Introduction d'une langue nationale dans le système éducatif béninois :  Raphaël Zossoungbo fait une recommandation à Talon

Société

Dans une lettre ouverte adressée au Chef de l’État, un citoyen béninois fait une importante recommandation au Président de la République  afin de concrétiser l’idée d’introduction d’une langue nationale dans le système éducatif béninois.

 

C’est à travers cette démarche que cet enseignant de carrière entend poursuivre sa contribution au développement de son pays. Dans cette correspondance, il rappelle humblement à son destinataire qu’aucun pays au monde n’a atteint un niveau de développement  considérable en utilisant une langue étrangère dans son système éducatif. En d’autres termes, la Chine, le Japon, la France, la Russie, l’Allemagne, etc… n’ont atteint leur niveau de développement actuel en dehors de leur langue qui est également utilisé dans leur propre système éducatif. Cet enseignant de français dans les lycées et collèges du Bénin se demande donc quelle grande nation s’est réellement développée avec une langue autre que la sienne. “Les Français se sont développés avec le français. Les Anglais se sont développés avec l’anglais. Les Chinois se sont développés avec le chinois. Avec quoi le Bénin veut-il se développer ? Tout se passe comme si notre pays est sans identité et sans origine. Si les lettrés béninois ont assassiné leur pays en votant le français et l’anglais respectivement première et seconde langues du Bénin dans notre constitution, ils ont juste montré les limites de leurs réflexions ; ils ont manqué simplement d’être des intellectuels. Voilà pourquoi ils n’ont jamais osé poser les actes de développement jusque là”, soutient-il dans la lettre. À travers les lignes de cette correspondance, ce digne citoyens béninois convie son Président à trancher définitivement la question d’introduction d’une langue nationale dans le système éducatif béninois afin d’amorcer le réel développement du pays. Il compte sur l’audace et la témérité de l’actuel locataire de la Marina à résoudre cette équation qui traine depuis les indépendances de 1960. Lire la lettre ouverte

Présentation: Roméo TOSSOU

 

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LETTRE OUVERTE

Une recommandation au président de la République, Patrice TALON, après 4 ans de mandature.

Cossi Raphaël ZOSSOUNGBO.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Ma joie est très grande lorsque je compte avec vous et votre gouvernement, quatre bonnes années de gouvernance. Votre point quadriennal, vos ministres et directeurs généraux de sociétés, dans une heureuse procession, passent dans les médias pour le faire. C’est avec fierté que je les écoute car, sourd, j’entends ce qui se passe dans les murs de notre nation ; aveugle, je vois ce qui se passe dans la République. Je ne vous jette pas des fleurs de satisfecit, même si c’est le cas, que ses parfums vous embaument et vous maintiennent sur le chemin du bien. Mon écrit ne veut pas reprendre vos belles prouesses. Mon texte intitulé  » Patrice TALON, une réponse à un problème du Bénin », publié sur les réseaux sociaux le vingt-neuf décembre de l’an passé, vous précède déjà  dans votre élan de bilan ; texte dans lequel je vous confondais d’abord au Roi GUÉZO puis au Roi BÉHANZIN.

Excellencetant Monsieur le Président de la République, mon écrit se veut simplement être la lumière de votre politique de développement. En effet, Excellence Monsieur le Président, sur le chantier de développement je note un élément capital qu’est la LANGUE. C’est toujours un coup de poignard qui traverse mes entrailles lorsque je constate que notre pays, après soixante ans d’indépendance n’a aucune langue nationale d’intercommunication. Dans vos discours, vous répétez fièrement sans vous lasser que le Bénin, notre pays est une grande nation. Et c’est vrai. Je vous applaudis. Mais, quelle grande nation s’est-elle développée avec une langue étrangère ? Les Français se sont développés avec le français. Les Anglais se sont développés avec l’anglais. Les Chinois se sont développés avec le chinois. Avec quoi le Bénin veut-il se développer ? Tout se passe comme si notre pays est sans identité et sans origine. Si les lettrés béninois ont assassiné leur pays en votant le français et l’anglais respectivement première et seconde langues du Bénin dans notre constitution, ils ont juste montré les limites de leurs réflexions ; ils ont manqué simplement d’être des intellectuels. Voilà pourquoi ils n’ont jamais osé poser les actes de développement jusque là. Vous, vous posez audacieusement, depuis que vous détenez la machine gouvernementale, des actes de développement sur le plan national et international. Le pied de grue que vous faites à la France, notre mère colonisatrice, pour réclamer triomphalement nos patrimoines culturels en est une illustration. Bravo ! Ces pays cités supra, dont le monde envie le modèle de développement, ont tous une histoire socioculturelle. Ils ont plusieurs langues. Et pourtant!

Excellence Monsieur le Président de la République, jusqu’à présent, vous avez dirigé le pays avec la minorité. La majorité est considérée comme des moutons de panurge car dans son propre pays, elle ne comprend pas la langue de communication. Paradoxe ! Dans vos discours solennels, souvent crémeux, je vous le souligne, vous vous adressez à une minorité. Pire, beaucoup d’entre elle ne comprennent pas grande chose de vos discours programmes. Le bilan que font vos ministres à la télévision, sont presque inutiles. Nous qui savons lire, lisons tout ce qu’ils faisaient dans les journaux et sur les réseaux sociaux. Nous savons à peu près ce qu’ils peuvent dire s’ils veulent être véridiques. La majorité qui est pour la plupart analphabète du français, n’est-elle pas intelligente pour coopérer au développement du pays ?

Excellence Monsieur le Président de la République, une révolution de langue s’impose ! Notre situation  multilingue, nos querelles interrégionales seraient un facteur de freinage. Voilà pourquoi il faut une résistance âpre pour parvenir au choix d’une langue nationale d’intercommunication. Au commencement, Dieu a créé le monde et l’a trouvé très beau uniquement avec sa Parole et la gloire de cette Parole s’est révélée en son Fils Jésus-Christ. <<_Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire_>> (cf Jn1,14). Ce Jésus qui est établi Roi des rois par le Père chez les chrétiens et par ricochet, Président des présidents chez tout les peuples qui le prennent pour sauveur. Vous avez la nécessité de vous adresser à vos sujets dans la langue de leurs pères. Le psalmiste dira au sujet de Dieu, pour montrer sa manière de communiquer à ses fils : << _Il envoie sa Parole sur la terre : rapide, son Verbe la parcourt_ >> (cf Ps147, 15). Vous avez l’urgence de vous adresser au peuple béninois dans la langue qu’il comprend.

Excellence Monsieur le Président de la République, je  veux qu’une de nos langues nationales soit introduite dans le système éducatif formel de notre pays, non seulement comme matière mais aussi comme médium d’enseignement. Vous avez tout le pouvoir de le faire. Vous avez le charisme nécessaire. Nous vous avons vu à l’œuvre. Nous avons les outils adéquats pour faire face à ce défi d’intérêt national.

Excellence Monsieur le Président de la République, si l’enfant doit régler tous les problèmes de la vie avant de naître, il serait encore dans le ventre de sa mère. Si vous êtes prêt, nous sommes prêts. Si vous ne parvenez pas à régler ce problème de langue, plus personne ne pourra le faire. Le peuple béninois a soif de vous voir, vous et votre gouvernement, tous habillés en tenues locales pour animer un conseil des ministres. Il a soif de vous entendre tenir un discours en une langue nationale un 1er août ou un 6 avril.

Excellence Monsieur le Président de la République, je vous sais gré de l’ultime intérêt que vous accorderez à ma lettre.

Que vive le Bénin dans la fraternité, la justice et le travail ! Amen.

 

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