Destitution de Donald Trump : Le Sénat juge le procès conforme à la Constitution

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Au total, 56 sénateurs contre 44 ont voté pour la poursuite du procès de l’ancien président, même s’il a quitté la Maison Blanche et n’est plus qu’un simple citoyen.

Une majorité de sénateurs a estimé que le procès de Donald Trump était conforme à la Constitution et pouvait se poursuivre, lors d’un vote, mardi 9 février, à l’issue d’une première journée d’audience. Au total, 56 sénateurs contre 44 ont voté pour la poursuite du procès de l’ancien président dans le cadre de la procédure de destitution, même s’il a quitté la Maison Blanche et n’est plus qu’un simple citoyen.

Lors du premier jour du procès de Donald Trump, les procureurs démocrates ont fait revivre à l’Amérique les violences du Capitole, vidéo choc à l’appui, mais ils se sont attiré les mises en garde des avocats de l’ex-président sur les profondes divisions du pays.

Vivant désormais en Floride, le milliardaire ne témoignera pas. Et il fait peu de doute qu’il sera, à son terme, acquitté grâce au soutien encore fort chez les républicains. Mais les procureurs démocrates sont apparus d’emblée décidés à remettre en mémoire des 100 sénateurs qui font office de jurés mais aussi, au-delà, des Américains, la violence de cette journée du 6 janvier qui s’est soldée par des morts et restera dans l’histoire.

Ce procès va « déchirer » les Etats-Unis

Accusé « d’incitation à l’insurrection », Donald Trump s’est rendu coupable « d’un délit constitutionnel effroyable », a lancé le chef des procureurs démocrates, Jamie Raskin, dans le même hémicycle du Sénat où s’étaient précipités les manifestants pro-Trump le jour de la certification des résultats de l’élection présidentielle.

Ce procès, une « instrumentalisation politique », va « déchirer » les Etats-Unis, a rétorqué un avocat du 45président des Etats-Unis, David Schoen. Car « de nombreux Américains le voient pour ce qu’il est : une tentative par un groupe de politiciens d’écarter Donald Trump de la vie politique ». Derrière cette intention, la « peur » que les Américains le réélisent en 2024, a affirmé son autre avocat, Bruce Castor.

En ouverture de leur réquisitoire, les démocrates ont diffusé une longue vidéo choc, mettant en perspective des séquences menant vers l’attaque sanglante : le discours de Donald Trump appelant ses milliers de partisans à manifester vers le Capitole, siège du Congrès. « Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles », avait-il lancé à la foule chauffée à blanc. Puis l’ouverture empreinte de solennité des séances parlementaires pour certifier la victoire de son rival à la présidentielle Joe Biden. Et les images des manifestants entrant de force au Capitole, arpentant ses couloirs pendant que les élus, et le vice-président Mike Pence, étaient évacués du Sénat ou se terraient dans les galeries de la Chambre des représentants.

Tout en rappelant que deux heures plus tard, Donald Trump avait tweeté une vidéo martelant encore, sans preuve, que l’élection était une « fraude ». S’il appelait les manifestants à rentrer chez eux, il ajoutait : « Nous vous aimons. » Si ces faits, « concrets et solides », ne sont « pas passibles d’une procédure de destitution, alors rien ne l’est », a conclu le député Jamie Raskin, dans un discours très ému.

Les sénateurs, jurés et victimes

Situation inédite, les sénateurs qui font office de jurés furent aussi les victimes de l’attaque. Un point que les « procureurs » démocrates ont souligné. « Les présidents ne peuvent pas alimenter une insurrection dans leurs dernières semaines [de mandat] puis partir comme si de rien n’était », a insisté un autre démocrate, Joe Neguse, en réponse à l’argument principal de la défense.

Selon les avocats de Donald Trump, il est en effet « absurde et anticonstitutionnel » de mener un procès en destitution contre un ex-président, car ce « simple citoyen » ne peut, tout simplement, pas être destitué. Un argument repris par de nombreux sénateurs républicains.

Le procès reprendra mercredi à midi (18 heures à Paris), avec l’exposé des faits, chaque partie disposant de seize heures.

Le Monde avec AFP

 

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