Mali : Après la prise d’Anefis par l’armée, une pause dans les combats qui ne saurait durer

Afrique

Au Mali, plus de combats entre les Forces armées maliennes (Fama) et les rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP) depuis 48 heures. Les Fama et leurs supplétifs russes du groupe Wagner sont entrés le 7 octobre 2023 au matin à Anefis, aux portes de la région de Kidal. Cette localité était jusque-là contrôlée par les groupes armés du CSP. L’armée malienne y a hissé le drapeau national et depuis, une forme de pause est observée sur le terrain.

Aucun combat le dimanche 8 octobre, aucun combat aujourd’hui ce lundi 9 octobre, mais cette pause ne saurait durer. L’armée malienne a déjà annoncé qu’elle ne comptait pas s’arrêter à Anefis : elle vise les camps militaires que la Minusma doit quitter prochainement à Aguelhoc, Tessalit, et Kidal, dans le cadre de son désengagement du pays.

Initialement, les camps d’Aguelhoc et Tessalit devaient être libérés le mois dernier. Ce n’est toujours pas le cas, et aucune date précise n’a été communiquée par la mission onusienne sur le nouveau calendrier. En ce qui concerne Kidal, le départ est programmé le mois prochain.

L’armée malienne vise les camps onusiens

En vertu des règles onusiennes, la Minusma doit rétrocéder ces camps aux autorités politiques maliennes ; c’est ce qui passé pour les camps déjà libérés par la mission onusienne. Les autorités de transition ont ensuite fait le choix d’y envoyer directement l’armée nationale, ce que dénoncent les rebelles du CSP qui estiment que les camps situés dans des zones officiellement sous leur contrôle au moment de la signature de l’accord de paix de 2015 – et avant cela du cessez-le-feu de 2014 – devraient leur revenir.

L’arrivée des soldats maliens dans ces camps est donc considérée comme une reconquête légitime du territoire national par les autorités maliennes de transition, et comme une violation de l’accord de paix par les groupes armés du CSP. Un contexte qui rend le retrait des troupes onusiennes encore plus complexe.

« Repos éternel »

Ce week-end, pour la première fois depuis le début de l’offensive lancée il y a tout juste une semaine, l’armée malienne a diffusé des images du front et notamment des soldats maliens affichant leur « fierté » dans la ville fraîchement reconquise d’Anefis.

Aucun combattant de Wagner n’apparaît à l’image, Bamako continuant de nier officiellement leur présence. Pour la première fois également, le ministre de la Défense, le Colonel Sadio Camara, s’est exprimé ce week-end : il a notamment promis « le repos éternel » à ses adversaires.

Les autorités maliennes de transition se réjouissent du succès que constitue pour les Forces armées maliennes (Fama) la prise d’Anefis, qui était jusqu’ici contrôlé par les rebelles du CSP. Et cela au terme de deux journées de combats intenses, au cours desquels les deux camps assurent avoir infligé à l’ennemi d’importantes pertes humaines et matérielles. Des déclarations invérifiables de source indépendante.

Mais les soldats maliens ont pris possession d’une ville désertée par ses habitants et n’ont, pour le moment, pas repris leur progression.

Repositionnement stratégique

Quant aux rebelles du CSP, ils assurent avoir quitté Anefis pour éviter des combats dans la ville et affirment avoir repositionné leurs lignes de défense de façon stratégique autour de la ville. Le CSP qui accuse également les soldats maliens et les mercenaires de Wagner d’avoir commis, au cours de leur avancée, de nombreuses exactions à l’encontre des populations civiles.

Le convoi de l’armée malienne, composé d’une centaine de véhicules, sera-t-il le premier à se remettre en route pour atteindre ses objectifs ? Les rebelles du CSP se livreront-ils avant cela à de nouvelles manœuvres de harcèlement ou à une nouvelle attaque de camp Fama ? La seule certitude, pour les deux parties, c’est que l’accalmie du moment a vocation à être rompue.

En attendant la reprise des affrontements, des bombardements aériens ont été signalés ce matin à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Kidal. L’armée malienne n’a pas communiqué mais le CSP a confirmé ces frappes au niveau de la localité de Djounhan, qui n’auraient pas fait de victime.

RFI