Une rentrée des classes sur fond de morosité ambiante

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A quelques heures de la rentrée scolaire 2017-2018, fixée pour ce lundi 18 septembre 2017, écoliers et élèves devront reprendre le chemin des classes à cette date précise, sur toute l’étendue du territoire national.

Dans tout le Bénin, la précocité de la date de démarrage des cours, contrairement aux années antérieures, bouleverse bon nombre d’habitudes. Les gérants de stands de vente de fournitures scolaires, habitués à des chiffres d’affaires non négligeables à la veille de chaque rentrée crient à la mévente. « Depuis le matin, nous ne notons aucune affluence ici. Regardez par exemple les tas de cahiers exposés. Ils n’ont pas diminué, les parents d’élèves ne sortent pas comme il le faut. On se demande même si nous sommes vraiment à la veille de la rentrée », se désole Roger A., tenancier d’un stand situé en plein cœur de la ville de Savalou.

Selon ce gérant, c’est son commerce qui est ainsi impacté négativement. « L’année dernière, à pareilles heures (14 heures), mon chiffre d’affaires variait entre 200.000 et 300.000 F Cfa. Mais depuis le matin, ce que j’ai vendu n’avoisine même pas 100.000 F Cfa. Ça ne va pas », confie t- il.
La plupart des parents rencontrés ne font pas dans la dentelle. Christophe Asssogba, cultivateur à Doumé, un arrondissement de Savalou, dit avoir été tout simplement surpris. Du coup, tout son calcul se retrouve faussé : « nous les paysans, préparons la rentrée des enfants grâce à la vente des produits de champs. Malheureusement, cette année, ces produits ne sont pas encore prêts avant la rentrée. C’est nouveau », déclare-t-il avant d’ajouter, « à partir de lundi, mes enfants vont commencer par suivre les cours sans fournitures puis progressivement je vais leur en acheter ».
La rentrée scolaire n’a pas trop surpris Pascal Dènoudé, instituteur d’une école primaire publique et parents d’élève. Selon lui, vers la fin de l’année scolaire écoulée, les enseignants ont eu vent de ce que la prochaine année scolaire allait vite démarrer, en septembre précisément.
Mais à l’image du cultivateur, l’homme n’a pas encore acheté les fournitures scolaires au profit de ses enfants puisque n’étant financièrement pas prêt : « les primes de rentrée perçues ont été utilisées pour résoudre d’autres obligations aussi importantes ». Mais il compte se rattraper en faisant « feu de tout bois, même s’il faille contracter des dettes pour répondre à cette obligation parentale ». A l’entendre, l’Etat béninois a décidé de payer les salaires du mois de septembre 2017 avant la date du 18. L’instituteur souhaite vivement que ce soit une réalité qui permettra à plusieurs parents d’accomplir leurs devoirs vis-à-vis de leurs progénitures.

La reprise des cours à compter du lundi, une décision irréversible

« C’est frustrant d’aller à l’école sans fournitures scolaires au moment où certains camarades ont déjà les leurs dès le premier jour de la rentrée », affirme Sylvano Gouvidé, élève. « Je suis convaincu que je vais vivre cette dure réalité pour la première fois car mes parents aussi n’ont pas encore pu nous acheter le nécessaire, à cause de la rentrée anticipée », ajoute- il.
« On n’a pas le choix, il faut se battre pour que les enfants reprennent, lundi. Nous verrons le reste avec le temps », raisonne un parent pendant l’entretien avec M.Assogba.
Le cultivateur de Doumè est aussi « conscient » de ce que, « le gouvernement ne peut pas prendre une décision pour le mal des citoyens ».
Les gérants de stands de vente de fournitures scolaires, « promettent pour la plupart, rester, au moins un mois après la reprise des classes afin de permettre aux retardataires de venir faire leurs achats ».