Haïti : Un chef de gang brandit la menace d’une guerre civile et d’un génocide

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En Haïti, le chef de gang Jimmy Cherizier menace d’une guerre civile sanglante et d’un génocide, si le Premier ministre Ariel Henry reste au pouvoir. Ariel Henry qui, de retour de l’étranger, tente sans succès de revenir dans le pays. Depuis des mois, les gangs tuent, pillent, violent, kidnappent, et contrôlent la plus grande partie de Port-au-Prince. Dans la capitale, les habitants font face aux pénuries.

Depuis la semaine dernière, les gangs mènent des attaques coordonnées en Haïti – ils ont libéré les prisonniers des deux plus grands centres pénitentiaires du pays, et tentent toujours de prendre le contrôle de l’aéroport de Port-au-Prince Toussaint- Louverture. Des tirs ont continué à retentir dans la zone jusque tard dans la soirée. Ce mardi 5 mars, lors d’une conférence, le chef de gang Jimmy Cherizier, alias Barbecue, a menacé le pays d’une guerre civile.

« Si Ariel Henry ne se retire pas, le pays subira un génocide. Si Ariel Henry ne se retire pas, si la communauté internationale continue à soutenir Ariel Henry, elle nous conduira directement à une guerre civile qui se terminera par un génocide, assure-t-il. La communauté internationale, en particulier les États-Unis, le Canada, la France et le Core Group seront responsables de toutes les personnes qui mourront en Haïti. »

Pendant ce temps, Ariel Henry tente toujours de revenir dans le pays – sans succès. Le Premier ministre haïtien était à Nairobi pour signer un accord permettant l’envoie d’une force multinationale en Haïti. Hier, selon la chaîne d’information dominicaine CDN, l’avion privé du Premier ministre est arrivé à Porto Rico, après le refus de la République dominicaine de le laisser atterrir. Ce mercredi, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une réunion en urgence sur la nouvelle escalade de violence en Haïti, où la situation continue de se dégrader.

« Les prix ont presque doublé »

Depuis l’attaque par des gangs contre deux prisons ce week-end et l’évasion des milliers de détenus, les tirs fusent dans la capitale Port-au-Prince. Ses habitants ne sortent plus de chez eux au risque de recevoir une balle perdue. Les pharmacies sont pillées, les activités sont pour la plupart paralysées.

Quelques commerçants se risquent à ouvrir boutique. Mais pour combien de temps encore ? Car les réserves s’amenuisent et ne sont pas réapprovisionnées. L’inquiétude monte au sein de la population. Dans les rues de Port-au-Prince, les tas de voitures s’empilent, il est impossible pour les camions de livraison de franchir ces imposantes barricades.

La principale compagnie d’eau potable, Culligan, a prévenu dès lundi 4 mars les Haïtiens sur le réseau social Facebook, que les livraisons des bidons d’eau sont suspendues, mais l’entreprise n’a pas précisé jusqu’à quand. Pourtant, les jours sont comptés. Les habitants puisent dans leurs dernières réserves d’eau potable. C’est, par exemple, le cas de cette résidente de Port-au-Prince qui préfère garder l’anonymat.

« Quand il n’y aura plus de réserves, les voitures ne pourront pas ramener de l’eau pour remplir ces réserves, je ne sais pas combien de jours on va pouvoir tenir, je ne sais pas comment ça va être », dit-elle.

Il est impossible de boire l’eau du robinet, car elle est insalubre. Mais la tension n’est pas seulement autour de l’eau. Les denrées alimentaires sont aussi concernées, explique cette habitante de la capitale haïtienne. Un poids de plus dans la balance de l’inflation.

« C’est beaucoup plus cher qu’avant, les prix ont presque doublé, comme le riz, l’eau ou la farine. Les marchands vendent ce qu’ils avaient en réserve, ils ne vont pas pouvoir aller dans les grands dépôts, car ces dépôts sont soit pillés soit fermés », poursuit-elle.

La nourriture va bientôt manquer, aggravant l’insécurité alimentaire. Quelque 44% des Haïtiens y sont pourtant déjà confrontés selon l’Organisation des Nations unies (ONU).