L’attentisme et le reflux

Chronique

Les grandes formations politiques du Bénin n’ont pas encore libéré les pensées et les énergies, en donnant le nom de leur porte-étendard pour l’élection présidentielle de février prochain. En dehors de certains renégats, les vrais candidats restent toujours inconnus, à environ quatre (04) mois de l’échéance. La Renaissance du Bénin (RB), les Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE), l’Union fait la Nation (UN) et même le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) conjuguent le même sort et partagent les mêmes difficultés à désigner le cheval gagnant.

A la RB, on ne semble pas pressé ; il y a comme un mutisme malgré les soubresauts justificatifs de la viabilité des uns et des autres. Pas de rassemblement, pas de réunions pour donner au moins l’impression d’un intérêt à la chose.
Le PRD par contre a, et ce grâce à son université de vacances, offert des instants de jaser, de réfléchir sur sa position qui ne fixe cependant sur rien. Là, au moins, on peut oser quelques analyses et commentaires qui situent sur son statut permanent de faiseur de roi.
Chez les verts, tout est vert, sans action probante. C’est plutôt l’heure du grand rassemblement et de rappel de la troupe qui, aux dires de ses caciques, se met en ordre de bataille pour la joute électorale. Mais jusque à quand ? se demande-t-on. Parce que le chef ne libère pas les actions en fixant plus tôt les esprits sur son potentiel successeur, certains se sont affranchis, clamant leur intention de briguer contre vents et marrées et le gré du leader, la magistrature suprême.
Le trop grand attentisme a ceci de négatif qu’il jette le doute même sur des valeurs, sur la qualité du processus du choix et les inquiétudes qui embrasent les cœurs lorsqu’on est au bout du souffle.
Le rappel de la troupe qui a été la première stratégie aux FCBE avait suscité grand intérêt au point d’inquiéter les forces adverses. Mais aujourd’hui que l’ardeur s’émousse, les espoirs aussi s’évanouissent et les esprits écartelés. L’effort de la reconstitution de la grande famille se mue en réceptacle de musèlement et d’embrigadement des volontés. Ceci a pour conséquence la perte de la confiance et de conviction.
A terme et si rien n’est fait au plus tôt pour rassurer les uns et les autres, le grand mouvement de retour peut s’inverser, et les enfants prodigues pourraient être « définitivement perdus » ou récupérés ailleurs. La grande tendance à la visibilité absolue peut pousser à faire des options à contre cœur, contre nature et contre sa conscience.
La farouche volonté affichée par les uns de ratisser le plus largement possible pourrait provoquer la fibre sympathique et renforcer le flair à tout ce qui bouge mais pas à ce qui dort du sommeil, peut-être de la mort certaine.
Le trop grand attentisme peut pousser au reflux des forces unies pour la cause commune. Et le désespoir n’est plus loin, qui profite aux autres forces en présence.