Accord de paix RDC-Rwanda : La classe politique congolaise partagée

Afrique

L’accord de paix signé vendredi 27 juin à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, et censé ramener la paix dans l’est de la RDC, suscite à la fois espoir et scepticisme au sein de la classe politique congolaise.

Les réactions sont nombreuses en RDC au lendemain de l’accord de paix signé entre Kigali et Kinshasa sous l’égide de Washington. Le texte, qui consacre notamment la cessation des hostilités et un désengagement des troupes rwandaises dans l’Est congolais, a été salué par l’Union sacrée. La coalition qui soutient le président Félix Tshisekedi remercie les États-Unis pour leur implication, mais demande au gouvernement congolais de veiller à son application stricte, dans la droite ligne de la résolution 2773 de l’ONU. Cette résolution adoptée en février dernier condamne le Rwanda pour son soutien à l’offensive des rebelles de M23 dans le Nord et le Sud-Kivu. Le texte réclamait déjà le retrait immédiat des troupes rwandaises. L’Union sacrée souligne par ailleurs, une fois de plus, le manque de moyens de pression sur les parties au conflit.

Olivier Kamitatu, du parti d’opposition Ensemble pour la République, regrette pour sa part que cet accord n’apporte aucune nouveauté, en dehors d’un aspect économique plaçant le Rwanda comme un partenaire stratégique de Washington. Le Parti du peuple pour la reconstruction démocratique, de l’ancien président Joseph Kabila, considère quant à lui que l’accord signé à Washington n’apporte rien, ni la paix ni aucun avantage pour le pays. Cet accord constitue « une trahison de notre Constitution, qui requiert qu’il y ait des consultations pour tout accord concernant les richesses nationales du pays », a dénoncé son secrétaire général, Ferdinand Kambere.

« Cet accord doit positivement être salué », a déclaré Mgr Donatien N’shole, secrétaire général de la Cenco, estimant qu’il donnait raison à la Conférence épiscopale congolaise, dont l’appel au dialogue avec l’ensemble des parties avait été critiqué. « Le fait que l’accord intègre les pourparlers entre AFC/M23, Doha et le gouvernement montre la pertinence du dialogue national ».

Le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix a pour sa part estimé qu’en signant cet accord, le régime de Kinshasa a abandonné sa souveraineté aux mains des forces d’agression et légitime l’occupation d’une armée responsable de millions de morts. S’exprimant devant le Conseil de sécurité des Nations unies vendredi 27 juin, la cheffe de la Monusco Bintou Keïta a quant à elle salué un accord constituant une avancée majeure vers la fin du conflit, une étape décisive vers la paix et la stabilité en RDC et dans la région des Grands Lacs.