Affaire des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali : Dernière ligne droite ou nouveau blocage?

Afrique

L’attente se prolonge encore une fois pour les 46 soldats ivoiriens détenus au Mali. Le président togolais Faure Gnassingbé a rencontré mercredi 4 janvier le président de transition malien Assimi Goita à Bamako. Le président Gnassingbé est médiateur dans cette crise entre le Mali et la Côte d’Ivoire, sa visite à Bamako suscitait des espoirs, mais il est reparti sans aucun invité dans son avion et sans faire aucune déclaration.

La présidence malienne a diffusé ce matin des images de la visite du médiateur togolais Faure Gnassingbé et de sa rencontre, mercredi 4 janvier, avec le président malien de transition, le colonel Assimi Goita. Avec de la musique, et sans aucun commentaire. Même silence de la médiation togolaise et de la partie ivoirienne, en dépit des sollicitations de RFI.

Pas d’annonce de grâce présidentielle, pas même un commentaire pour rassurer sur l’état des discussions. Fin décembre, le Mali et la Côte d’Ivoire signaient un memorandum en vue de la libération des 46 soldats, Bamako promettait un dénouement heureux rapide et le président ivoirien Alassane Ouattara assurait encore lors de ses vœux à la nation que les 46 rentreraient « bientôt » chez eux. Leur libération semblait donc politiquement acquise, en dépit de leur lourde condamnation par la justice malienne – 20 ans de prison pour « attentat et complot contre le gouvernement » et « atteinte à la sûreté extérieure de l’État », peine prononcée le 30 décembre 2022.

Mercredi, c’est le président togolais en personne qui s’est déplacé à Bamako, certains y voyaient le signe que le moment était enfin arrivé. Aujourd’hui, il semble plutôt que si Faure Gnassingbé a fait lui-même le déplacement, c’était pour plaider avec le plus de poids possible devant la Présidence malienne pour une grâce présidentielle.

En dépit de l’accord signé fin décembre 2022, un observateur malien averti juge que la crise de confiance entre les deux pays est toujours latente. Bamako tient Abidjan pour responsable des sanctions infligées par la Cédéao, en 2022, et Abidjan a plusieurs fois reproché à Bamako sa mauvaise foi sur ce dossier et le non-respect d’engagements pris devant la médiation togolaise au cours des derniers mois.

Menaces de sanctions suspendues par la Cédéao

Le Mali veut-il simplement faire durer le plaisir, agacer le président Ouattara et soigner sa mise en scène avant de libérer les soldats ivoiriens ? Ou reste-t-il encore des points de négociations concrets, politiques ou financiers, à régler ? Les deux pays sont-ils engagés ensemble dans la dernière ligne droite ou s’agit-il toujours de surmonter des blocages ?

La Cédéao menaçait de prendre des mesures de représailles contre le Mali si les soldats ivoiriens n’étaient pas relâchés avant le 31 décembre, elle a indiqué mercredi qu’elle suspendait cette menace : un signe, à la fois encourageant, de confiance dans le processus de médiation en cours, et inquiétant, puisque la Cédéao parle d’un temps supplémentaire pour « résoudre le problème ». Ce qui signifie bien que problème il y a. Uniques propos arrachés par une journaliste malienne à Faure Gnassingbe à sa sortie du Palais de Koulouba : « je reviendrai et je ferai une belle déclaration. »

RFI