Proposition de loi pour une pension aux anciens députes : « Si j’étais député aujourd’hui, je voterais contre », déclare Léon Ahossi

Politique

Au Bénin, la proposition de loi portant octroi de pension et autres avantages aux anciens députés et présidents des institutions constitutionnellement reconnues alimente les débats. Dimanche dernier sur Radio Mono Fm, l’ancien député Léon Basile Ahossi s’est prononcé sur le sujet. Il est contre cette loi qui est à l’ordre du jour de la première session ordinaire de l’année au Parlement. Par ailleurs, sur la question de la limitation des mandats des députés, le Colonel des Douanes à la retraite fait savoir que cette disposition va engendrer « un Parlement médiocre ». Extrait de l’émission.

Léon Ahossi : Ce serait une imposture. J’ai ma retraite de fonctionnaire de l’État, et je ne vois pas pourquoi on va me créer une autre pension additive. Vous croyez que l’instituteur qui a fait 30 ans à la craie, chiffon avec la poussière de calcaire qui rentre dans ses narines, qui va certainement traîner des problèmes de poumons à la retraite, il n’a pas de dignité ? Lui, il aura quel additif sur sa pension? Non, le pays ne doit pas être pris en otage par la classe politique parce que le pays, ce n’est pas que l’Assemblée nationale, ce n’est pas que la présidence, etc. Dans la vie, ne cherchez pas seulement ce qui vous arrange ; cherchez ce qui arrange le plus grand nombre. Si j’étais député aujourd’hui, peut être je serais seul, mais je voterais contre. Et je vais faire mon explication de vote. Ce n’est pas juste. Quand nous sommes à l’Assemblée, on fait des cotisations d’assurance. Quand vous finissez, on vous les retourne. On prend déjà de l’argent, ça c’est prévu. Je n’ai pas en mémoire qu’on m’a prélevé des frais pour ma pension. Évidemment, comme je n’étais pas dans les couloirs de la questure ou du service financier, si on prélève et que proportionnellement le type s’en va et on le paie, je n’aurais rien contre. Mais décréter ça tout de go, ce n’est pas bon ; ça recule le pays et vous me parlerez du social. J’ai parlé de l’instituteur, je parlerai de la sage-femme. Regardez le métier des gens de la santé, c’est le métier du plus gros risque. Vous avez vu Covid, vous avez les maladies endémiques, ils sont exposés à ça. On ne nous a jamais dit qu’il faut leur payer une retraite complémentaire.

Il y a cette disposition qui dit qu’on ne doit pas aller au-delà de trois mandats. Ça risque de vous frapper .

Si celui qui décide souverainement des choses dit que ça frappe Ahossi, je prends acte. Je me rappelle que cette loi a été votée pendant que j’avais fini mes trois mandats. Je n’étais plus là. Et il y a un principe universel qui dit : la loi ne dispose que pour l’avenir sauf s’il elle en décide expressément autrement. Le plus gros exemple que je m’amuse à citer à mes militants et sympathisants, c’est le cas du Général Mathieu Kerekou. Il a fait un seul mandat de 18 ans, la conférence est venue ; on dit désormais ce n’est que deux mandats. Mais il n’y a eu aucun problème, il est revenu faire ses deux mandats pour confirmer la règle selon laquelle la loi ne dispose que pour l’avenir.  Donc je pense que cette affaire de trois mandats, si ça devrait me concerner, on aurait dû dissoudre le Parlement au même moment. Ceux qui au Parlement étaient dans leur cinquième mandat, on les sort et on reprend les élections pour des gens neufs. Mais on laisse ceux qui sont dans leur cinquième mandat.

Mais n’est-ce pas une bonne option de donner la chance à d’autres d’aller à l’Assemblée nationale ?

Pris tel que c’est fait, ça va déboucher sur un Parlement médiocre. Il y a des gens qui vont se retrouver là-bas sans savoir ce qu’ils vont faire, sans savoir comment ça se passe. Il y a des gens qui, à force d’y être allés savent ce qu’il faut dire là où il y a les mots cachés.  Je pense qu’on peut le réguler au niveau des partis. Je vais vous donner un exemple : j’ai été un membre actif de l’Union fait la nation. Nous avions amorcé le regroupement. On avait commencé. Ç’aurait été mieux que ce qu’il y a aujourd’hui parce que c’était des débats entre les gens. Ce n’est pas quelqu’un qui vient avec un pistolet et qui dit regroupez-vous sinon je vous bousille.