RDC : Félix Tshisekedi annonce la fin de la coalition FCC-Cach

Afrique

Le président congolais Félix Tshisekedi a prononcé ce dimanche 6 décembre une allocution d’une trentaine de minutes pour livrer le bilan des consultations nationales du mois de novembre et annoncer les décisions qui en découlent. La principale mesure étant la fin de la coalition gouvernementale composée avec le FCC de Joseph Kabila.

« Mes chers compatriotes, je vous ai consultés, vous m’avez parlé ». Lors de ce discours qui vient conclure plusieurs semaines de consultations, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, s’est adressé directement aux Congolais ce dimanche.

Il a énuméré les problèmes et les recommandations qui sont remontés des consultations nationales. Instabilité, insécurité, gouvernance démocratique, corruption, emploi des jeunes et place des femmes, la liste est très longue, mais « la colère a été prise en compte », a affirmé le chef de l’État.

Un « tournant décisif dans la construction démocratique »

Ce qui a été mis en avant selon lui durant ces dernières semaines, c’est le rejet de la coalition gouvernementale FCC-Cach, formée avec le camp de son prédécesseur Joseph Kabila. « Elle ne m’a pas permis de mettre en œuvre mon programme et de répondre aux attentes des Congolais », a déclaré Félix Tshisekedi. Il a également parlé d’une situation de « crise persistante » et d’un blocage parlementaire en évoquant l’exemple récent de la nomination des juges de la Cour constitutionnelle.

Résultat, le président affirme ne plus pouvoir se résoudre au statu quo et souhaite obtenir une nouvelle majorité. « La majorité actuelle s’étant effritée, une nouvelle majorité est nécessaire », décrit Félix Tshisekedi. Il a notamment parlé d’un « devoir collectif » de sursaut et d’un « tournant décisif dans la construction démocratique ».

Un informateur pour une nouvelle majorité

Pour cela, il nommera donc un informateur chargé d’identifier une nouvelle coalition gouvernementale possible au sein des députés. La Constitution, qui prévoit cette possibilité, précise que la mission d’information a une durée de 30 jours, renouvelable une fois. Pourtant pour Lambert Mendé, député national du Front commun pour le Congo (FCC), un informateur ne peut être nommé qu’en l’absence d’un Premier ministre.

Pour Jean-Jacques Lumumba, lanceur d’alerte et coordonnateur d’Unis, réseau panafricain de lutte contre la corruption, le diagnostic posé est bon. Mais il se montre réservé sur la solution adoptée et sur le rôle de l’informateur : « Nous aurons un informateur qui sera sans doute celui qui va porter tous les problèmes. Il devra identifier une majorité qui est composée de plusieurs partis de l’ancien FCC dont nous savons comment la majorité a été constituée. »

Selon Jean-Jacques Lumumba, lanceur d’alerte : « C’est un grand saut vers l’inconnu ». En cas d’échec, le chef de l’État évoque la possibilité d’une dissolution de l’Assemblée nationale : « J’userai des prérogatives constitutionnelles qui me sont reconnues, pour revenir vers vous, peuple souverain, et vous demander cette majorité ». Il sera, selon lui, l’ultime recours.

Selon Lambert Mendé, le FCC prend acte de la décision du président Tshisekedi de mettre fin à la coalition. Pour lui, il n’y a plus qu’une seule issue, « c’est d’aller vers ce que la Constitution prévoie de manière formelle : la cohabitation. Parce qu’il a été élu président de la République et que le FCC est détenteur de la majorité parlementaire, celle qui doit former le gouvernement. »

Pour Jean-Pierre Lisanga Bonganga de la coalition Lamuka, le président amplifie la crise et devrait convoquer un dialogue avec Martin Fayulu et Joseph Kabila. « Ces protagonistes doivent se réunir pour trouver une solution », insiste-t-il. Lui aussi membre de Lamuka, Moise Katumbi estime pour sa part que Félix Tshisekedi a apporté une réponse claire aux attentes des Congolais. Sur Twitter, le président d’Ensemble pour la République dit appuyer sa volonté de chercher les moyens de répondre à leurs besoins.

Un plan local de développement

Le chef de l’État a aussi parlé des provinces qui devront chacune être dotées d’un plan local de développement, précise notre correspondant à Kinshasa, Kamanda wa Kamanda Muzembe. « Nous devons renforcer les piliers de la cohésion », a-t-il expliqué. Il a ensuite annoncé que ce grand projet sera porté au sein d’une Union sacrée, celle qui devra désormais prendre la place de la majorité parlementaire actuelle.

R.F.I.

 

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