La composition du gouvernement Valls II

International

Le nouveau gouvernement de Manuel Valls a été annoncé ce mardi en fin de journée par le secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet. Nouveaux entrants: Emmanuel Macron, qui devient ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, et Patrick Kanner, nommé ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Manuel Valls soumettra son nouveau gouvernement à un vote de confiance «sur un programme de travail» en septembre ou en octobre, a-t-il annoncé juste après la nomination de la nouvelle équipe ministérielle.

Le gouvernement Valls II comprend comme ministres de plein exercice huit hommes et huit femmes, respectant une parité totale, a annoncé le secrétaire général de l’Elysée, Jean-Pierre Jouyet. Najat Vallaud-Belkacem, jusqu’ici ministre des Droits des femmes/Ville/Jeunesse et Sports, devient notamment ministre de l’Education nationale, en remplacement de Benoît Hamon. Elle est la première femme à occuper ce poste. Fleur Pellerin, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, devient ministre de la Culture, succédant à Aurélie Filippetti.

Emmanuel Macron, un ex-banquier d’affaires à Bercy

Emmanuel Macron, 36 ans, était jusqu’à la mi-juillet secrétaire général adjoint de la présidence et conseiller économique et financier de François Hollande. Issu de la prestigieuse Ecole nationale d’administration (ENA) – promotion Léopold Sédar Senghor 2004 -, il a été banquier d’affaires à la banque Rothschild, ce qui lui a valu d’accumuler une belle fortune personnelle.
Comme un poisson dans l’eau dans les milieux patronaux, ce jeune homme ambitieux n’a pas hésité à tout lâcher au début du quinquennat pour rejoindre l’Elysée. Docteur en philosophie politique, énarque brillant, il fut inspecteur des finances, avant de devenir secrétaire général adjoint de l’Elysée en charge de l’économie et des finances. Il avait déjà joué un rôle clé dans la campagne : c’est lui qui a chiffré le programme présidentiel. Ce très proche de François Hollande aime les boutons de manchette et la lumière, et surtout dire ce qu’il pense : la fameuse taxe à 75% sur les plus hauts revenus, c’est pour lui « Cuba sans le soleil ».
La nomination de ce tenant d’une ligne plus libérale, qui n’est pas membre du Parti socialiste et n’a jamais mené de campagne électorale, montre que le président et son Premier ministre Manuel Valls ont tranché contre les partisans d’une politique plus sociale, alors que la France est en proie à un fort chômage, dans un contexte de croissance en panne. Selon l’entourage de François Hollande, il a « fait ses preuves à l’Elysée. Il a joué un rôle-clé dans le dossier Alstom. Il a une très bonne connaissance de l’entreprise, de l’industrie. Il est jeune et, le plus important, il a toute la confiance du président ». Manuel Valls affirme que sa nomination est un « beau symbole ». « Bienvenue à Emmanuel Macron, avec lequel nous avons travaillé si bien dès les premiers instants du ministère du Redressement productif », a commenté Arnaud Montebourg sur Twitter.
Outre Emmanuel Macron, l’autre nouveau venu parmi les ministres est Patrick Kanner, président (PS) du Conseil général du Nord, nommé ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. M. Kanner est un adversaire déclaré de la suppression des conseils généraux.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale

Populaire dans les sondages, Najat Vallaud-Belkacem profite de chaque remaniement ministériel depuis le début du quinquennat. D’abord ministre chargée du droit des femmes, son portefeuille est élargi en mars dernier avec la Ville, la Jeunesse et les Sports.
A 36 ans, au sein du gouvernement Valls II, elle devient la première femme ministre de l’Education nationale et troisième ministre dans l’ordre protocolaire. Une ascension fulgurante pour celle qui a commencé sa carrière politique il y a seulement dix ans comme conseillère régionale en Rhône-Alpes.
Tour à tour porte-parole de Ségolène Royal puis de François Hollande lors de leurs campagnes présidentielles respectives, c’est aussi comme porte-parole qu’elle intègre le gouvernement en 2012. A son actif : une loi sur légalité hommes-femmes, une proposition de loi pour lutter contre la prostitution et bien sûr les ABCD de l’égalité à l’école. Un dossier polémique pour lequel elle avait été accusée de défendre « la théorie du genre » par la droite. Certains ténors de l’UMP grincent déjà des dents face à cette nouvelle nomination.

Fleur Pellerin remplace Aurélie Filippeti

La priorité pour Fleur Pellerin au ministère de la Culture sera d’apaiser et d’innover. Apaiser les intermittents du spectacle pour commencer, en conflit avec le gouvernement depuis plusieurs mois sur la réforme des indemnités chômage. Bras de fer qui s’est durci cet été et a failli faire annuler les grands festivals. Les concertations reprennent mi-septembre. Apaiser les responsables du patrimoine français qui ont vu leurs grands chantiers annulés, ou reculés, ainsi par exemple le musée Picasso dont la réouverture retardée a provoqué une polémique.
Et puis Fleur Pellerin, forte de son expérience en économie numérique, devra innover et accompagner les acteurs de l’audiovisuel français à se défendre contre les géants américains tels que Google, Amazon ou Netflix, ainsi que le secteur de la presse écrite en pleine mutation. Et cela avec un budget en forte baisse depuis deux ans consécutifs. Reste que cette juriste de formation, d’origine coréenne, ancienne conseillère à la Cour des comptes, dispose avec sa connaissance à la fois des milieux défavorisés et des nouvelles technologies, de nombreux atouts utiles pour gérer le délicat portefeuille de la culture.

Légende des photos

Première rangée
• Laurent Fabius : ministre des Affaires étrangères
• Ségolène Royal : ministre de l’Ecologie
• Najat Vallaud-Belkacem : ministre de l’Education nationale
• Christiane Taubira : ministre de la Justice

Deuxième rangée

• Michel Sapin : ministre des Finances et des Comptes publics
• Jean-Yves Le Drian : ministre de la Défense
• Marisol Touraine : ministre des Affaires sociales
• François Rebsamen : ministre du Travail

Troisième rangée
• Bernard Cazeneuve : ministre de l’Intérieur
• Stéphane Le Foll : ministre de l’agriculture
• Emmanuel Macron : ministre de l’Economie
• Sylvia Pinel : ministre du Logement

Quatrième rangée
• Marylise Lebranchu : ministre de la Décentralisation et de la Fonction Publique
• Fleur Pellerin : ministre de la Culture et de la Communication
• Patrick Kanner : ministre de la Ville
• George Pau-Langevin : ministre des Outre-mer

Source AFP