Vaccin AstraZeneca-Oxford : Véran dit non à sa suspension en France

Santé & Culture

Grâce au dispositif Covax qui vise à fournir les premières doses du vaccin anti-covid aux pays à faible revenu, principalement en Afrique, plusieurs pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Sénégal pour ne citer que ceux-là, ont déjà reçu plusieurs lots de doses du vaccin AstraZeneca/Oxford. Alors que la campagne de vaccination a déjà commencé dans certains de ces pays cités, d’autres pays du côté de l’Europe viennent de suspendre momentanément le vaccin. Olivier Véran a indiqué qu’il n’y avait « pas de sur-risque statistique », alors que plusieurs pays ont suspendu l’utilisation du vaccin AstraZeneca. La France va poursuivre la vaccination avec les doses du vaccin britannico-suédois.

Ce jeudi 11 mars 2021, l’Agence danoise de la santé a annoncé avoir suspendu le vaccin AstraZeneca par mesure de précaution à cause de craintes liées à la formation « de caillots sanguins chez des personnes vaccinées. » Suivant l’exemple de son voisin, la Norvège a également annoncé ce jeudi avoir suspendu l’utilisation du vaccin anti-Covid d’AstraZeneca. A l’occasion d’une conférence de presse, Geir Bukholm, le directeur du contrôle et de la prévention des infections à l’Institut norvégien de la Santé publique a fait savoir que « c’est une mesure de précaution. »

« Il n’y a pas lieu de suspendre la vaccination par AstraZeneca », a assuré Olivier Véran ce jeudi 11 mars, à l’occasion d’une nouvelle conférence de presse pour faire le point sur la crise sanitaire et sur la campagne de vaccination. Alors que le Danemark, la Norvège ou encore l’Islande, ont suspendu l’utilisation du sérum britannico-suédois, le ministre de la Santé a clairement indiqué que la France continuerait à utiliser les doses de ce laboratoire.

« D’après l’Agence Nationale de Sécurité du médicament, qui suit les recommandations de l’Agence Européenne du Médicament, il n’y a pas lieu de suspendre la vaccination par AstraZeneca », a-t-il expliqué.  » Des enquêtes sont menées systématiquement à chaque fois qu’un effet indésirable grave est déclaré. De quoi parle-t-on ? Sur 5 millions d’Européens vaccinés avec une dose AstraZeneca, 30 personnes ont présenté des troubles de la coagulation. Le rapport bénéfices-risques est clair à ce stade et des investigations sont en cours « , a-t-il poursuivi.

De son côté, le laboratoire AstraZeneca et l’université d’Oxford ont défendu leur vaccin, le jugeant « sûr et efficace »Le Royaume-Uni a d’ores et déjà administré plus de 22 millions de doses dans son pays, en utilisant seulement les sérums des laboratoires de Pfizer-BioNTech et d’AstraZeneca. Interrogé sur franceinfo, Jean-Louis Montastruc, professeur en pharmacologie médical au CHU de Toulouse s’est montré rassurant. « Il n’a pas été démontré qu’il existait une relation avec le vaccin. C’est vraisemblablement une association fortuite, mais les études, les analyses, qui ont été faites ne montrent pas de relation », a-t-il affirmé.

Le vaccin AstraZeneca suspendu au Danemark

Le Danemark a choisi de suspendre l’utilisation du vaccin AZD1222 d’Astrazeneca sur son sol, et l’a fait savoir ce jeudi 11 mars. Le produit ne sera plus administré « jusqu’à nouvel ordre ». Les autorités sanitaires du pays ont indiqué que cette décision avait été prise « par précaution ». La formation de caillots sanguins chez des personnes vaccinées ont été constatées, mais aucune causalité entre ces coagulations et l’administration du vaccin n’est établie. « A l’heure actuelle, on ne peut pas conclure à l’existence d’un lien entre le vaccin et les caillots sanguins », précisent bien les autorités sanitaires.

Le directeur de l’autorité de santé danoise tempère : « Il est important de souligner que nous n’avons pas renoncé au vaccin AstraZeneca, mais que nous faisons une pause dans son utilisation ». Il justifie dans son communiqué que plusieurs études prouvent le caractère sûr et efficace du vaccin, mais la priorité de l’Agence nationale de santé est de réagir face aux « informations faisant état d’éventuels effets secondaires graves, à la fois au Danemark et dans d’autres pays européens ». Non seulement des formations de caillots, un décès est survenu chez une personne ayant reçu le vaccin. L’agence européenne des médicaments (EMA) a déjà lancé une enquête. La suspension de l’utilisation des vaccins AstraZeneca, prévue pour au moins deux semaines, remet en cause le calendrier de vaccination. Copenhague a revu sa copie et espère pouvoir vacciner sa population d’ici la mi-août, au lieu de début juillet.

AstraZeneca assure que le vaccin est « généralement bien toléré »

Les doutes et suspicions du Danemark sur les effets secondaires du AZD1222 d’AstraZeneca ont influencé quelques pays scandinaves. Ce jeudi, l’Islande et la Norvège ont suivi l’exemple et ont décidé de suspendre l’utilisation des doses du sérum, tous lots confondus, « par précaution ». L’agende de santé italienne a quant à elle choisi d’interrompre l’écoulement d’un seul lot du vaccin. D’après les informations de BFM, il s’agirait d’un lot différent de celui mis en cause au Danemark.

Le laboratoire a pour sa part défendu la sécurité de son vaccin. « La sécurité du vaccin a été largement étudiée dans les essais cliniques de phase III et les données (…) confirment que le vaccin a été généralement bien toléré » a assuré un porte-parole du groupe. Le gouvernement britannique a également pris part au débat et soutient la firme pharmaceutique dont le vaccin est « sûr » et « efficace ».

Coagulation, thromboses et décès… AstraZenaca hors de cause ?

D’autres voisins européens ont manifesté leur méfiance vis-à-vis d’AstraZeneca. L’Autriche d’abord, lundi 8 mars, a suspendu l’utilisation d’un lot de sérum après qu’une infirmière décède de « graves troubles de la coagulation » seulement quelques jours après avoir reçu une dose d’AstraZeneca. L’Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg ont à leur tour arrêté d’utiliser les doses issues du lot en question. Deux jours plus tard, le mercredi 10 mars, l’EMA a rendu les résultats de l’enquête préliminaire et a indiqué l’absence de lien entre l’injection du vaccin et le décès. Elle fait également remarqué qu’au 9 mars, seuls 22 cas de thromboses, formations de caillots sanguins, ont été recensés sur plus de 3 millions d’injections réalisées avec AstraZeneca sur le sol européen. Avec si peu de cas, l’hypothèse qu’un seul lot défectueux soit à l’origine des problème de coagulation des patients se tient, encore faut-il prouver le lien de causalité. Si la théorie s’avère correcte, la laboratoire suédo-britannique devra s’expliquer auprès des autorités sanitaires.

CE QU’ON SAIT SUR LE VACCIN ASTRAZENECA

Depuis le lancement de la campagne de vaccination, le vaccin AZD1222 d’AstraZeneca est chahuté alors que son efficacité est reconnu par différentes études. Interrogé par le JDD ce dimanche 7 mars, Olivier Nataf, président d’AstraZeneca France, a pris la défense de son sérum en évoquant son efficacité indiscutable sur les formes graves. « Notre vaccin a été déclaré à tort initialement moins efficace pour les plus de 65 ans. Or, les études dans la vraie vie, en Ecosse ou en Angleterre, confirment qu’il est efficace pour toutes les catégories d’âge, au moins autant que les vaccins à ARN messager. Son efficacité atteint même 100% vis-à-vis des formes graves. Il sera de surcroît modulable face à des variants, qui diminueraient son efficacité comme le mutant sud-africain » a-t-il certifié.

Quels sont les effets secondaires ?

Les problèmes de coagulation et les cas de thromboses n’ont touché, à la date du 9 mars, que 22 personnes sur plus de trois millions d’européens vaccinés avec les doses d’AstraZeneca, et le lien de causalité entre la formation de caillots sanguins et le vaccin n’a pas été établi. Les suspensions du sérum ont été décidées en guise de précaution mais ne témoignent pas d’effets secondaires avérés. L’EMA a déjà écarté la possibilité que le vaccin ait causé la mort d’une infirmière autrichienne, vaccinée peu de temps avant son décès, et a de nouveau lancé une enquête sur les cas signalés au Danemark. Elle a expliqué dans un communiqué : « Les informations disponibles à ce jour indiquent que le nombre de thromboembolies chez les personnes vaccinées n’est pas supérieur à celui observé sur l’ensemble de la population ».

Pour l’heure, les seuls effets secondaires reconnus comme pouvant être provoqués par le vaccin AstraZeneca sont des symptômes pseudo-grippaux intense mais de courte durée et non graves, bien qu’ils aient été la cause de craintes chez une part de la population. Interrogé à ce sujet, Olivier Nataf, président d’AstraZeneca France, a expliqué au JDD que les effets secondaires sont normaux et relativement peu nombreux. « Les premiers jours de la vaccination, seuls 149 cas sur 10000 personnes vaccinées ont été signalés, soit une proportion infime. Les effets secondaires, qui peuvent être prévenus en prenant du paracétamol, se révèlent plus importants chez les jeunes et les soignants. C’est compréhensible : les sujets jeunes réagissent de façon plus marquée, comme ceux qui ont déjà été exposés au virus, ce qui est plus fréquent chez les soignants. »

Concrètement, la grande majorité des effets surviennent dans les 24 heures après l’injection et, dans 93 % des cas, correspondent à des syndromes pseudo-grippaux qui s’estompent entre 24 et 48 heures selon la dernière enquête de pharmacovigilance de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publiée le 5 mars.

Qui peut recevoir le vaccin d’AstraZeneca en France ?

La Haute autorité de Santé préconisait dans un premier temps de vacciner avec le produit AstraZeneca « les professionnels de santé et du médico social, et les personnes âgées entre 50 et 65 ans, en commençant pas ceux qui présentent des comorbidités ». La stratégie vaccinale reste de donner la priorité aux publics les plus vulnérables face au Covid-19. À partir du 25 février, le vaccin AstraZeneca était disponible pour les personnes entre 50 et 64 ans, atteintes de comorbidités, le tout administré en médecine de ville. Désormais, ultime évolution, le vaccin est disponible à toutes les personnes atteintes de comorbidités, y compris donc aux plus de 65 ans.

Le vaccin AstraZeneca est-il préconisé pour les plus de 65 ans ?

Les résultats étaient en attente, c’est désormais officiel : le vaccin AstraZeneca est finalement accessible aux plus de 65 ans et même au-delà de la catégorie.  Dans son avis du 1 er mars 2021, la Haute Autorité de santé a conclu que « la place dans la stratégie vaccinale du vaccin AstraZeneca peut être élargie dès maintenant aux personnes âgées de plus de 65 ans ».  Gabriel Attal l’a confirmé le 3 mars, indiquant également que les médecins généralistes peuvent bien donner la dose de vaccin. « Le vaccin AstraZeneca est accessible à toutes les personnes de plus de 50 ans atteintes de comorbidités. Il est accessible partout chez les médecins généralistes et chez les pharmaciens. Les études ont montré qu’il était efficace contre les formes graves de la maladie » a-t-il expliqué.

Qui peut vacciner avec le vaccin AstraZeneca ?

Le vaccin sera distribué dans les pharmacies et pourra être injecté par les pharmaciens. Il reviendra également aux médecins généralistes d’injecter les doses. Chaque médecin pourra ainsi aller prendre 10 dose dès le 22 février, puis 20 ou 30 doses à partir du 1er mars.

Quelle est l’efficacité du vaccin d’AstraZeneca ?

Le projet de vaccin mené par AstraZeneca n’a pas atteint l’efficacité de ses principaux concurrents, Pfizer et Moderna, qui revendique au moins 90% d’efficacité. Le laboratoire britannique et suédois a fait savoir que son vaccin anti-Covid était efficace à 70%, mais il convient néanmoins de préciser qu’il s’agit d’une moyenne. En effet, deux schémas vaccinaux ont été employés par AstraZeneca. Le premier, qui sera probablement retenu, atteint bien 90% d’efficacité. Le deuxième ne parvient à atteindre que 62%. Le groupe pharmaceutique a malgré tout tenu à faire savoir que malgré cette efficacité moyenne moindre, son vaccin bénéficiait d’un avantage non-négligeable : son transport et sa conservation sont plus aisés que celui de Pfizer, qui nécessite d’être stocker à des températures extrêmement faibles. Celui d’AstraZeneca exige seulement des températures d’un réfrigérateur classique.

 

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