L’Etat français dévoile son plan en cas de Brexit sans accord

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Après le rejet par les députés britanniques du plan de sortie de l’Union européenne, la France se prépare à un Brexit dur. Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé ce jeudi 17 janvier le déclenchement d’un plan national pour faire face aux effets d’une sortie non-négociée du Royaume-Uni.

Le Parlement français a adopté ce jeudi soir le projet de loi permettant au gouvernement de prendre par ordonnances les mesures de préparation au Brexit. Plus tôt, le Premier ministre Edouard Philippe en a présenté cinq, qui doivent être promulguées dans les trois prochaines semaines. Elles visent à protéger les intérêts des Français résidant au Royaume-Uni, à garantir un statut pour les citoyens britanniques en France et à prendre des mesures en vue du rétablissement des contrôles de marchandises aux frontières.

Il s’agit de limiter la casse, et d’aller vite, car le Brexit est prévu dans deux mois et demi. Edouard Philippe considère qu’il est désormais « de moins en moins improbable » que le Royaume-Uni sorte de l’Union européenne sans qu’aucun accord n’ait été trouvé. Une éventualité que la Première ministre Theresa May juge elle-même « impossible » d’écarter.

50 millions d’investissement pour les ports et aéroports
Le chef du gouvernement français a également annoncé « un plan d’environ 50 millions d’euros d’investissement dans les ports et les aéroports français ». Cet argent servira notamment à construire des parkings et des nouveaux bâtiments de contrôles douaniers pour éviter les embouteillages et fluidifier le trafic.
Le port de Boulogne-Calais va ainsi aménager une zone dédiée aux déclarations pouvant accueillir 200 poids lourds, ainsi qu’une autre zone pour les services sanitaires et le contrôle du bétail. Il est également question de mettre en place un système de douanes dématérialisées pour les déclarations. Des changements qui ont un coût et qui vont nécéssiter des besoins humains plus importants. Edouard Philippe a donc annoncé le recrutement de 600 douaniers, contrôleurs vétérinaires et autre personnel frontalier, pour faciliter au maximum le transit du fret entre l’île et le continent.

Accompagner les entreprises
Face à la crainte d’un impact négatif sur l’économie française et d’un ralentissement des échanges, le chef de l’exécutif a mis l’accent sur la nécessité d’accompagner les entreprises, en particulier les TPE et PME qui commerçaient jusqu’alors avec le Royaume-Uni. Quelque 30 000 entreprises françaises exportent Outre-Manche, et 3 000 y sont installées. Autant d’acteurs qu’il va falloir assister pour les aspects juridiques et logistiques.

L’Etat français a déjà mis en place un site d’information en ligne baptisé Brexit Pratique. Les services de Douanes, en particulier dans le nord de la France, organisent également depuis plusieurs des réunions avec les chefs d’entreprises qui échangent avec l’Angleterre afin de les aider à anticiper.

Mais s’il existe un secteur qui risque de pâtir d’un Brexit sans accord, c’est celui de la pêche. Grâce à la Politique de pêche commune en vigueur depuis les années 1980, les pêcheurs français avaient accès aux zones très poissonneuses situées en territoire anglais. Une fois sortie de l’UE, le Royaume-Uni reprendra le contrôle de l’intégralité de sa zone économique exclusive. C’est lui qui définira les quotas et les accès. Edouard Philippe a promis de défendre les intérêts des pêcheurs français, mais aucune mesure concrète n’a encore été annoncée.