L’Iran a annoncé ce jeudi 12 juin la prochaine construction d’un nouveau site d’enrichissement et une augmentation « significative » de sa production d’uranium enrichi, exacerbant les tensions sur son programme nucléaire avant des pourparlers avec les États-Unis prévus dimanche
Les Affaires étrangères iraniennes et l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) ont annoncé ce jeudi que « les ordres nécessaires » avaient été donnés « pour lancer un nouveau centre d’enrichissement dans un endroit sécurisé ». « Nous remplaçons toutes (les) machines de première génération par des machines avancées de sixième génération » à l’usine d’enrichissement de Fordo, au sud de Téhéran, a déclaré Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’OIEA, ajoutant que la production « de matière enrichie augmentera de manière significative ».
Le chef de l’OIEA, Mohammad Eslami, a pour sa part souligné que son pays avait respecté ses engagements envers l’AIEA, mais qu’il s’était affranchi de certaines obligations liées à l’accord nucléaire conclu avec les grandes puissances en 2015, après le retrait unilatéral américain en 2018. Selon lui, l’enrichissement sur le nouveau site débutera « dès l’installation des machines ». L’accord de 2015 fixait la limite de l’enrichissement à 3,67%.
Israël a aussitôt appelé la communauté internationale à « une réponse décisive » contre l’Iran, dont les actes constituent selon lui « une menace imminente pour la sécurité et la stabilité » internationales. Des médias américains, dont le New York Times et NBC News, ont rapporté qu’Israël, proche allié des États-Unis, semblait préparer une attaque imminente contre l’Iran. L’État hébreu a maintes fois menacé d’attaquer les sites nucléaires iraniens. « C’est quelque chose qui pourrait très bien se produire », a déclaré le président américain Donald Trump à la presse, estimant toutefois qu’il s’agirait d’une erreur alors qu’un « bon accord » sur le programme nucléaire de Téhéran est « proche ».
« Il se trouve aujourd’hui que Donald Trump est obligé de reconnaître que l’obstruction iranienne risque de le conduire à une opération militaire qu’il ne souhaite pas mener », observe sur RFI le chercheur David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen-Orient et de la péninsule arabique.
Résolution de l’AIEA
L’Iran a averti qu’il répondrait à toute frappe israélienne en ciblant les « installations nucléaires secrètes » d’Israël. Mercredi, il a aussi menacé de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit consécutif à un éventuel échec des négociations. Dans la foulée, un responsable américain a déclaré que les effectifs de l’ambassade des États-Unis à Bagdad avaient été réduits pour raisons de sécurité et Washington a décidé de restreindre les déplacements en Israël des employés du gouvernement américain et de leurs familles.
Peu avant ces annonces, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait adopté une résolution appelant l’Iran à « remédier d’urgence au non-respect » de ses obligations en matière nucléaire. En l’état, l’AIEA « n’est pas en mesure de garantir que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique ». Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a affirmé que cette résolution « ajoutait à la complexité des discussions » avec Washington, dont un sixième cycle est prévu dimanche via une médiation du sultanat d’Oman. « Nous serons à Mascate pour défendre les droits du peuple iranien », a-t-il déclaré.
L’enrichissement d’uranium est la principale pierre d’achoppement dans ces discussions visant à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des lourdes sanctions imposées à l’Iran. Les États-Unis exigent que l’Iran renonce totalement à l’enrichissement, ce que Téhéran refuse. « On est arrivé au moment de vérité, estime le chercheur David Rigoulet-Roze. On est rentré dans le dur de la négociation, à savoir ce moment où l’on aborde les éléments qui font obstacle à la finalisation d’un accord potentiel. »
RFI