«The Voice Afrique francophone 2021 » : Le Bénin, le grand gagnant !

Chronique

C’est en Côte d’ivoire que se sont déroulées les demi-finales et finale de The Voice Afrique francophone 2021. Le Bénin est arrivé en demi-finale avec 3 représentants (Mathilde Toussaint Agboton, Carina Sen Zinsou et Gyovanni Houéssou). Au terme de cette étape le Bénin a pu positionner 2 candidats sur les quatre, parvenus à la finale. Ce qui paraissait comme un atout s’est révélé une faiblesse. Le Bénin perd mais sort grand gagnant.

Samedi 1er mai 2021. Palais des congrès du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire. Pour la Troisième saison de « The Voice Afrique Francophone » Carina Sen et Gyovanni, défendent les couleurs du Bénin à ce concours de chant. Ce programme télé de divertissement qui, après une suspension due, officiellement à la pandémie de la covid19 a repris est à sa phase finale. Ce soir, un seul sera désigné « The Voice » (La voix). Ce qui sous-entend « la meilleure voix ».

Le gagnant partira avec un trophée et un chèque de 10 millions de FCFA. En sus, le « The Voice 2021 » bénéficiera de la production d’au moins un single et d’une promotion assurées par Universal Music Africa. Ce soir, cest la mobilisation générale de tout le Bénin et de sa diaspora. La mobilisation des amis du Bénin et la mobilisation des familles alliées. Carina Sen est un peu Camerounaise, de par sa mère.

Ils sont quatre talentueux candidats finalistes dont deux béninois. On pourrait dire comme à Douala, « fait quoi fait quoi, » un Béninois va gagner ce trophée. Mais non. Pendant que les Togolais lancent la mobilisation pour Foganne et que les Burkinabés se mobilisent pour Lady Shine, le Bénin quant à lui lance la mobilisation à la fois pour Gyovanni et pour Carina Sen…

Quelques jours avant ce samedi, j’ai pensé à un scénario : Gyovanni et Carina Sen se concertent et l’un se désiste en faveur de l’autre. (Je ne sais pas si le règlement de la compétition l’autorise). Les deux restent en lice, mais l’un battra campagne pour l’autre. J’imagine l’un dire : « Vous qui avez envie de voter pour moi, merci de voter pour l’autre ». Le principe étant de désigner comme gagnant, le candidat qui aura le plus de votes. Les choses auraient été plus aisées pour le Bénin. A priori.

L’Association des managers actifs du Bénin allait juste dire : « Votez Gyovanni » ou bien « Votez Carina Sen » au lieu de dire « votez Gyovanni et Carina Sen » ou « votez pour le Bénin ». C’est un peu comme cette consigne de vote que certains candidats donnent à leurs militants dans l’entre deux tours de la présidentielle : « votez selon votre conscience ». Si dans le cas d’une élection présidentielle le votant ne peut accorder son suffrage qu’à un seul candidat pour que son suffrage soit valable, ce n’est pas le cas pour The voice Afrique francophone.

Ici, le votant peut voter pour plusieurs candidats. Youpi ! On vote donc à la fois pour Gyovanni et pour Carina Sen. Mais à quoi bon ? A quoi sert-il de voter pour les deux en sachant qu’il n’y a qu’un titre en jeu ? Il aurait fallu pisser en un seul endroit pour que ça mousse. Mais le Bénin, contrairement aux autres avait deux endroits. En pissant à gauche et à droite, ça n’a pas moussé. Il y a peut-être d’autres raisons. Mais ça ne sert à rien de supputer.

BRAVO LE BURKINA ! VIVE LE BÉNIN !

Il faut l’avouer, le Bénin avait le trophée à portée de main. Mais il lui a échappé. Et pourtant ses représentants, ce soir-là, ont brillé de mille feux. Ce qu’il faut savoir, c’est que, ce soir, le candidat a beau être le meilleur sur scène. Le plus applaudi. Il a beau être celui qui aura suscité un standing ovation du public et même des coaches. Le public a beau scander son nom à tout rompre. S’il n’a pas recueilli plus de votes que les autres candidats, il ne sera pas déclaré le meilleur. Point final. La règle est dure. Mais c’est la règle.

Officiellement, et selon les résultats transmis par l’huissier de séance au présentateur de l’événement, qui en a fait la proclamation, officiellement, le « The Voice 2021 » est Lady Shine du Burkina Faso. Bravo le Burkina ! Vive le Bénin !

En effet le Bénin a commencé avec quatre représentants (Patrick Anandel, Mathilde Toussaint Agboton, Carina Sen Zinsou et Gyovanni Houéssou). Trois sont arrivés en demi-finale. Et deux sont parvenus en finale.

Quand on fait le point on se rend compte que trois talentueux béninois passionnés de musique et visiblement engagés à en faire leur profession, ont bénéficié d’une immersion dans cette « académie » de musique que constituent les coaches et les autres candidats. Ils ont reçu des « cours de perfectionnement » à travers les observations des coaches. Ils ont amélioré leurs techniques.  Ils ont enrichi leur carnet d’adresses avec des contacts de professionnels et de devanciers qui, sans doute leur seront utiles pour leur carrière naissante. Ils ont été exposés sous les feux de la rampe pour faire voir leur talent par les acteurs du showbiz et par les médias.

Qui vous dit que sous peu Bomayé Musik de Youssoupha ne va pas demander à un de ces talents de rejoindre son label ? Qui vous dit que Charlotte Dipanda va refuser un feat avec Gyovanni les prochains jours ? Carina Sen et Mathilde Toussaint chanteront bientôt un texte de Youssoupha sur une musique de Lokua Kanza. Qui sait ? Millésime Musik de Hiro pourrait signer avec Mathilde Toussaint. Un feat entre un de ses talents et Nayanka Bell est désormais plus facile à négocier qu’entre cette voix ivoirienne et de parfaits inconnus. Qui vous dit que Guru Records, Laha Production, Fekemaprod et autres ne sont pas déjà intéressés par ces trois artistes qui ne demandent qu’à être développés ?

Dans tous les cas, Mathilde Toussaint, Carina Sen et Gyovanni ont montré qu’ils sont prêts. Paquetage au dos. Il appartient aux professionnels de la musique, aux entrepreneurs culturels de saisir la matière et d’en faire un produit. C’est un petit pas à franchir mais un grand pas dans un secteur qui s’organise lentement et où les mécènes et sponsors se font rares. Les gouvernants ont le devoir découvrir leur partition et de la jouer. A condition qu’autour de chacun de ses trois il soit établi des staffs qui visent la transformation de la matière, le développement du produit et sa rentabilité…à moyen terme et à long terme.

En attendant, chapeau bas pour les Enfants du pays et que les Muses ne les quittent plus !

Luc Aimé Dansou (NDMUSIK ndprodlad@ndprodmedia.com)

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