Niger : Une intervention étrangère ne résoudra pas la crise, selon la Russie

Afrique

Alors que Berlin appelle à poursuivre «les efforts de médiation», la Russie estime qu’une intervention extra-régionale envenimerait le conflit.

Une intervention étrangère ne permettra pas de résoudre la crise au Niger, pays sahélien déstabilisé par un coup d’État, a estimé vendredi le Kremlin, au moment où le président déchu Mohamed Bazoum a appelé Washington et la communauté internationale à agir.

«Il est peu probable que l’intervention de forces extra-régionales puisse améliorer la situation», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, tout en appelant au «retour rapide à l’ordre constitutionnel» au Niger.

«Efforts de médiation»

Le gouvernement allemand a appelé vendredi à poursuivre les «efforts de médiation» avec la junte militaire qui a pris le pouvoir par la force au Niger pour trouver une issue politique et éviter toute intervention armée.

«Il est important que nous laissions tout d’abord la place aux efforts de médiation et que ces efforts de médiation puissent être menés à bien, dans l’espoir qu’une solution politique en résulte», a déclaré un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse régulière.

Une délégation de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), conduite par l’ex-président nigérian Abdulsalami Abubakar, est repartie de Niamey dans la nuit de jeudi à vendredi après avoir fait des propositions de «sortie de crise» auprès de membres de la junte.

«Je ne sais pas si la médiation a échoué ou non», a poursuivi le porte-parole, interrogé à ce sujet, jugeant qu’il ne fallait pas tirer de conclusions hâtives du départ de la délégation après quelques heures.

«Parfois, on met ses attentes sur la table et la partie adverse doit encore y réfléchir un jour ou deux», a-t-il dit.

Pour Berlin, il semble que le processus de négociations n’en soit qu’«à son début».

Lourdes sanctions de la CEDEAO

«Parce que les sanctions imposées par la CEDEAO commencent seulement à faire leurs effets, et nous voyons aussi que la cohésion (…) au sein des forces armées n’est pas aussi grande que les putschistes le souhaiteraient», a estimé le porte-parole.

Tout indique, selon lui, que le putsch du 26 juillet «était de nature très improvisée» et il n’est pas certain que la junte «puisse compter sur le soutien durable de la population».

Le 30 juillet, la CEDEAO, qui a imposé de lourdes sanctions à Niamey, a donné jusqu’à dimanche aux putschistes pour rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum renversé, sous peine d’utiliser «la force».

Une réunion des chefs d’état-major de la CEDEAO doit s’achever vendredi après-midi à Abuja, alors que plusieurs armées ouest-africaines, dont celle du Sénégal, se disent prêtes à envoyer des soldats si une intervention militaire était décidée.

Levée du couvre-feu

Les militaires qui ont renversé au Niger le président Mohamed Bazoum ont décidé de lever le couvre-feu instauré le 26 juillet, jour de leur coup d’État, selon un décret parvenu vendredi à l’AFP.