Mali : La France n’assume pas ses erreurs

Chronique

La France refuse de tirer des leçons de ses erreurs. De plus, malgré son incapacité jusqu’à présent d’aider les pays du Sahel à remporter une victoire décisive contre les insurgés djihadistes, après huit années d’intervention militaire, la France s’efforce de conserver sa position d’acteur majeur dans la région.

Les multiples actions de la France amènent l’option publique malienne et celle africaine à douter de sa capacité, et même de sa volonté à aider à combattre le djihadisme au Sahel.

En mars 2011, la France, avec les pays de l’OTAN, a lancé une intervention militaire contre Mouammar Kadhafi qui faisait face à un soulèvement civil qui s’est transformé en une rébellion armée soutenue par des puissances extérieures dont la France.

Grâce à cette intervention, les rebelles ont pu renverser le gouvernement de Mouammar Kadhafi lequel a été capturé et tué par l’une des factions rebelles, en octobre 2011.

Par la suite, en janvier 2012, les tribus du désert qui ont changé de camp et ont rejoint les rebelles libyens, ont commencé à envahir le nord du Mali en cherchant à faire sécession et à créer un État indépendant.

Selon de nombreux témoignages, ces tribus ont trahi Mouammar Kadhafi après s’être fait promettre la création de leur propre État dans le nord du Mali.

En décembre 2012, la France a lancé une opération au Mali pour chasser des insurgés djihadistes dont la plupart sont issus de ces tribus venues de la Libye pour s’installer au nord du Mali.

Mais aussi curieux que cela puisse être, la France a décidé de distinguer parmi les factions djihadistes les bonnes avec lesquelles les négociations doivent avoir lieu et les mauvaises avec lesquelles les négociations ne peuvent pas se faire. Les mouvements rebelles considérés comme légitimes par la France étaient principalement ceux qui étaient venus de la Libye.

La France avait également coupé le pays en deux. La partie nord était contrôlée par les rebelles et l’armée malienne n’était pas autorisée à y opérer.

Dans la foulée, des milices d’autodéfense ont été créées et armées pour aider à combattre les djihadistes. La création de ces milices a contribué à des attaques intercommunautaires et à la prolifération accrue des armes dans le pays et dans la sous-région.

Avec toutes ces erreurs, la situation sécuritaire n’a cessé de se dégrader et la France s’est révélée incapable soit d’aider l’armée malienne à devenir une force combattante sérieuse, soit de vaincre l’insurrection. Et beaucoup au Mali et en Afrique appellent la France à quitter le Mali et entièrement le Sahel.

Mais malgré ces appels, la France prétend que c’est la Russie qui mène une campagne de sabotage contre elle et manœuvre pour demeurer un acteur incontournable.

En effet, depuis son intervention, la France est devenue un acteur majeur de la politique malienne et des négociations avec les factions rebelles.

Bien que le peuple malien soit opposé dans sa grande majorité à l’implication de la France dans l’organisation de la défense et de la sécurité du pays et que le président Ibrahim Boubacar Kéita soit renversé par les militaires, la France utilise la division entre les différents partis politiques et les factions rebelles pour mettre la pression sur les autorités de la junte malienne.

La France s’est également appuyée, d’une part, sur ses alliés de l’OTAN tels que les États-Unis et les États membres de l’UE, et d’autre part, sur la CEDEAO pour faire pression davantage sur le gouvernement intérimaire d’Assimi Goïta.

Le gouvernement malien, quant à lui, a renforcé sa coopération avec la Russie si même les Français et leurs alliés s’y opposent, mais n’a pas pu totalement se débarrasser de l’intervention française.

La France ne semble donc pas disposée, malgré ses nombreuses menaces de quitter le pays si les Russes y sont admis, à envisager un retrait définitif de ses troupes bien que leur nombre ait diminué.

Il y a trop d’enjeux pour la France. Mais cela ne l’empêche pas de persister dans sa politique d’autruche en refusant de reconnaitre ses erreurs.

Alfred Cossi CHODATON, (WhatsApp : 95401064) Le Libre Penseur, le lundi 27 décembre 2021, 20 heures