Le ministre Djimba prône l’éducation avant tout

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Le 26 septembre 2012, le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies, son Excellence, Monsieur Ban Ki Moon, lançait au siège des Nations Unies à New-York, en Présence de son Excellence le Docteur Boni YAYI, Président de notre pays, l’initiative ‘’Education Avant Tout, Education Above All, Education First’’. A cet effet, le Président de la République avait fait appel à une coalition mondiale pour soutenir cette heureuse initiative.

Pour réfléchir sur les grandes questions touchant l’apprentissage et sur ce qu’elles impliquent pour l’agenda de développement éducatif post-2015, une réunion suivi de débat de haut niveau des Pays Champignons (pays ayant fait des progrès considérables dans l’accès au primaire) avec les partenaires de l’Initiative ‘’Education avant tout’’ aux Nations Unies à New-York le 11 juin 2013, le Secrétaire Général de l’ONU a invité personnellement le ministre béninois chargé de l’Enseignement Secondaire.

Le Secrétaire Général de l’ONU a honoré notre pays en choisissant le Ministre Alassane SOUMANOU comme l’ambassadeur de ladite initiative pour son appropriation par les acteurs éducatifs de l’ensemble du continent africain.
Le panel mis en place pour faire les présentations et organiser les débats auxquels ont pris part environ 2 000 représentants des pays était composé des cinq personnalités ci-après : le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies, Mr Ban ki Moon, la Directrice Générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova, la Conseillère spéciale auprès du Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies pour la planification du développement après 2015, Mme Amina Mohammed, le Sous-Secrétaire à l’éducation des États-Unis d’Amérique, le Docteur Martha Kanter et le Ministre de l’Enseignement Secondaire, de la Formation Technique et Professionnelle, de la Reconversion et de l’Insertion des Jeunes, Mr Alassane SOUMANOU.
La conférence a permis d’analyser les perspectives de passage de l’accès à l’éducation à l’apprentissage de qualité dans le débat sur l’après 2015.

Pourquoi une telle initiative ?

Il convient de noter que c’est pour la première fois qu’un Secrétaire Général de l’ONU fait de l’éducation une priorité. Selon ses propres mots ‘’Si l’on met l’éducation avant tout, on peut réduire la pauvreté et la faim, empêcher le gaspillage de potentiel et se tourner vers la constitution de sociétés meilleures et plus solides pour tous’’.
Ces dix dernières années ont été marquées par des progrès significatifs dans l’élargissement de l’accès à l’enseignement primaire et au premier cycle de l’enseignement secondaire et dans l’amélioration de la parité entre les genres à ces niveaux de l’éducation. Néanmoins, l’édition 2012 du Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous publié par l’UNESCO a révélé qu’un nombre d’enfants estimé à 250 millions ne savaient ni lire, ni écrire, ni compter, qu’ils aient été scolarisés ou non. Ces chiffres donnent à penser que malgré les hausses des taux de scolarisation, les systèmes éducatifs, partout dans le monde, ne parviennent pas à doter les enfants et les jeunes des connaissances et compétences de base dont ils ont besoin pour bénéficier du développement de leur pays et y participer pleinement.

Même si les efforts de la communauté internationale pour accroître l’accès se poursuivent, il apparaît de plus en plus clairement qu’ils doivent s’accompagner d’une amélioration de la qualité et de la pertinence de l’éducation. L’accent mis sur l’accroissement du nombre d’inscriptions, en particulier dans les pays en développement, n’a pas permis de lever les nombreux obstacles qui continuent d’empêcher les enfants, les jeunes et les adultes, en particulier ceux qui sont pauvres et marginalisés, d’exercer leur droit à une éducation de qualité. Les statistiques ne suffisent pas pour évaluer à sa juste mesure la qualité de l’apprentissage. Les taux d’inscription, de passage au niveau supérieur et d’achèvement des études ne disent pas grand-chose de ce que les élèves apprennent réellement, et même les évaluations des acquis ne donnent qu’une image limitée de la qualité de l’environnement d’apprentissage ou de la pertinence des contenus enseignés et appris à l’école.

Pire encore, au lieu d’autonomiser les individus, les systèmes éducatifs ont souvent reproduit et exacerbé les inégalités et renforcé les préjugés et la discrimination du fait de la mauvaise qualité des programmes et des manuels. Ils ont aussi accentué les disparités entre les genres, en particulier dans les pays les plus pauvres, où les filles ont moins de chances que les garçons d’accéder à une éducation de base de qualité et de mener à terme ce cycle d’études pour acquérir les compétences fondamentales. Les politiques et stratégies de l’éducation ont visé à définir ce que les enfants et les jeunes devaient apprendre plutôt qu’à déterminer pourquoi il leur fallait faire cet apprentissage et comment ils devaient appliquer les connaissances et les compétences acquises. Les enseignants ont souvent été dépassés, leur formation insuffisante ne leur permettant pas de faire face à l’interconnexion et à l’interdépendance qui caractérisent ces défis mondiaux, ni de préparer leurs élèves à y répondre de manière constructive, aujourd’hui et demain.

La qualité médiocre de l’apprentissage retarde également l’acquisition des connaissances et des compétences qui pourraient être le moteur de la reprise économique, générer des emplois, et alimenter une croissance inclusive dans les pays développés et en développement. Bref, la crise de l’apprentissage détruit les atouts qui nous sont plus que tout nécessaires pour relever les grands défis mondiaux de notre temps, à savoir les connaissances, les compétences et les valeurs qu’exige une citoyenneté mondiale.
Pour répondre à la situation de manière plus cohérente, les gouvernements doivent recentrer leurs stratégies en examinant ce que les enfants apprennent, la pertinence de cet apprentissage au regard d’un monde qui évolue rapidement et les meilleurs moyens de contrôler efficacement la qualité de l’environnement d’apprentissage.

En quoi consiste l’initiative ‘’Education Avant Tout’’ ?

L’initiative ‘’Education Avant Tout’’ définit dix actions pour aider les pays à progresser de manière décisive dans le domaine de l’éducation. L’initiative a pour toile de fond l’amélioration de la qualité de l’apprentissage. C’est pourquoi, elle vise, de manière fondamentale, les trois principales actions ci-après :
– Scolariser tous les enfants ;
– Améliorer la qualité de l’apprentissage
– Favoriser la citoyenneté mondiale.

Scolariser tous les enfants

Comme il est dit ci-dessus, des efforts importants dans l’élargissement de l’accès à l’enseignement primaire et au premier cycle de l’enseignement secondaire et dans l’amélioration de la parité entre les genres à ces niveaux de l’éducation ont été notés ces dernières années.

Les efforts doivent être poursuivis dans ce domaine afin de réussir la scolarisation primaire universelle. Cependant, nous devons retenir que le but de tout système n’est pas seulement que tous les enfants accèdent à l’école, mais surtout que tous puissent arriver au bout du cycle entamé avec les connaissances et les compétences de base requises.

Au Bénin, des progrès significatifs sont enregistrés dans l’accès à l’enseignement primaire et au premier cycle de l’enseignement secondaire, où on a respectivement des Taux Bruts de Scolarisation (TBS) de 111,5% et 62,9% en 2012. On note aussi, en matière de parité entre les genres à ces niveaux de l’éducation, des améliorations sensibles. Grâce à l’exonération du paiement des contributions scolaires des filles, le taux brut de scolarisation des filles est passé de 38% en 2007 à 46% en 2012 au premier cycle du secondaire.

Améliorer la qualité de l’apprentissage

Pour réorienter nos systèmes éducatifs, nous devons avoir une vision claire de ce que la qualité et la pertinence signifient dans tel ou tel contexte et de la manière dont on peut les améliorer et les évaluer et les mesurer correctement. Nous avons besoin de savoir si les enfants et les jeunes bénéficient de l’apprentissage que les systèmes éducatifs leur promettent et dans quelle mesure cet apprentissage est adapté à leurs besoins et à ceux de leur pays. Fixer expressément un cap pour les objectifs fondamentaux de l’éducation, assorti de critères de référence et d’indicateurs concrets, fondés sur une compréhension profonde de la manière dont l’apprentissage s’opère dans différents contextes, contribuerait clairement à orienter les tentatives des gouvernements visant à améliorer les systèmes éducatifs dans leur ensemble. Un tel cap aiderait aussi à suivre les progrès accomplis dans le monde vers la réalisation d’un apprentissage de qualité pour tous.

À ce jour, les évaluations du degré d’efficacité des systèmes éducatifs ont privilégié pour la plupart des indicateurs indirects tels que les taux d’inscription ou de progression. Si utiles soient-ils, ces indicateurs indirects ne donnent qu’une image partielle. Il est nécessaire de revoir et d’améliorer les outils et les indicateurs existants ou, au besoin, d’en élaborer de nouveaux pour mesurer la qualité et la pertinence de l’apprentissage en tenant compte, dans une optique holistique, de toutes les dimensions, depuis les apports (programmes d’enseignement, enseignants et manuels) jusqu’aux produits (connaissances et compétences) en passant par les processus (instruction), sans oublier les impacts à long terme.
Élaborer des indicateurs pour mesurer la qualité et la pertinence de l’apprentissage apparaît de plus en plus clairement comme la voie à suivre pour apprécier la qualité globale de l’éducation et recueillir sur la performance des systèmes éducatifs des informations plus utiles que celles que livrent les seuls indicateurs d’accès.
Comme l’a si bien déclaré au siège des Nations-Unies à New-York le Ministre Alassane SOUMANOU, ‘’nous disons oui, à l’aspect quantitatif, mais surtout à la dimension qualitative, seul gage susceptible de faire en sorte que l’école soit à l’écoute de la communauté pour faire de l’éducation la solution première de tous nos maux’’.

Favoriser la citoyenneté mondiale

Le lancement en septembre 2012 de l’Initiative mondiale pour ‘’l’Education Avant Tout’’ du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies a également aidé à mieux recentrer l’attention sur la qualité de l’apprentissage et sa pertinence pour une citoyenneté mondiale et sur l’importance qu’il y a à trouver de meilleurs moyens de contrôler les acquisitions des élèves et d’utiliser cette information pour améliorer la performance des systèmes éducatifs.

Au niveau de la CEDEAO, une initiative est en cours pour concevoir un manuel de formation des formateurs afin de contribuer également au renforcement de cette citoyenneté mondiale. Le manuel traite des aspects ci-après : Culture de la paix, prévention et gestion des conflits ; Droits humains ; Civisme et Citoyenneté ; Démocratie et Bonne Gouvernance ; Genre et développement ; environnement et développement rural.

En dépit des difficultés inhérentes à tout changement, il est essentiel pour le progrès de l’éducation et pour le développement en général de recentrer plus précisément les efforts de la communauté internationale sur l’amélioration de l’apprentissage, en même temps que l’on élargit l’accès. C’est fondamentalement sur ce point crucial de la qualité de l’apprentissage que seront focalisées les attentions pour l’après 2015 dans le cadre de cette initiative.

L’engagement personnel et le pouvoir mobilisateur du Secrétaire Général de l’ONU incitent à considérer que l’éducation ne se limite pas à un impératif moral. C’est le meilleur investissement que les nations puissent réaliser pour construire des sociétés plus prospères, saines et équitables. Les budgets de tous les Etats du monde doivent, à partir de 2016, accorder la priorité à l’éducation sur toutes autres dépenses en occurrence celles des armes.

Les ministères en charge de l’éducation doivent s’approprier le contenu de cette approche et l’intégrer dans les réflexions pour la mise en place du deuxième plan sectoriel de développement post 2015. Dans cette perspective, le deuxième Forum sur l’Education en cours de préparation devra en faire une de ses préoccupations.