Pourquoi des poissons sont morts sur le lac Toho

Economie & Tech

On ne sait pas encore la source du problème mais ce que l’on voit est un véritable désastre halieutique. Des poissons en dizaines de milliers flottants à la surface de l’eau et sur les rives du lac Toho à Kpinnou dans la commune d’Athiémé, département du Mono au sud du Bénin. Les autorités en charge de ce secteur se sont immédiatement dépêchées sur les lieux pour constater les dégâts.

Ce lundi 21 mai, le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche Gaston Cossi Dossouhoui s’est rendu en urgence sur les rives du lac Toho dans la commune d’ Athiémé pour observer de ses propres yeux l’étendue des dégâts.

Déjà la veille, les informations selon lesquelles un poison serait à la base de cette tragédie dans cette partie du lac avaient circulé. Sur les lieux, l’autorité a pu constater lui-même qu’une couche de liquide étrange flottait sur cette partie du lac.
«Dans la nuit d’hier, j’ai eu l’information relative à une pellicule rouge qui flotterait sur le lac Toho du côté de Kpinnou. Déjà, depuis la matinée, des poissons flottaient », a confirmé le ministre. Il a aussi remarqué que cela n’inquiétait pas les pêcheurs de la région qui étaient légion sur l’eau à ramasser ce qui serait, selon eux, l’effet de la providence.

« Les pêcheurs ont trouvé ça comme un don de Dieu et les ramassaient. Les femmes les fumaient. Nous avons dépêché une équipe technique sur le terrain. Nous sommes venus observer ce matin et il y a une belle brochette de pêcheurs, avec leurs pirogues, effectivement sur le plan d’eau », indique Cossi Dossouhoui.

Une fameuse pellicule…

Monsieur Olivier Zaga est le promoteur de la ferme qui jouxte la berge de ce lac. Pour lui, c’est un gros investissement qui est parti à l’eau. « Il y a trois ou quatre jours, nous avons été informés que les poissons sont en train de mourir au niveau de la berge du lac Toho ici à Kpinnou. Le vendredi dernier, cela a atteint ma production. Un produit nocif serait versé dans le lac et serait à l’origine de la mort massive des poissons. J’ai perdu toute ma production d’élevage. On peut estimer la perte à au moins dix tonnes de tilapia. Ceci en une journée. En une journée, j’ai tout perdu ».

Dans son déplacement ce lundi, le ministre est arrivé sur les lieux avec les services du laboratoire central de sécurité sanitaire des aliments. Ce service a été instruit à faire les premiers prélèvements dans le lac, afin de déterminer après analyse, l’origine réelle de cet empoisonnement présumé des poissons du lac. « Nous avons prélevé des échantillons qu’on va analyser très rapidement pour savoir le degré de toxicité. Peu importe si c’est mineur, il faut éviter de manger ces poissons », souligne le ministre. Les regards sont désormais tournés vers le Laboratoire central de sécurité sanitaire des aliments. Son Directeur, Chabi Sika Kisito, et son équipe ont fait des prélèvements dans les eaux pour des analyses. « Nous sommes venus sur le terrain pour effectuer quelques prélèvements afin de statuer sur l’origine de cette intoxication. Comme on le constate, il y a eu beaucoup de poissions morts. Certainement, c’est un produit chimique hautement toxique qui a eu des effets sur les bronchites, qui a étouffé voire asphyxié les poissons dans leur environnement. Maintenant sur le terrain on ne peut pas encore situer quel est le type de toxine qui peut créer ça. Ce sont les analyses au laboratoire qui permettront de déterminer ça. Le travail au laboratoire peut durer deux à trois jours. Mais, vu l’ampleur de la situation, nous allons travailler beaucoup plus vite pour déterminer la molécule qui est l’origine de cette intoxication ».

Des mesures prises

Le ministre Dossouhoui a aussi pensé à donner des instructions pour que les « femmes qui ont fumé ou qui ont pris du poisson dans les villages qui entourent ce lac, on se refuse de leur acheter ces poissons. Les pêcheurs, on doit prendre les mesures pour leur interdire la fréquentation du plan d’eau. Ne serait-ce que pour une période de dix jours à deux semaines ».
« La première mesure à prendre, c’est d’inviter la police fluviale à faire tout de suite la patrouille sur le lac et permettre de circonscrire le mal. Ensuite, elle va monter un piège afin de capter la pellicule qui flotte. Il faut éviter que, à la faveur du vent, la pellicule couvre tout le lac. Il faut arrêter tout de suite la saignée. Comme mesure conservatoire, le maire d’Athiémé, le Préfet du Mono et les élus locaux devraient rapidement contacter les Chefs-villages pour que de façon communautaire, on traite la question parce qu’il y a un risque d’intoxication de la population », a-t-il fait savoir.
Il faut dire que cette crise qui secoue actuellement le secteur halieutique dans la région risque de se propager rapidement vers d’autres localités si rien n’est fait rapidement comme l’indique le ministre de tutelle. Pour l’heure, * Gaston Cossi DOSSOUHOUI invite les promoteurs de fermes, les éleveurs de poissons à souscrire à des polices d’assurances pour protéger leurs investissements. « Je lance un appel à ces genres de promoteurs d’assurer leurs investissements* car celui-ci ne l’a pas fait. Cela ne coûte rien ».