comment est-il possible de s’organiser pour décrocher ce débat du milieu politique et du milieu universitaire, de le poser au grand public béninois, « la dame du marché Dantokpa » pour que cette question lui soit compréhensible. Évidemment, dans ces conditions là, on ne peut pas se contenter de grands mots, de grands discours. Il faut trouver les concepts suffisamment larges, populaires compréhensibles pour tous. Et c’est ce que nous allons faire le 06 décembre au palais des congrès, me semble-t-il. Et pour cela, nous avons fait venir un universitaire. C’est vrai qu’on nous dira qu’il a été politique ; et c’est d’ailleurs de cette manière que vous m’aviez tout à l’heure présenté aussi. C’est le professeur Koulibaly qui a été ministre sous Laurent GBAGBO, qui a été également président de l’Assemblée nationale, mais qui est d’abord et avant tout, un universitaire, professeur titulaire d’économie de Côte d’Ivoire, du CAMES que tout le monde connaît. Parce que dans ce milieu de débat sur le  CFA, il y a deux fortes personnalités universitaires. Un togolais, Kabomoko et l’ivoirien Koulibaly.

Professeur Topanou, dites-nous, sous quel angle le thème sera-t-il abordé au cours de la conférence du 6 décembre au palais des congrès?

Le professeur Koulibaly a accepté de venir échanger avec nous y compris les dames du marché Dantokpa sur cette question. Et pour éviter que ce ne soit un débat trop technique, l’Académie a préféré l’inscrire dans la perspective de la monnaie commune ou unique que la CEDEAO a l’intention d’émettre en Afrique de l’Ouest : c’est-à-dire l’Eco. La question qui lui a été posée c’était de savoir si le CFA peut continuer d’être une monnaie indépendante et s’intégrer dans l’Eco ? Ça c’est sous cet aspect que nous, nous avons voulu aborder le sujet. Et donc, il ne sera pas question de dire oui, le FCFA est une monnaie coloniale, c’est-à-dire le discours que l’on connaît des activistes. Peut-être lui aussi professeur, lorsqu’il lui arrive de faire la politique, c’est ce qu’il dit. On ne va pas lui   poser la question sous cet angle là. Nous, ce qui nous préoccupe, c’est le  devenir de notre sous-région. Et le devenir politique passe incontestablement par cette question de souveraineté monétaire. Et donc, la question c’est de savoir si nous allons les yeux fermés vers l’Eco en faisant abstraction de tout ce qui existe. C’est-à-dire le CFA pour les huit pays de l’Afrique de l’Ouest, le Naira pour le Nigéria, et le Cedi pour le Ghana etc… Autrement dit, la question que nous nous posons en termes de  CFA, le Ghana aussi pourrait se la poser. Est-ce qu’on maintient l’indépendance du cedi en intégrant la monnaie Eco. Et le Nigeria pourrait également se la poser. Est-ce le Nigéria maintient l’indépendance du naira en allant vers la démarche commune qui est celle de l’Eco. Comme nous, nous sommes de l’Afrique de l’Ouest et nous appartenons à une certaine communauté financière, nous nous sommes dits, que nous posons la question pour nous-mêmes en étant persuadés que les autres également le feraient pour eux-mêmes. C’est sous cet angle que nous voulons aborder le sujet.

Nous assumons la liberté d’expression, la liberté d’opinion de chacun de nous et à l’évidence sur les réseaux sociaux où il n’y pas nécessairement le recul qu’il faut pour la réflexion. Il se pourrait qu’il y ait des confusions, mais on ne va pas craindre les confusions et refuser de mener un débat. Ce qui est sûre, c’est que la communication du professeur Koulibaly est soutenue par un écrit. Mais, si à un moment ou un autre quelqu’un sort une phrase de son contexte et va le balancer dans un contexte différent sur les réseaux sociaux,  je pense que tôt ou tard il aura quelqu’un pour rappeler celui là à l’ordre pour lui dire attention, que nous avons le support ; que ce n’est pas ce qu’il a dit.  Il ne faut pas sortir de son contexte. Pour nous, le plus important, c’est d’instaurer le débat, et de l’instaurer non pas sous son aspect activiste encore moins politique. Mais d’essayer de trouver l’angle scientifique nécessaire parce que quoi que l’on dise, quoi que l’on fasse, tout le monde sait qu’aujourd’hui que nous utilisons le franc CFA. Que dans l’espace communautaire, il n’y a pas que le CFA. C’est pour ça j’ai dit tantôt qu’il revient aux nigérians eux-aussi de mener la même démarche. Est-ce qu’ils vont vers l’eco avec l’indépendance du naira, ou ils doivent remettre en cause l’indépendance du naira pour aller vers l’eco ? Autrement dit, c’est un débat sur la monnaie commune, ou la monnaie unique. C’est sous cet angle que nous allons le voir, en attendant peut-être que les africains de l’Uemoa changent par eux-mêmes, par décision politique le nom  de leur monnaie. Et en ce moment là, nous nous allons prendre acte et réfléchir sur la nouvelle  dénomination qu’ils ont retenue. La conférence du 06 décembre ne portera pas sur la question de savoir  si oui ou non, nous continuons avec le Cfa. Non, non, non. C’est sous cette forme que les activistes et les politiques perçoivent le sujet.

Vous savez, nous on est des universitaires, et nous partons de l’idée qu’un sujet peut être abordé sous multiples angles. Et donc l’angle que vous proposez bien sûr peut faire l’objet d’une discussion. Je ne  sais pas celui que nous avons choisi. Il n’empêche pas que quelqu’un au cours du débat puisse interpeller le professeur en disant professeur Koulibaly, nous vous avons entendu déjà sous cet aspect là ; c’est vrai que ce n’est  pas sous cet angle qu’on vous a demandé de présenter votre communication.

Mais dites-nous, ce que vous en pensez. ?

Il aura tout le loisir de répondre. Et je pense qu’il n’y pas de censure universitaire. Un universitaire ne dira jamais : non  je ne réponds pas à une question. Il y a parmi les universitaires, certains qui sont beaucoup plus pédagogues que d’autres. Ça c’est évident. Lorsque vous avez un enseignant chercheur beaucoup plus axé sur la recherche, il est moins communicatif, donc il est moins enseignant. D’autres sont plus enseignants et moins chercheurs. Et donc, il y a les deux. Je pense que le professeur Koulibaly est une parfaite combinaison  de bon chercheur et de bon enseignant. C’est à lui de retrouver les mots. Parce qu’il a les termes de références. On lui a rappelé que c’est à la dame du marché de Dantokpa qu’on veut parler. Et moi j’ai déjà le  support écrit de sa conférence qui est d’une limpidité, d’une clarté incontestable.

Réalisation: La Rédaction & Transcription: Léonel Ebo