« …le Bénin aujourd’hui est comme un désert de compétences »

Politique

« …le Bénin aujourd’hui est comme un désert de compétences », a déclaré mardi le président béninois à l’Elysée au cours de sa conférence avec le président francais Francois Hollande. Voici l’intégralité de sa déclaration.

« C’est pour moi l’occasion M. le président de dire à la face du monde combien je voudrais remercier la France, les institutions françaises et la justice française pour l’accueil et la protection dont j’ai bénéficié pendant les quelques années d’exil que j’ai connues en France. J’aime bien le dire, je suis le témoin vivant de la grandeur de votre démocratie. Cela m’inspire et je voudrais que dans quelques années on dise autant de mon pays. Que le Bénin aussi est une terre de démocratie, de liberté, de protection des droits. Quand on a vécu dans ces conditions ici, on ne peut pas rester indifférent à cette vertu.

M. le président, je vous ai dit tout à l’heure que la coopération franco-béninoise (je l’ai dit en violant les règles du protocole et de la diplomatie), je vous ai dit que j’ai trouvé que la coopération avait traîné un peu les pas. J’ai dit que c’est vrai, la France a beaucoup fait pour le Bénin et que c’est peut-être le moment d’essoufflement. Et qu’avec la nouvelle dynamique dans laquelle nous sommes engagés, nous serons capables de donner une réponse positive et visible à l’aide. Je vous ai prié de faire l’effort de donner plus d’ambitions à la coopération entre la France et le Bénin. D’autant que nous allons opérer de réformes politiques, administratives dans notre pays pour améliorer la gouvernance et pour être plus disposés à accomplir notre mission de développement. Les gouvernants ont la responsabilité de sortir les peuples de la pauvreté. Ce mot n’est pas fort pour le Bénin parce que c’est un pays de grande pauvreté.

J’ai l’ambition et j’aime bien le dire haut et fort qu’au terme des cinq années, il est possible de faire le miracle, de réaliser cette magie. Nous voudrons pouvoir compter sur vous pour nous apporter de la compétence tout de suite, parce que le Bénin aujourd’hui est comme un désert de compétences. C’est vrai, les Béninois, aussi bien à l’intérieur comme à l’extérieur, sont pétris de talents, mais notre administration aujourd’hui manque de compétences de manière criarde. En cela nous voudrons pouvoir compter sur la coopération française pour nous appuyer et nous donner les moyens d’acheter, de payer, de rémunérer la compétence quelque soit le prix. Malheureusement, il est difficile d’avoir aujourd’hui de la compétence gratuitement. C’est pour cela que le gouvernement se donnera les moyens de payer. Nous voudrons pouvoir compter sur vous pour nous donner des cadres, nous apporter de l’assistance technique pendant quelques mois, quelques années le temps que nous parvenions nous-mêmes à former les cadres dont nous avons besoin.

M. le président ! Nous avons évoqué le sujet qui nous tient à cœur, le sujet de la Cop 21. Le sujet pour lequel vous avez exercé un leadership remarquable. La France a mené des actions de grande efficacité qui se sont soldées par les accords de Paris à New York. Nous prendrons une part active à la mise en œuvre du contenu de l’accord. Les pays africains souffrent de changements climatiques et les efforts qui s’imposent au monde entier seront également les efforts de mon pays. Donc, nous allons et à titre personnel, j’ai dit que j’allais m’engager dans cette dynamique et que le Bénin ne sera pas du reste.

Nous avons évoqué également les questions de sécurité et de terrorisme. Vous avez abondamment abordé cela tout à l’heure. Le Bénin est également préoccupé. Aujourd’hui, on ne peut plus affirmer que des pays resteront épargnés indéfiniment. Nous espérons que nous ne serons pas une cible mais nous devrons nous préparer à répondre, à parer. Et sur ce plan, nous aurons besoin de votre accompagnement parce que nos services de défense et de sécurité, les services de renseignement n’ont pas encore la compétence nécessaire pour faire face seuls à ce fléau. Si les pays comme la France, les pays d’Europe et d’Amérique n’y parviennent pas encore, ce n’est pas le Bénin qui dira qu’il a les moyens d’y faire face. Nous devons pouvoir compter sur la coopération internationale, la coopération bilatérale avec vous pour être capable de faire face à ce fléau dans notre sous-région. De manière générale vous nous avez donné l’assurance que la France sera plus près de nous dans la dynamique de développement que nous nous sommes imposés depuis quelques jours. Parce que nous avons dit que le Bénin a fini avec la pauvreté. Nous allons nous engager sur le chemin du développement. Vous nous avez assuré que vous allez intervenir à nos côtés sur tous les plans. Au plan touristique, au plan des compétences, aux plans agricole et de l’énergie.

Notre pays est dans le noir presque tous les jours. En cela, nous avons l’obligation dans les prochaines semaines d’apporter une solution à nos populations, à nos industries à nos services. Vous avez dit que dans quelques jours, il y aura une mission de haut niveau au Bénin et que vous ne manquerez pas de trouver des solutions rapides. Je voudrais ici prendre tout le monde à témoin que dans les semaines à venir et avec vous nous allons venir à bout de cette souffrance. C’est ce que je comptais ajouter pour ma part à ce que vous avez dit et qui relate brièvement tout ce que nous avons dit. Merci ! »