Visite de trois jours en Chine : Macron affirme que soutenir «l’agresseur» russe en Ukraine serait se rendre «complice»

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La Chine peut-elle jouer un rôle dans la résolution du conflit en Ukraine ? C’est ce que pense Emmanuel Macron, arrivé ce mercredi 5 avril pour une visite de trois jours en Chine, et qui doit rencontrer ce jeudi le président chinois Xi Jinping. La Chine n’a pas d’intérêt à fournir des armes à la Russie, a prévenu le président français.

On ne va pas négocier la paix pendant ce voyage, car les conditions ne sont pas réunies. Il s’agit plutôt de réengager la Chine qui peut « jouer un rôle majeur dans la résolution du conflit », par sa proximité avec la Russie, a expliqué le président français.

Paris a évolué sur la question, ces dernières semaines : pas question de laisser Moscou confisquer le dialogue. « Je pense que ce dialogue avec la Chine est indispensable, parce que nous, Européens de l’Union européenne, nous aurions tort de laisser l’exclusivité du dialogue à la Chine, à d’autres Européens continentaux que sont les Russes », considère Emmanuel Macron.

Face aux critiques sur une naïveté supposée vis-à-vis de la Chine, le chef de l’État français dit s’être coordonné avec les partenaires européens. Il a aussi appelé le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Joe Biden.

« L’intérêt de la Chine n’est pas d’avoir une guerre qui dure », affirme M. Macron, en répondant aux questions des journalistes sur la crainte de fournitures d’armes chinoises à la Russie.

Avant de prévenir : « Quiconque aiderait l’agresseur se mettrait dans la situation d’être complice d’une infraction au droit international », même si Paris ne brandira pas de menace de sanctions lors de son entretien avec Xi Jinping ce jeudi au palais du Peuple, car « ce n’est jamais une bonne manière d’engager que de menacer ».

Ursula von der Leyen en Chine avec Emmanuel Macron

Le président français sera rejoint ce jeudi en Chine par la présidente de la Commission européenne. Elle a comme objectif d’aborder d’abord les déséquilibres de la balance commerciale, lourdement affectée par le rebond en flèche des exportations chinoises post-pandémie, ou encore les défis climatiques.

Surtout, à l’instar d’Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen veut parler d’Ukraine et de la complaisance chinoise envers le Kremlin. Cette visite française devient donc une visite européenne et c’était bien l’intention lorsque ce voyage a été planifié lors du dernier sommet européen.

Mme von der Leyen verra le président chinois seule, mais avant cela, Xi Jinping la recevra avec M. Macron, ensemble. En novembre, le chef de l’État français avait suggéré au chancelier allemand d’aller en Chine avec lui, pour envoyer un signal d’unité européenne. Olaf Scholz avait préféré y aller seul, et c’est d’ailleurs seuls que les autorités chinoises préfèrent recevoir les dirigeants européens.

Depuis, ce cavalier solitaire a été suffisamment reproché à M. Scholz, d’où l’idée de ce voyage à deux. Il y a évidemment un message commun, consistant à demander à la Chine de prendre ses distances avec la Russie.

En revanche, la manière diffère : autant Emmanuel Macron utilise un langage feutré dénué de toute confrontation, autant Ursula von der Leyen a usé, la semaine dernière dans un long discours sur la Chine, de propos d’une brutalité sans précédent, allant presque jusqu’à accuser Xi Jinping d’aveuglement vis-à-vis de Moscou.

RFI