Présidentielle au Nigeria : Abubakar dénonce des «fraudes» et «un viol de la démocratie»

Afrique

Atiku Abubakar, arrivé deuxième à la présidentielle du 25 février au Nigeria, a dénoncé jeudi des manipulations et des fraudes «sans précédent», évoquant un «viol de la démocratie», après la victoire du candidat du parti au pouvoir, Bola Tinubu.

«Les manipulations et les fraudes qui ont accompagné cette élection sont sans précédent dans l’histoire de notre nation», a déclaré devant la presse à Abuja, le candidat du Parti démocratique du peuple (PDP). Selon lui, l’empressement de la Commission électorale à publier les résultats dans ce contexte constitue un «viol de la démocratie».

« Je ne comprends toujours pas pourquoi l’arbitre électoral était si pressé de conclure la collecte et l’annonce des résultats, étant donné le nombre de plaintes et d’irrégularités » enregistrées, a-t-il dit. Selon lui, les résultats proclamés par la Commission électorale nationale indépendante « étaient grossièrement biaisés » au profit de M. Tinubu, 70 ans, du Congrès des progressistes, qui a officiellement remporté l’élection présidentielle avec 8,8 millions de voix, soit 36 % des suffrages.

Contestation devant la justice

L’ancien vice-président Atiku Abubakar, 76 ans, a lui obtenu 29 % des voix, et le favori de la jeunesse, Peter Obi, 61 ans, est arrivé troisième avec 25 % des voix. Ce dernier, qui dénonce aussi des fraudes massives, a déjà annoncé qu’il allait contester les résultats devant la justice.

Interrogé sur le fait de savoir s’il comptait faire de même, M. Abubakar a simplement répondu : « Nos avocats étudient les résultats de l’élection, nous attendons leurs conseils (…) et nous déciderons de la conduite à tenir. » « Il ne s’agit pas de moi, il s’agit de vous, de l’avenir du Nigeria et de la jeunesse », a-t-il ajouté, tout en appelant ses partisans à s’abstenir de toute réaction violente.

Le scrutin, qui s’est globalement déroulé dans le calme, été marqué par des retards dans le décompte des voix et d’importantes défaillances dans le transfert électronique des résultats, provoquant la colère de nombreux électeurs et des partis d’opposition.

Par le passé, les élections organisées dans le pays le plus peuplé d’Afrique ont souvent été entachées d’allégations de fraude et de violences. Mercredi, M. Tinubu a appelé ses adversaires à « faire équipe ensemble » : « Je vous demande de nous rejoindre pour que nous puissions commencer à reconstruire ensemble notre foyer national. »

Avec AFP