Madagascar : Le ton monte entre le ministère de la Justice et les greffiers en grève

Afrique

Depuis le 6 octobre dernier, sur la Grande Île, les auxiliaires de justice ont cessé de travailler et réclament l’application de leurs droits, avec notamment le passage à des grades supérieurs et de meilleures conditions salariales. Des décisions établies dans un décret datant de 2005 mais encore jamais mises en application.

Accrochée aux grilles du palais de justice de première instance de la capitale de Madagascar, une banderole rouge floquée du message « en grève » annonce la couleur. Après presque trois semaines de grève, aucun compromis n’a été trouvé. De son côté, le ministère de la Justice se montre cinglant vis-à-vis du personnel et de leurs revendications. De quoi ajouter un peu plus de tensions au sein d’une administration judiciaire déjà minée par un climat délétère.

« Le ministre nous méprise, déclare Alain Randriamaharo, le président du syndicat des greffiers. La semaine dernière, il a fait sortir une note qui dit que les arrestations, les enquêtes dans le cabinet d’instruction peuvent avoir lieu sans la présence des greffiers et c’est illégal. Il veut nous dévaloriser devant tout le public de Madagascar. Il veut dire qu’on n’est pas important au sein de la justice ».

Un outrage, estiment les greffiers, auquel s’en serait ajouté un second. « La secrétaire générale et le ministre ont dit qu’on peut nous remplacer facilement et qu’ils vont recruter 600 ECD (emplois de courte durée) pour nous remplacer », s’indigne M. Randriamaharo. Mais « pour être greffier, on doit passer par un concours, suivre une formation d’une année, prêter serment devant la cour et observer une période d’essai d’un an ! », ajoute-t-il.

« Le dialogue reste ouvert »

« Ce n’est pas vrai », se défend le ministre de la Justice François Rakotozafy, joint par téléphone. « Les postes budgétaires, rappelle-t-il, sont attribués par le ministère de l’Économie et des Finances donc ma seule volonté ne suffit pas pour faire des recrutements. »

Par ailleurs, le ministre souligne que si certaines revendications sont fondées et qu’il en « défend » certaines, d’autres le sont beaucoup moins. Aucune d’entre elles ne relève de la compétence de son ministère, affirme-t-il, mais d’autres entités comme la primature, la présidence, le Parlement ou le ministère de la Fonction publique ou des Finances.

Le Garde des sceaux promet une reprise progressive du travail durant la semaine. « Le dialogue reste ouvert » précise-t-il alors qu’une nouvelle rencontre entre le ministre et les greffiers doit avoir lieu ce mardi après-midi.