« Nous n’avons pas attendu Dakar avant d’annoncer notre départ du pouvoir en 2016 »

Politique

Le vendredi 05 décembre à la première journée du dialogue politique avec la classe politique à la salle des ambassadeurs à la Présidence de la République, le Président de la république, Dr Boni Yayi, a réitéré son engagement de quitter le pouvoir conformément à la constitution du 11 décembre. « Nous n’avons pas attendu Dakar avant d’annoncer notre départ du pouvoir en 2016 », a-t-il souligné.

Cette précision du chef de l’Etat béninois en vaut la peine. Samedi 29 novembre, François Hollande avait martelé son avertissement aux dirigeants qui voudraient s’accrocher au pouvoir à tout prix, devant les chefs d’Etat et de gouvernement majoritairement africains réunis au XVe sommet de la Francophonie à Dakar. Pour le président Hollande, « il peut y avoir des révisions de Constitution mais lorsqu’une Constitution a été adoptée par un peuple et que des règles ont été posées pour les candidatures à l’élection présidentielle, alors il ne peut pas être question à la veille d’un scrutin de changer l’ordre constitutionnel ». Cet avertissement a provoqué remous et critiques.

Au Bénin par exemple où la question agite toutes les attentions, le texte actuel de la constitution, adopté en 1990, limite à deux le nombre de mandats présidentiels et interdit donc en l’état à Boni Yayi, élu en 2006 et réélu en 2011, de se présenter une troisième fois. Et l’article 42 de la constitution est clair à ce propos. Il stipule : « Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels ».

Le projet de loi portant révision de la constitution déposé à l’Assemblée nationale fait croire à nombre d’hommes politiques et de la société civile que le Bénin entrerait dans une nouvelle république, ce qui remettrait à zéro le tableau du nombre de mandats de l’actuel président de la république. Et pourtant, ce dernier a maintes fois dit et ressassé qu’il va quitter le pouvoir en 2016. D’abord, à son investiture en 2011 devant 11 chefs d’Etat africains, ensuite devant le Pape Benoit XVI ainsi que le Président des Etats Unis Barack Obama et ses pairs africains à l’Union Africaine. Ces répétitions du chef de l’Etat de son engagement de quitter le pouvoir en 2016 ne rassurent guère certains hommes politiques notamment de l’opposition. Leur souci est le retrait du projet de révision de la constitution déposé à l’Assemblée nationale.
Après le sommet de la Francophonie à Dakar, des voix ont fait croire au Bénin que François Hollande aurait abordé le sujet d’un éventuel troisième mandat avec le chef de l’Etat béninois.

Certainement pour clarifier la situation, le Président de la République, Dr Boni YAYI a profité de l’occasion du dialogue politique avec la classe politique vendredi 5 décembre pour repréciser son engagement. « Moi, j’ai fini. Oubliez-moi, je vous le répète. Il n’y a pas de doute. Que chacun se lève pour que nous puissions construire ce pays. Pas dans la haine, la jalousie, l’intoxication, la désinformation et la manipulation mais dans l’amour, le respect des institutions de la République et de l’autorité de l’Etat… Nous n’avons pas attendu Dakar avant d’annoncer notre départ du pouvoir en 2016. Nous l’avons dit et répété devant le Pape, à la Maison Blanche, à l’Elysée, à l’Union Africaine… Faites-moi confiance », a souligné Dr Boni Yayi.

Extrait de la déclaration du chef de l’Etat, Boni Yayi

«…Le peuple m’a écouté. Il a les yeux rivés sur nous, sur la classe politique nationale, et attend les élections. Je n’ai jamais refusé à quelqu’un de marcher. Le Bénin est un pays vertueux. Les clignotants sont au vert. Nous pouvons prendre le temps de marcher pour nous asseoir pour discuter. Yayi Boni n’est pas éternel. Oubliez-moi. Je suis redevable au peuple béninois. Mettons-nous à la tâche pour tenir nos engagements constitutionnels…Nous sommes tous des amis. Je demande à Dieu de toucher leur cœur pour que nous puissions nous accepter, nous aimer véritablement. Le Bénin est un et indivisible…Moi, j’ai fini. Oubliez-moi, je vous le répète. Il n’y a pas de doute. Que chacun se lève pour que nous puissions construire ce pays. Pas dans la haine, la jalousie, l’intoxication, la désinformation et la manipulation mais dans l’amour, le respect des institutions de la République et de l’autorité de l’Etat… Nous n’avons pas attendu Dakar avant d’annoncer notre départ du pouvoir en 2016. Nous l’avons dit et répété devant le Pape, à la Maison Blanche, à l’Elysée, à l’Union Africaine… Faites-moi confiance. Le dialogue politique va se poursuivre avec l’ensemble de la classe politique nationale…».