Burkina Faso : A 34 ans, Ibrahim Traoré devient le plus jeune président du monde

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Le capitaine a été nommé ce vendredi président de la transition, après 12 ans passés dans l’armée. Il a promis de faire en trois mois ce qui ne l’a pas été les huit derniers, notamment sur la lutte contre le djihadisme.

Visage encore inconnu voici deux semaines au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, 34 ans, désigné vendredi président de la transition après son putsch du 30 septembre, est le plus jeune chef d’État au monde, « respecté » par les hommes avec lesquels il a combattu les djihadistes. Le jeune capitaine de 34 ans – ce qui en fait le plus jeune chef d’État au monde devant le président chilien Gabriel Boric, 36 ans – a renversé le 30 septembre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même putschiste en janvier 2022.

Natif de Bondokuy (ouest), il étudie la géologie à Ouagadougou et rejoint l’armée en 2010. Il est diplômé de l’Académie militaire Georges Namonao, une école de formation d’officiers moins glorieuse que le Prytanée militaire de Kadiogo (PMK) dont son prédécesseur Damiba et nombre de hauts gradés burkinabés sont issus. Il sort vice-major de la promotion nommée « Citoyenneté », raconte un ancien élève qui a étudié avec lui. Il y était « discipliné et valeureux », assure-t-il.

« Respecté »

S’en suivent dix ans de carrière au front : il est déployé dans le nord et le centre du pays frappés par les attaques djihadistes, puis au Mali en 2018 au sein de la mission de l’ONU, la Minusma. Il est nommé capitaine en 2020. Un fait d’armes marquant survient cette année-là quand la ville de Barsalogho, à une quarantaine de km de Kaya dans le centre du Burkina où il est alors basé, est attaquée par des groupes djihadistes qui menacent de la faire tomber.

La route étant réputée minée, le capitaine Traoré entame alors avec ses hommes un « rallye commando » à pied, raconte un officier supérieur anonymement, pour libérer la ville. Le genre de décisions qui font que l’homme est « respecté de ses hommes et a fait parler de lui dans différentes opérations ».

Ironie de l’histoire, le parcours récent de Traoré s’est inscrit dans les pas de celui du lieutenant-colonel Damiba, qu’il a fini par renverser. Lors du putsch contre le président d’alors Roch Marc Christian Kaboré, le 24 janvier, qui a porté Damiba au pouvoir, Traoré est membre de la junte putschiste, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). En mars, le président Damiba le nomme chef d’artillerie du régiment de Kaya, d’où viendra petit à petit la grogne.

« Exaspération »

Nommé par ses camarades porte-parole des membres du MPSR sur le terrain, il est mandaté plusieurs fois à Ouagadougou pour plaider un changement de stratégie auprès du président. C’est finalement faute d’avoir été entendu, disent plusieurs de ses soutiens, qu’il aurait marché sur Ouagadougou le 30 septembre, quelques jours après une énième attaque, cette fois contre un convoi de ravitaillement escorté par l’armée dans le Nord. Bilan, 27 morts militaires et 10 civils tués.