Coronavirus : Les feuilles de neem guérissent-elles le Covid-19 ? La réponse de l’épidémiologiste Didier Ekouevi

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En Côte d’Ivoire et au Togo, entre autres pays en Afrique, une partie de la population prend d’assaut depuis quelques jours les neems, ou margousiers, dont les feuilles et écorces sont utilisées dans la médecine traditionnelle pour lutter contre le paludisme. Mais les autorités rappellent que le paludisme et le Covid-19 sont deux maladies bien distinctes, et que les feuilles de neem peuvent même aggraver l’état des malades. Eléments de réponse de l’épidémiologiste Didier Ekouevi.

 

La chloroquine, de même que l’hydroxychloroquine, deux antipaludiques de synthèse, ont présenté des résultats encourageants dans le traitement du Covid-19.

Des populations africaines  ont donc tôt fait de conclure que si la chloroquine, en plus de soigner le paludisme, peut guérir du Covid-19, alors les feuilles de neem le peuvent également. Mieux, les feuilles de neem contiendraient de la «chloroquine naturelle», pour certains.

Interrogé par Vert-Togo, l’épidémiologiste Didier Ekouevi dément cela  et indique d’ailleurs qu’à propos  de l’utilisation de la Chloroquine sur les personnes infectées du COVID-19, il existe peu de recul (initiation très récente) pour évoquer une amélioration de l’état clinique des patients.

« En l’absence d’un second groupe de patients sans traitement (ou prenant un traitement à base de paracétamol) pour faire la comparaison, l’efficacité d’un traitement ne peut être démontrée ; d’où la polémique autour de l’étude marseillaise.  Des études réalisées en Chine ont montré que 93% des patients qui ont reçu un traitement standard (sans chloroquine) avaient une charge virale supprimée au 7ème jour et étaient considérés comme guéris (Etude de Chen en Chine publiée dans le Journal of Zhejing University). Les cinq études actuellement publiées sont contradictoires. En l’absence de traitement, et malgré un niveau de preuve faible, de nombreux pays ont décidé d’initier le traitement à base de Chloroquine ou d’Hydroxychloroquine pour les cas graves de CoVID-19. »,  explique t-il.

Il  défend   donc que pour  le moment,  l’hypothèse que la chloroquine ou l’Hydroxychloroquine permettrait une accélération de la suppression virologique, même s’il est désormais prouvé que celle-ci se fait spontanément (sans aucun traitement) dans plus de 80% des cas.

Ainsi donc la chloroquine est testée pour un traitement curatif, mais on ne sait toujours pas  les  potentiels effets préventifs sur le CoVID-19.

Et de prévenir « j’invite donc toutes les populations à laisser l’usage de  la chloroquine aux professionnels de santé, de laisser « les feuilles de neem tranquilles » et à appliquer les mesures barrières (distanciation sociale, lavage régulier des mains etc.) pour se protéger. N’oublions pas : « prévenir vaut mieux que guérir ».

Comment peut-on guérir de la maladie du COVID-19 ?

Le CoVID-19 se manifeste par des formes mineures dans 81% des cas, sévères dans 14 à 15% des cas et critique dans 5% des cas. Selon l’OMS pour déclarer une personne guérie, l’on doit s’appuyer sur les données cliniques et biologiques. Concernant le critère biologique, deux tests négatifs sont obligatoires.

Ces tests sont réalisés par les techniques de biologie moléculaire notamment la Polymerase Chain Reaction (PCR). Ainsi au Togo, sur les 34 cas confirmés vivants, 11 ont été déclarés guéris après avoir eu deux résultats de charge virale (quantité de virus détectée) négative ou supprimée. La charge virale est réalisée à partir des prélèvements de la gorge ou du nez et est faite aux 6ème, 10ème et 14ème jour, après le premier prélèvement positif. Quand deux prélèvements successifs sont négatifs alors le patient est déclaré guéri. Au Togo, tous ces examens sont réalisés au laboratoire national de référence chargé de la surveillance épidémiologique qui est l’Institut National d’Hygiène (INH).

L’épidémie du COVID-19 due au SRAS-COV-2 a débuté en Chine et le 4 mars 2020 et l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) l’a déclarée comme pandémie mondiale. Le 31 mars 2020 dans le monde, à 16 heures, 823 479 cas confirmés étaient enregistrés avec 40 636 décès et 162 937 guéris. Pour la région Africaine de l’OMS, 3671 cas ont été enregistrés dont 87 décès et 152 guéris. Au Togo, au 01 avril 2020, 36 cas ont été enregistrés, dont 2 décès (5,6%) et 11 guéris (20,6%).

 

La Rédaction

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