François Houessou tourne en rond

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Le ministre de l’Intérieur, de la sécurité publique et des Cultes doit faire mieux pour permettre aux béninois de vivre dans la quiétude et aux opérateurs économiques et autres hommes d’affaires d’investir au Bénin. Depuis bientôt un an qu’il a la charge de la sécurité publique, il tourne en rond et vient de jouer au médecin après la mort. Celle de deux policiers.

François Houessou est un bon administrateur civil. C’est ce que beaucoup pense de lui. A la tête de la préfecture Ouémé-Plateau, il a réussi au moins à contenir les marches intempestives des populations en 2013. Et en apprenant sa nomination en août 2013 au ministère de l’intérieur, de la sécurité publique et des Cultes, beaucoup ont vite pensé que M. Houessou dont on connaît la rigueur allait bien conduire la maison sécurité publique. Tout ce que les populations voulaient, c’est que leur sécurité soit bien assurée. Dix mois après, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Plusieurs initiatives de ses prédécesseurs sont en berne.

C’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle, dit l’adage. Mais, depuis que François Houessou dirige le ministère en charge de la sécurité publique, certaines initiatives louables de son prédécesseur sont en berne. Si on peut affirmer aujourd’hui que l’opération Djakpata est enrhumée, il en est de même Comités Locaux de Sécurité, une initiative de son prédécesseur. Selon son concepteur, il s’agit d’une stratégie de lutte contre l’insécurité à travers la mise en place d’un cadre formel de coproduction de la sécurité. C’est donc un mécanisme de collaboration entre les acteurs civils de la sécurité et les forces de sécurité publique, dans la droite ligne de la vision de Police de proximité. Les Comités Locaux de Sécurité qui seront installés progressivement sur toute l’étendue du territoire national devront organiser la veille sécuritaire avec les forces de sécurité publique, dans une vision de collaboration et de contribution citoyenne au renforcement de la sécurité publique.

Que sont devenus les Comités Locaux de Sécurité ?

Après l’arrivée de François Houessou que sont devenus les Comités Locaux de Sécurité, un programme en vue d’impliquer les populations à la base dans le système de production de la sécurité publique. A Porto-Novo, Lokossa, Bohicon, Sakété, Djakotomey, pour ne citer que ces villes, les comités locaux de sécurité ont été installés. Le ministre François Houessou a même installéen décembre 2013 à Djakotomey 410 membres des comités locaux de sécurité du Couffo. Que sont devenus aujourd’hui ces comités locaux de sécurité ? Ce programme a duré le temps d’un feu de paille. Le ministre a tourné en rond et continue de tourner en rond. Sinon comment comprendre que malgré ce programme, les hors la loi circulent dans nos villes et campagnes sans être inquiétés. Ce programme est comparé à une initiative de la période révolutionnaire. En ce temps, les populations accompagnaient l’Etat dans sa quête d’assurer leur sécurité. Le délégué du quartier de ville ou du village était informé à chaque présence d’étranger. Aujourd’hui, les étrangers pullulent les maisons dans nos villes et campagnes, mènent allègrement des activités, parfois sordides et narguent même les autochtones. Les chefs quartiers et/ou de villages ne maitrisent même pas leurs administrés. Les patrouilles nocturnes que mène la police sont ce qu’elles sont. « Sans ma carte d’identité, j’ai traversé la ville de Cotonou après minuit contre un billet de 500 fcfa », raconte un habitant d’Abomey-Calavi, sur une chaine de radio qui dénonçait les bavures policières. C’est à croire que le dispositif sécuritaire est enrhumé depuis quelques temps. Pourtant, à la tête de la police depuis bientôt un an, le contrôleur général de police, Philippe Houndégnon, un intrépide qui a fait ses preuves. A son arrivée, il a même pris initié l’opération « a chacun son couloir » salué par tous. Et pourquoi ne pas initier par exemple, « à chacun sa pièce d’identité » même si pour l’obtention de cette pièce, il y a beaucoup à dire.

Depuis qu’il dirige le ministère en charge de la sécurité publique, François Houessou a été vu le plus sur le terrain politique. Les meetings ont dominé les questions de sécurité publique. Et parlant de sécurité publique, il a fallu la mort de deux policiers en mission commandée avant que François Houessou ne tienne une séance de travail dite « importante » avec la haute hiérarchie de la police nationale sur les nouvelles mesures à prendre afin de renforcer la sécurité publique au Bénin.
Mieux, Il a fallu que le chef de l’Etat, Dr Boni Yayi, rencontre les hauts gradés de la police et de la gendarmerie avant que le ministre en charge de la sécurité ne se réveille. Le Chef de l’Etat a souhaité que de telles tragédies ne surviennent dorénavant, au risque de saper le moral de la troupe.

Il avait oublié de jeter de nouvelles bases de sécurité

Revoir le dispositif institutionnel, élaborer une feuille de route assortie de moyens humains, matériels, technologiques, etc en vue de corriger les dysfonctionnements éventuels dans l’échafaudage sécuritaire de notre pays. C’est le menu de la rencontre tenue en fin de semaine par le chef de l’Etat avec la hiérarchie policière et militaire. Si Boni Yayi a demandé aux uns et aux autres de prendre conscience des enjeux sécuritaires dans notre pays et à redoubler de vigilance et d’ardeur dans la protection des populations, il faut attendre 72 heures après la rencontre avec le chef de l’Etat pour que le ministre de l’intérieur ne regroupe la hiérarchie policière. Il continue de tourner en rond et joue au médecin après la mort. Sinon, François Houessou peut-il dire qu’il ne sait pas que notre sous région est confrontée depuis peu à d’énormes problèmes sécuritaires ? Il y a la montée en puissance des mouvements terroristes. Ne réveillons même pas le chat qui dort parlant de ce mouvement de Boko Haram au Nigéria voisin. Le ministre de la sécurité publique avait oublié qu’il fallait vite jeter de nouvelles bases pour améliorer l’efficacité de notre dispositif de sécurité au niveau national. Il a attendu que les hors la loi ne sèment la terreur au sein des personnels de sécurité avant de convoquer la hiérarchie policière pour prendre de nouvelles mesures afin de renforcer la sécurité publique au Bénin. C’est triste. Cela frise la démission.

François Houessou devra cesser de tourner en rond, de jouer au médecin après la mort et savoir qu’il faut faire front commun avec les autres forces de sécurité contre les divorcés sociaux. Il aura insisté sur la nécessité de renforcer les forces de police en équipement et en matériel. Sans la conjugaison des autres forces, sans la partition des populations, il tournera toujours en rond et les mêmes causes produiront les mêmes effets.
Le ministre a intérêt à prendre son bâton de pèlerin et agir vite et empêcher les hors la loi à frapper à nouveau. A moins qu’il sorte par la petite porte et évite de sortir par la grande.