Guinée : Explosion meurtrière dans un dépôt d’hydrocarbures du port de Conakry

Afrique

Une puissante explosion s’est produite lundi 18 décembre peu après minuit, dans un dépôt de carburants à Conakry, générant un immense incendie au-dessus du dépôt d’hydrocarbures de la Société guinéenne de pétrole situé à Kaloum, dans le quartier de Coronthie. On compte au moins onze morts et des dizaines de blessés, de source médicale. Le dépôt d’hydrocarbure du port de Kaloum est en feu.  

Les autorités n’ont pas encore communiqué de bilan, mais selon des sources hospitalières, 11 personnes au moins auraient été tuées. On compte des dizaines de blessés légers, qui continuent d’arriver aux urgences des centres de santé. Après une nuit éprouvante, le personnel médical note un ralentissement dans l’afflux de blessés.

Des flammes de plusieurs mètres de haut s’élèvent au-dessus du foyer toujours actif. Un immense panache de fumée noircit le ciel. Difficile de s’approcher du site qui est bouclé par les forces de sécurité guinéennes. Aux alentours, le quartier de Coronthie est méconnaissable. Des bâtiments, et des maisons se sont effondrées. Un peu partout, éparpillés à même le sol, des morceaux de tôle. Les toitures ont été soufflées par la déflagration. La véranda d’une école menace de s’écrouler. À la mi-journée ce lundi 18 décembre, Kaloum a des airs de ville fantôme. Des barrages des forces de sécurité bloquent l’accès au quartier. Beaucoup d’habitants ont également quitté leur maison cette nuit, fuyant vers la banlieue.

Le gouvernement a annoncé dans un communiqué des mesures « à observer dans la zone du Grand Conakry » aujourd’hui. Les travailleurs du secteur public et privé sont invités à rester chez eux. Les établissements scolaires publics et privés resteront fermés. Les stations services seront fermées également, exceptées pour les services d’urgence. Le gouvernement annonce l’ouverture prochaine d’une enquête « pour situer les causes et les responsabilités ».

Onde de choc ressentie jusqu’en banlieue de Conakry

L’onde de choc a été ressentie jusqu’en banlieue de Conakry, dans la nuit de dimanche à lundi. L’explosion s’est produite peu après minuit, près du port de Conakry et a été suivie d’un gigantesque incendie. Le sinistre est survenu dans le dépôt d’hydrocarbures de la Société guinéenne de pétrole, situé à Kaloum, dans le quartier de Coronthie. Les habitants du quartier de Coronthie, le plus touché par la déflagration, décrivaient des scènes apocalyptiques, des toits soufflés, des maisons qui se seraient effondrées. Une immense colonne de flammes et fumée s’élevait du bout de la presqu’île de Kaloum, dans la capitale guinéenne, en début de matinée.

La première communication officielle des autorités guinéennes est intervenue plus de six heures après l’explosion. Selon un communiqué publié au petit matin par le gouvernement, « un incendie d’origine inconnue s’est déclaré au principal dépôt d’hydrocarbure de la Société guinéenne de pétrole ». « L’ensemble des structures spécialisées ont aussitôt été engagées à lutter contre le feu », lit-on. Des heures après l’explosion, le site industriel était toujours ravagé par un gigantesque incendie. Il avait néanmoins perdu en intensité.

Toute la nuit, les ambulances ont fait la navette entre l’hôpital Donka et le quartier de Coronthie, à l’entrée de la presqu’île de Kaloum, le centre politique de la capitale guinéenne, où sont installés la présidence et les ministères. Celui de la Santé a mis en place une cellule de crise pour gérer l’afflux de patients. Sur les brancards, des cas de brûlures, des coupures, des blessures par « blast » majoritairement, terme technique médical qui désigne les lésions causées par l’onde de choc de l’explosion.

Fuite des habitants

Beaucoup ont décidé de quitter la zone alors que les militaires ont monté des barrages pour bloquer l’accès à Kaloum et ne laissent passer que les ambulances et les officiels. Des milliers de personnes marchaient en sens inverse cette nuit, se dirigeant vers la banlieue pour se mettre à l’abri. Un exode massif qui s’est déroulé dans le calme. Dans la foule, des blessés, comme cette femme portée par un adolescent ou cet homme dont le pied saigne abondamment.

Des Guinéens qui ont des proches à Corinthie doivent encore prendre leur mal en patience. Les habitants demandent depuis des années qu’il soit installé à l’extérieur de la ville. « Je le dis tout le temps. Ça, c’est dangereux ! On n’est pas en sécurité avec tout ça. Les camions-citernes sont partout. Le dimanche, tu peux même pas circuler. On sait même pas s’ils sont bien fermés. On s’attendait à ce que ça arrive », témoignait Bineta, une habitante du quartier de Corinthie, après l’explosion.

Le président guinéen, Mamadi Doumbouya, a présenté ses condoléances aux familles de victimes. Il a appelé les Guinéens à la « solidarité » en « ces moments de dure épreuve ». Une campagne de don de sang est organisée en ce moment-même sur l’esplanade de la mosquée Fayçal.