Covid-19 : La barre des 5 millions de morts officiels  franchie dans le monde

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D’après les bilans officiels cumulés, l’épidémie de Covid-19 a fait plus de 5 millions de morts. Ce seuil symbolique a été franchi lundi 1er novembre. Mais les experts soulignent que ce bilan est très en-deçà de la réalité. Pourquoi un tel écart ? Eléments de réponse.

5?000?425, c’est le chiffre avancé lundi par l’Université américaine Johns Hopkins. Depuis le début de l’épidémie, cet établissement situé à Baltimore (Maryland), fait référence en matière de données sur le Covid-19. Il compile l’ensemble des données fournies par les autorités sanitaires de chaque pays.

Les premiers cas de coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2), communément appelé Covid-19, sont apparus en Chine fin 2019. Et depuis, ce virus s’est répandu à l’échelle planétaire.

Pays les plus touchés :

  • États-Unis : 745?836 décès pour 45?970?881 cas recensés.
  • Brésil : 607?824 morts (21?810?855 cas)
  • Inde : 458?437 morts (34?285?814 cas)
  • Mexique : 288?365 morts (3?807?211 cas)
  • Russie : 234?194 morts (8?377?984 cas).
  • Chiffres officiels, bilans officieux

Pour de très nombreux experts, ce bilan officiel est très loin de la réalité. D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre de morts liés au Covid-19 serait deux ou trois fois plus élevé que les chiffres officiels.

Selon une estimation de la revue The Economist, le Covid-19 a causé quelque 17 millions de décès.

« Ce bilan me paraît plus crédible« , dit à l’AFP Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique français.

Pourquoi un tel écart ?

Plusieurs éléments expliquent la différence entre chiffres officiels et officieux.

  • Tout d’abord, le système de collecte des données. Généralement, les autorités sanitaires ne prennent en comptent que les décès à l’hôpital. Cela exclut donc les cas des personnes décédées en dehors des structures de soins, autrement dit, à leur domicile. Or, dans certains pays, les malades préfèrent rester chez eux plutôt que d’aller à l’hôpital, faute de moyens. De nombreuses personnes sont ainsi décédées sans avoir été comptabilisées par les autorités sanitaires.
  • Ensuite, il y a le cas des personnes décédées ces derniers mois, sans qu’on sache si leur mort a été causée par le Covid-19. Là encore, dans de nombreux pays, notamment les pays en développement, l’accès aux tests de dépistage est souvent limité aux zones urbaines. Dans les zones rurales, le virus a pu s’implanter et y causer des décès, sans même que les victimes sachent la cause du décès. Une situation de flou sanitaire qui brouille les données statistiques.
  • Enfin, il y a les pays qui, pour des raisons politiques et/ou économiques, minimisent volontairement la mortalité liée au Covid-19. Le cas de la Chine est souvent mis en avant, avec un taux de contamination et de décès particulièrement bas. Pékin maquille-t-il ses chiffres ? « Si c’est bidon, c’est d’une sophistication incroyable. Est-ce que les Chinois trichent ? A vrai dire, on n’en sait rien« , indiquait en mars dernier, le démographe française Jean-Marie Robine, dans un article de Franceinfo.
  • « Beaucoup de morts dans un temps très court »

Quel qu’il soit, le bilan actuel de l’épidémie de Covid-19 est inférieur à celui d’autres pandémies. On estime que la grippe dite « espagnole » de 1918-1919 – également causée par un virus alors inédit – a tué de 50 à 100 millions de personnes, et en 40 ans, le sida a provoqué plus de 36 millions de décès.

Pour autant, le Covid-19 a fait « beaucoup de morts dans un temps très court« , relève Jean-Claude Manuguerra, virologue à l’Institut Pasteur.

Et « cela aurait pu être beaucoup plus dramatique sans les mesures prises, d’abord la restriction de la circulation des personnes puis la vaccination« , selon l’épidémiologiste Arnaud Fontanet.

Avec Euronews