Réécriture de l'histoire du Bénin : Une enquête empirique sur les révoltes historiques dans le Plateau exposée

Actualités

(Les royaumes de Sakété et Hollidjé , foyers d’importantes révoltes ; «Toutes les révoltes n’ont pas eu les mêmes mobiles, ni les mêmes ampleurs», dixit Dr Comlan Julien Hadonou)

Afin de mettre en lumière l’idée sur la révolte de la réécriture de l’histoire du Bénin, des enquêtes empiriques sur les révoltes sous la colonisation française dans le Plateau ont été réalisées par des  historiens avec l’appui de l’académie nationale des sciences, arts et lettres du Bénin (ANSALB) sous l’impulsion du professeur François Abiola. Dans ce cadre, une séance de présentation  a eu lieu le mercredi 21 septembre 2022 dans la salle de conférence de  l’Académie à Cotonou.

Après plusieurs recherches consacrées aux révoltes sous la colonisation française au Dahomey, une nouvelle enquête vient d’être menée par des historiens sous l’égide de l’Ansalb. La présentation des résultats des enquêtes menées dans certaines régions du pays  a été faite par Dr Comlan Julien Hadonou de l’université de Parakou. Intitulées Compte rendu : enquêtes empiriques sur les révoltes sous la colonisation française dans le Plateau au début du xxè siècle, les recherches ont été menées dans un cadre structuré. L’objectif poursuivi est de faire en sorte que ces révoltes soient étudiées de façon monographique dans leur spécificité. Et donc, en  parlant des révoltes dans le Plateau, le Mono etc qu’il s’observe les ressemblances et les dissemblances ainsi que les détails qui en font la différence.

«Toutes les révoltes n’ont pas eu les mêmes mobiles, ni les mêmes amateurs», confie Dr Comlan Julien Hadonou. L’initiative a permis de tâter du terrain, d’évaluer ce qui reste encore de ces événements dans la mémoire collective et les implications sociales actuelles. Après la présentation de la démarche méthodologique ainsi que les matériels et méthodes, il a été présenté la zone de la recherche et la période des enquêtes. À titre illustratif, les communes de Pobè, Saketé, et Adja-Ouèrè en avril 2022. À retenir essentiellement l’histoire du royaume de Sakété et Hollidjé comme les foyers d’importantes révoltes.

Du Royaume de Sakété, il y a plusieurs récits.« ll n’y a cependant aucun document capable de corroborer ces récits ou de donner une chronologie fiable de l’évolution du royaume etc », souligne t-il . Il a été reconnu par les enquêtés que le fondateur du royaume s’appelait Otchoukpa  venu d’Oyo au Nigeria. En ce qui concerne le royaume de Hollidjé, ils seraient venus de Ile-Ifè vers le 16 è siècle et installés sur l’aire culturelle Idjè. Les résultats variaient d’une source à une autre. Pour d’autres, ce sont des fuyards, des troupeaux d’esclaves rassemblés par les puissants voisins, les rois d’Abomey, d’Abéokuta, Porto-Novo. Le Hollidjé est un ensemble de 16 villages regroupés au milieu d’une forêt de dix kilomètres de large mentionne Dr  Comlan Julien Hadonou dans sa recherche. « Il nous faut reconnaître que les informations issues du terrain évoquent des évènements qui doivent encore être documentés pour rendre dans leur luxuriance les faits qui ont durablement marqué l’esprit des populations de cette région » , indique-il. Le calendrier des évènements et insurrections,  chronologie des évènements de Saketé, les résistances dans le Hollidjé ont également abordés dans la présentation.

Des critiques et apports ainsi que des suggestions ont été formulés par les historiens et participants présents. À titre d’exemple, le rapport des récits oraux afin de faire la triangulation dans la recherche, des thème de  stigmatisation a éviter dans la narration des faits.

Etudes onomastiques

De l’exposé des enquêtes menées, il faut noter parmi tant d’autres « le nouveau regard sur la révolte de Sakété en 1905 » de Michel Videgla et de Félix Iroko, de même que « la rébellion de Kaba (1916-1917) dans l’imaginaire politique au Bénin ». 3Il ne s’agit pas de nier l’importance de ces écrits, a fait savoir le conférencier. Dr  Comlan Julien Hadonou évoque qu’« on peut se rendre compte que ces études ont souvent abordé ces révoltes dans un corpus plus large et parfois sous forme de généralité». Toutefois il est  constaté qu’il existe des appréciations erronées ou imparfaitement mûries qui limitent la potée historique. À l’instar de la mort de Bio Guerra. À ce niveau, deux faces de thèses différentes ont été soutenues par les professeurs Djibril Mama Débourou en 2013 et Léon Bani Bio Bigou en août 2022.

On ne peut parler d’histoire et mettre à l’oubliette l’origine et la signification des noms. La présentation du projet onomastique et reconstitution de l’histoire nationale (Des noms et des lieux pour une interprétation des faits historiques) a été faite par le professeur Médard Dominique Bada.  Dans son développement, il explique que les études onomastiques « doivent nous permettre d’appréhender les véritables contours de notre patrimoine culturel. Elles nous permettent de situer les populations d’une localité dans un cadre géographique etc».

Mireine A.YAHOUNGO