Tchad : Mahamat Idriss Déby Itno désigné président d’une transition prolongée de deux ans

Afrique

Au Tchad, clap de fin pour le dialogue national inclusif et souverain ouvert depuis le 20 août à travers une cérémonie de clôture ce samedi matin 8 octobre à N’Djamena. Le point sur une journée riche en couleurs et en annonces.

Le palais du 15-Janvier s’est drapé du tricolore bleu or rouge pour l’occasion. Une chorale dont les membres étaient vêtus des mêmes couleurs a ouvert la séance en chantant l’hymne nationale. Deux représentants des religieux sur les trois conviés ont prononcé chacun une prière. L’Église catholique, qui s’est retirée du dialogue, n’a pas répondu à l’invitation du protocole, rapporte notre correspondant à N’Djamena, Madjiasra Nako.

Puis, vient la lecture des annonces et des remerciements aux différents partenaires qui ont accompagné le processus ayant conduit au dialogue. Parmi les résolutions, l’ancien chef de l’opposition, Saleh Kebzabo annonce que le Conseil militaire de transition, le groupe de quinze généraux qui dirige le pays depuis 18 mois, est dissout, désignant par la même occasion Mahamat Idriss Déby Itno comme président de la Transition. Tonnerre d’applaudissements dans la salle.

Parmi les principales annonces, la modification de la Charte de la transition pour notamment augmenter le nombre des membres du Conseil national de transition, le Parlement provisoire.

Dans son allocution de circonstance, Mahamat Idriss Déby Itno a appelé les mouvements politico-militaires non signataires de l’accord de de Doha à faire le choix de la paix et de la concorde nationale. Et pour preuve de sa bonne foi, il a promis de libérer tous les prisonniers de guerre. Il a également tendu la main aux partis politique et à la société civile qui ont boycotté ou claqué la porte de ces assisses dites de « la refondation » du Tchad.

« Je voudrais leur rappeler que nous sommes dans un dialogue continu, permanent, pour bâtir une nation qui nous ressemble et qui nous rassemble à tout moment. Vous pouvez venir prendre votre place. Vous pouvez rejoindre le processus de construction de notre avenir commun. Je ne cesserai jamais de le répéter, le Tchad est notre patrimoine commun. »

Autre passage de son discours fortement applaudi, lorsqu’il a donné une nouvelle fois sa parole de soldat – comme il l’avait déjà fait il y a près de 18 mois en promettant devant le corps diplomatique à N’Djamena, de ne pas se présenter aux premières élections post-transition – de mettre cette fois en œuvre les résolutions du dialogue national.

« Je prends un engagement solennel devant Dieu et devant le peuple tchadien en tant que garant de ce dialogue mais aussi en tant que soldat et loyal, serviteur de la patrie, de traduire fidèlement dans le fait les résolutions de ces assises. »

Reste le plus dur selon plusieurs Tchadiens, « mettre en application toutes ces belles promesses ». Ils rappellent qu’on en est pas à « la première grande messe du genre », depuis la première il y a une trentaine d’années.

Réactions politiques

« Pour nous, le gain politique est d’avoir obtenu que la question sur la forme de l’Etat soit soumise à un référendum », explique Dr Nasra Djimasngar, un chef de parti qui a participé au dialogue. Il nuance néanmoins, déplorant que la réforme de l’armée, un des sujets majeurs qui devrait être au centre des débats n’a pas été suffisamment abordée.

Un autre président de parti ayant pris part aux travaux regrette lui l’absence de débats de fonds sur la question du vivre ensemble. « Le Tchad est en crise depuis 1963 et il y a eu beaucoup de crimes non élucidés. L’occasion était indiquée pour mettre en place une justice transitionnelle pour jeter de nouvelles bases mais nous l’avons ratée », se désole-t-il.

Pour Max Kemkoye, dont le parti n’a pas assisté aux travaux du dialogue, les conclusions reflètent ce qu’il craignait. « C’est une entreprise de légitimation d’un pouvoir qui n’était pas confortable », estime-t-il.