Dispositions du nouveau Code électoral : Pour prétendre diriger le Bénin, il faut être représentatif

Politique

(Avec la nouvelle réforme, il n’est plus question de sortir de nulle part pour être président de la République du Bénin)

Mardi 5 mars 2024, les députés de la 9e législature ont adopté la loi n°2024-13 modifiant et complétant la loi n°2019-43 portant Code électoral.  Avec ce nouveau code électoral, pour prétendre briguer la magistrature suprême, il faut avoir des appuis politiques sur tout le territoire national, mieux il faut être représentatif. Il  n’est donc plus question de sortir de nulle part pour prétendre diriger le Bénin voire être président de la République.

Au Bénin, les conditions  pour être candidat à la présidentielle ont été renforcées. Selon une disposition du nouveau code électoral, les candidats au poste de président de la république doivent avoir un leadership et des appuis politiques dans tout le pays. Une personne qui occupe la fonction de pouvoir d’État doit donc être représentative. Elle provient d’un parti politique présent sur l’ensemble du territoire national.

Avec la nouvelle réforme, l’article 132 du Code électoral prévoit que «nul ne peut être candidat aux fonctions de président de la République ou de vice-président de la République s’il n’est dûment parrainé par un nombre de députés et/ou de maires correspondant à au moins 15 % de l’ensemble des députés et des maires et provenant d’au moins 3/5 des circonscriptions électorales législatives soit, par excès, 15 circonscriptions sur les 24».

Contrairement aux élections passées, le quota de parrainage passe de 10 à 15 %, pour les candidats à l’élection présidentielle. Pour parrainer un candidat, il faut désormais 28 députés et maires .

Le prochain président à la tête du Bénin doit être représentatif. Il doit être  porté par un parti politique d’envergure nationale. Il n’est donc plus question d’appartenir à un parti politique présent uniquement dans une ville ou une région du pays pour prétendre diriger le pays.

La réforme du système partisan ici avec le nouveau code,  « seules seront éligibles à l’attribution des sièges, les listes ayant recueilli au moins 20% des suffrages valablement exprimés dans chacune des circonscriptions électorales législatives »

L’élection présidentielle , c’est dans deux ans. Mieux en 2026. Les partis politiques ont le temps de poursuivre leur enracinement pour devenir des partis plus forts et présents dans toutes les régions du pays comme c’est le cas dans de grands pays en Afrique, en Europe et en Amérique. Les  partis politiques sont alors appelés à travailler davantage pour avoir une envergure nationale.

Dans la sous-région ouest africaine, le Ghana et le Nigéria disposent de grands partis politiques qui animent depuis des décennies la vie politique.

Cette réforme est alors inspirée de quelques grandes démocraties anglophones en Afrique. Au Ghana on peut citer le New Patriotic Party (NPP) et le National Democratic Congress (NDC). Ces deux partis constituent des acteurs clés de la vie politique de ce pays. Avec ces deux partis, l’alternance  au pouvoir est assuré depuis le multipartisme en 1992.

Au Nigeria,  la présence à l’échelle nationale  des partis politiques  People’s Democratic Party (PDP) et le All Progressives Congress (APC) permettent de transcender les clivages régionaux. Difficile donc d’attribuer une région spécifique à un parti politique.

Au Bénin, pour maintenir la cohésion nationale et garantir une gouvernance stable il faut donc des partis politiques solides et représentatifs dans tout le pays. Après l’instauration du multipartisme en 1990, le Bénin vit depuis 2019  le système partisan et devra se mettre au pas de grands pays de démocratie.

Le  système partisan est renforcé avec les nouvelles dispositions du Code électoral , toute chose qui va favoriser la promotion d’un développement équilibré du pays et renforcer l’unité nationale.

Il faut rappeler que la loi 2024-13 modifiant et complétant la loi 2019-43 du 15 novembre 2019 portant Code électoral en République du Bénin a été voté mardi 5 mars 2024 à l’Assemblée nationale par 79 voix pour, 28 contre et une abstention.

Armelle C. CHABI